Donner du sens à sa vie : la valoriser

 

Le sens de la vie dépend de notre capacité d’aimer : soi-même, les autres et l’univers dans lequel nous vivons. Lorsque nous n’aimons pas notre existence, nous tendons à rester en retrait. Plus ou moins consciemment, nous faisons tout pour éviter, nier, fuir notre réalité. Il devient alors difficile d’en apprécier le sens. Nous sommes en colère contre la vie et, par le fait même, manquons de compassion envers nous-mêmes. Cela a pour effet de nous rendre insensible à ce qui nous entoure : la beauté des choses, la bonté des êtres, nos potentialités, les invitations diverses qui se présentent à nous. Et cela ne fait que renforcer le sentiment que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue.

 

Définir notre vie de façon cohérente est une condition nécessaire mais ne suffit pas pour qu’elle ait un sens. Nous devons aussi pouvoir en apprécier la valeur. C’est pourquoi toute compréhension qui ne contribue pas à valoriser l’existence reste fragmentaire, incomplète, erronée. Il nous faut alors comprendre que, pour une raison ou une autre, notre cœur s’est fermé, que nous avons établi une barrière entre nous-mêmes et les êtres ou les choses qui nous entourent. Cette barrière sert à nous protéger, mais elle a aussi pour effet de nous éloigner de la vie. Avec le temps, nous en venons à conclure plus ou moins consciemment que notre existence n’a pas de valeur, qu’elle ne vaut pas la peine d’être vécue. En réalité, ce que nous vivons, c’est une grande tristesse, une peine d’amour avec la vie. Pour reprendre contact avec la source de sens qu’est l’amour, il nous faut retisser des liens justes, avec soi et avec les autres et découvrir ce à quoi nous tenons vraiment. Plusieurs ne savent pas ce qui leur donne du plaisir ou sont incapables de désirer quoi que ce soit; d’autres désirent beaucoup mais ne savent pas à quoi ils tiennent vraiment; certains ont des standards trop élevés et n’arrivent que rarement à être satisfaits; d’autres sont en quête d’une passion mais ne la trouvent jamais. La frustration, l’ennui, le sentiment de vide, parfois même le désespoir, affectent les personnes qui ne parviennent pas à établir un rapport intime avec le monde et apprécier ce qu’il peut leur offrir.

 

Et vous, qu’est-ce que vous aimez ? Cette question paraît banale, mais nous avons tous plus ou moins de difficulté à y répondre. Et si nous réussissons à formuler des réponses, nous avons bien souvent de la difficulté à vivre en fonction de ce que nous découvrons. Bien des peurs, bien des pressions, qu’elles proviennent de l’environnement social ou de notre monde intérieur s’interposent pour contrecarrer notre besoin naturel de respecter qui nous sommes et d’agir en fonction de nos envies profondes.

La vie moderne est pleine de mirages et les pressions sont grandes pour adopter certaines manières de vivre. Tous les grands domaines de la vie subissent de telles influences : l’amour, la famille et les enfants, les loisirs, l’argent, le travail, le développement intérieur, la spiritualité, l’amitié… Ils sont surchargés de représentations et de normes sociales qui poussent les individus à se conformer à ce qu’on attend d’eux. Or, se bâtir une vie que l’on aime requiert de vivre à l’intérieur et en fonction de sa propre réalité, celle qui est vraie pour soi. Malheureusement, le besoin d’être validé détourne plusieurs personnes de leur sagesse intérieure. Au lieu de suivre le cours de leur expérience, elles se préoccupent d’agir correctement et cherchent la “bonne” façon de ressentir les choses. C’est le regard des autres qui les motive et les oriente plutôt que leur propre intérêt pour la vie.

Parce que nous avons laissé derrière nous une part de notre vraie nature, à un degré ou à un autre, nous avons du mal à apprécier notre existence. Plutôt que d’écouter nos appels intérieurs, nous avons plus ou moins senti qu’il fallait nous soumettre aux exigences provenant de l’extérieur. Dans un premier temps, celles de nos parents et plus tard, celles de leurs représentants symboliques : les autres, les institutions, la société. À certains moments, nous avons perçu leurs attentes comme des ordres, pris leurs critiques pour des vérités et l’amour que nous n’avons pas ressenti, comme une preuve de notre manque de valeur. Dans l’espoir d’être acceptés, plusieurs capitulent parfois très jeunes et, sans même s’en rendre compte, se conforment à ce qu’ils pensent qu’on attend d’eux. Ils cèdent aux pressions extérieures plutôt que vivre selon leurs propres règles. En langage courant, ils sont guidés par les “je devrai”, les “il faudrait”, plutôt que par des “je veux” bien sentis. À la longue, ils deviennent étrangers à eux-mêmes et ce qu’ils font ne représente plus rien de signifiant à leurs yeux. Insatisfaits de leur sort, ils se demandent à quoi au juste rime leur vie. Malheureusement, ils se laissent ainsi mourir en ne vivant pas en fonction de leurs propres besoins. Si on se laisse mourir à chaque instant, qu’elle est donc la valeur réelle de notre vie ? En effet, peut-on vouloir d’une vie dont on ne prend pas soin ? Ce n’est qu’en apprenant à se mettre au centre de sa propre existence, qu’il devient possible de commencer à envisager son futur plus positivement.

 

Les substituts de l’amour de soi.

L’amour de soi a une influence fondamentale sur le sens de la vie. En effet, à quoi sert de vivre, comment espérer trouver un sens à la vie si nous ne pouvons chérir notre propre existence ? Chacun de nous est unique et précieux. Mais plusieurs prennent souvent toute une vie pour le réaliser. De toute évidence, ils n’ont pas appris qu’ils méritent de se mettre au centre de ce qu’ils valorisent et protègent. Beaucoup de personnes ont plutôt appris à subordonner leur individualité à leur besoin de se sécuriser dans le regard d’autrui. Ainsi, au lieu de répondre à leurs propres désirs, ils cherchent à combler ceux des autres – leur conjoint, leurs enfants, leurs parents, les figures d’autorité, la société dans son ensemble -, en leur obéissant, en prenant soin d’eux, en les subissant. Tout est devenu plus important qu’eux-mêmes. Même les choses, les événements, les obligations quotidiennes, les habitudes, les biens matériels ont la priorité. Avec comme conséquence que leur vie ne leur appartient plus et donc qu’elle n’a plus aucune valeur à leurs propres yeux.

Dans notre société axée sur l’avoir plutôt que sur l’être et sur la suractivité plutôt que sur la réflexion, nous déplaçons notre quête de valorisation à l’extérieur de nous-mêmes. Plutôt que de servir nos véritables besoins, nos actions servent à compenser et, en même temps, à refouler, à l’aide de substituts, le sentiment de ne pas être valables. Moins on part d’un vrai désir de prendre soin de soi dans notre rencontre avec le réel, moins cette rencontre est saine et nourrissante. Le soulier n’est pas réellement désiré pour ce qu’il est, un accessoire utile pour le pied ; le repas symbolise autre chose qu’un moyen de sustentation plaisant ; le travail devient l’occasion de justifier son existence ou de régler ses comptes avec la vie. L’expression “ se perdre de vue ” exprime bien cette expérience de ne plus faire corps avec soi-même. On se perd dans la consommation, la compulsion, on s’engouffre dans les excès. L’existence devient une suite quasi-ininterrompue et irrépressible de compensations diverses. À moins de reprendre contact avec notre source intérieure authentique, nous devenons encore plus frénétiquement dépendants des substituts à l’amour de soi. Il nous faut alors acheter plus, manger plus, avoir une sexualité encore plus débridée, performer plus, jouer plus, fumer plus, boire plus, prendre plus de médicaments, pour faire taire notre souffrance intérieure.

 

La peur de s’aimer.

Que ce soit dû à leur héritage religieux, à leur éducation ou simplement à un effet pervers de la socialisation, nombre de personnes ont appris à voir d’un mauvais œil l’idée de prendre soin d’elles-mêmes. Dans l’esprit de plusieurs, s’aimer est synonyme de narcissisme – se perdre dans son propre reflet, avoir une vision exagérée de sa propre importance -, d’égocentrisme ou, pire encore, d’égoïsme. Cette conception afflige particulièrement ceux qui ont une faible estime de soi. Lorsqu’ils font des efforts pour s’émanciper de l’autre, ils sont vite confrontés à un paradoxe : “Si je pense aux autres, je suis malheureux ; si je pense à moi, je suis égoïste.” Soi et l’autre sont, à tort, perçus comme des oppositions irréconciliables. La peur d’être égoïste maintient la personne dans un rapport empreint de vulnérabilité face à l’autre, à l’image de l’enfant qui, parce que sa sécurité dépend de l’amour de ses parents, ne veut ni les choquer, ni les décevoir. Elle est l’expression d’une dépendance qui empêche de s’appuyer sur soi-même pour reconnaître ce que l’on veut vraiment.

Bien sûr, le respect de l’autre commande un souci de s’engager dans une voie saine, éthique, dans laquelle l’autre ne fera pas les frais de l’expression de nos désirs. On ne veut pas ni heurter l’autre ni se perdre dans un égocentrisme aveugle et destructeur. Mais la peur d’être égoïsme est d’un autre ordre, elle cache une peur non pas pour l’autre mais pour soi : celle de s’aventurer seul sur le sentier de notre propre destinée. En voyant notre existence comme étant intriquée au sort des autres, cela permet de maintenir l’illusion que nous ne sommes ni seuls ni entièrement responsables de notre trajectoire.

S’aimer est non seulement un droit, mais un passage obligé pour aimer les autres. “Tu aimeras ton prochain comme toi-même”, dit l’évangile. Cela signifie que tant que nous ne nous percevons pas comme étant notre bien le plus précieux, nous ne sommes pas en mesure de reconnaître l’unicité et la valeur des autres. En d’autres termes, nous ne pouvons aimer les autres mieux que nous nous aimons nous-mêmes. Ce que nous pouvons faire de mieux pour ceux qui nous aiment, c’est d’être heureux. Nous pouvons tous le constater dans notre propre vie : ceux qui n’ont pas appris à prendre soin d’eux-mêmes, à se mettre au centre de leur vie, représentent une charge et souvent un grand souci pour leurs proches.

 

Apprendre à s’aimer.

Rien dans la vie ne peut compenser pour l’amour de soi. On a beau attendre une preuve qui confirmerait notre valeur – une occasion favorable, un heureux hasard, un succès, l’appréciation des autres, la rencontre amoureuse  –, lorsque cette “preuve” apparaît, sans estime de soi, nous ne sommes pas préparés intérieurement à la saisir. Sans cette amour pour notre propre existence, nous fonctionnons, comme un panier percé : toutes les belles choses que l’on peut vivre se perdent, faute de pouvoir les accueillir et les préserver en soi.

Si vous n’êtes pas capable de vous regarder dans le miroir et de vous dire, tout en le sentant réellement : “je suis une bonne personne, un être unique et valable, capable d’une multitude de possibilités”, le sens de votre vie repose alors sur des fondations fragiles. Sans vous en rendre compte, la conception négative de vous-mêmes mine tout ce que vous entreprenez. Elle vous empêche d’être ouvert et de profiter de diverses opportunités, de connaître vos champs d’intérêt, de prendre de bonnes décisions, d’être aussi joyeux que vous le pourriez. Elle fait en sorte que vous vous découragez plus rapidement devant les obstacles, que vous ayez moins d’imagination pour résoudre des problèmes, plus de conflits en amour, moins de confiance en vous, moins d’enthousiasme dans vos relations, plus de difficulté à trouver votre voie professionnelle et moins d’optimisme devant l’avenir. Bref, le manque d’amour pour vous-mêmes, la difficulté à vous accorder une valeur, s’insinue de manière sournoise dans tout ce que vous faites, à tout instant et dans tous les secteurs de votre vie.

La plupart des gens ont une difficulté plus ou moins profonde à bien se considérer et à prendre soin d’eux. Et il ne faut pas chercher bien loin pour comprendre pourquoi. Idéalement, le contexte familial et social dans lequel nous grandissons devrait nous fournir un cadre sécurisant pour que nous puissions développer les habiletés et les attitudes dont nous avons besoin pour apprendre à nous aimer et à aimer la vie. Malheureusement, la réalité est assez différente. En fait, peu d’entre nous avons reçu l’amour et la considération dont nous aurions eu besoin. Il est facile d’imaginer un continuum sur lequel, à une extrémité, il y a ceux qui ont été abandonnés par leurs parents – ou encore abusés ou tout simplement négligés – et à l’autre extrémité, ceux qui ont obtenu une bonne dose de soutien, d’amour et de considération. Au centre du continuum se retrouvent ceux qui ont reçu de l’affection, mais dont le parcours a été parsemé de ruptures (tel que la mort d’un parent), de conflits, de blessures affectives plus ou moins graves, lesquels ont mis en doute leur valeur et fragilisé leur sécurité intérieure. Ils représentent la majorité.

Peu importe dans quelle catégorie l’on se situe, l’attention et l’amour que l’on n’a pas reçus, on doit apprendre à se les donner à soi-même. C’est la voie qui s’offre à nous et, que nous l’empruntions ou non, nos besoins affectifs non comblés marqueront inévitablement notre destinée. Si nous les renions et refusons la route de l’apprentissage, nous resterons toujours dans l’attente lancinante et illusoire que quelqu’un d’autre ou quelque chose puisse combler nos manques. Nous mènerons une vie de compensation et n’aurons accès qu’aux substituts illusoires de l’amour de soi. Si on a appris très tôt à se percevoir comme n’étant pas d’un très grand intérêt, on grandit avec la conviction qu’il doit bien y avoir en soi des failles importantes, quelque chose d’inacceptable ou de honteux, qu’il faut cacher pour survivre et être accepté des autres.

Mais la vie est changement et notre nature n’est jamais fixée une fois pour toutes. Il nous est donc possible de réinventer la perception que nous avons de nous-mêmes, en repensant nos critères, en révisant nos codes, en réinterprétant notre histoire pour en dégager une vision de soi plus juste et positive. Nous pouvons désapprendre à nous regarder à travers le miroir déformant des autres et ainsi récupérer notre propre capacité d’autoévaluation. Nous pouvons faire taire nos récriminations, contre nous-mêmes et contre les autres et les remplacer par les harmonies joyeuses de notre cœur : l’accueil, le partage, l’acceptation, la compassion, la sollicitude, l’appréciation, l’ouverture, la beauté… Si nous empruntons la voie de la découverte de soi et la parcourons jusqu’au bout, nous atteindrons notre essence, là où se trouve notre valeur intrinsèque, à l’abri de ce que nous avons pu subir. Mais surtout, le manque d’amour ne doit pas servir de justification au refus d’une prise en charge de soi. Nous devons nous comporter de manière à mériter à nos propres yeux le respect. C’est la route à emprunter pour apprendre à s’aimer.

 

La connaissance et l’acceptation de soi.

L’amour de soi commence par l’acceptation de soi, toutes les parties de soi. Dans la mesure où nous nous cachons des vérités sur nous-mêmes, il y a encombrement du passage qui nous relie à notre réalité intérieure. Nous n’y avons plus accès. Le lien avec soi est rompu et le sens, perdu. Or, l’amour – ou la capacité de donner une valeur à notre vie – ne peut exister que s’il y a présence d’un lien, d’une connexion avec soi-même.

L’accueil et l’acceptation de soi ont un impact majeur sur l’évolution et le bonheur. Accepter ce que nous sommes et ce que nous ne sommes pas, accepter notre histoire. De même, renoncer à des idéaux inatteignables, au potentiel non réalisé, aux expériences non vécues. Et, par-delà l’acceptation, apprécier notre vie telle qu’elle a pris forme, ce que le cours du destin a fait de nous, nos réussites et notre manière propre d’avoir survécu aux choses difficiles. Apprécier aussi nos véritables inclinations, nos talents, nos appels, ces vents forts qui nous indiquent quelle direction prendre pour suivre notre destinée unique.

Reconnaître, accepter, apprécier, c’est prendre le chemin de la vie, c’est dire oui à ce qu’elle nous offre. Connaissance de soi et valorisation vont de pair : plus nous nous percevons avec exactitude (première condition du sens), plus nous pouvons apprécier tout le potentiel de notre existence (deuxième condition du sens). Parce qu’une vie que l’on n’arrive pas à décoder reste étrangère. On habite alors une maison que l’on ne connaît pas et dans laquelle il est impossible de se sentir chez soi.

Pour plusieurs, il est néanmoins difficile de se voir tels qu’ils sont. On peut les comprendre : cela demande du courage pour se faire face à soi-même. Si nous avons peur de notre vérité, c’est parce qu’elle menace notre amour-propre. Nous voulons avant tout sauver la face, protéger notre image. Nous ne voulons pas nous rendre compte que nous nous sommes trompés. Ou que nous ne sommes pas tout à fait celui ou celle que nous prétendons être : honnête, fort, fidèle, travaillant, courageux, intelligent, compétent, aimant… Nous avons peur de ne pas être assez valables pour mériter l’amour des autres. De plus, beaucoup de gens pensent à tort qu’admettent une faiblesse signifie qu’elle les définira à jamais. C’est pourtant tout le contraire. Notre combat intérieur ne peut cesser qu’en accueillant le plus honnêtement possible toute notre réalité : nos faiblesse, nos blessures, notre impuissance, nos erreurs, nos échecs, notre tristesse, nos peurs; mais aussi nos forces, nos compétences, nos besoins, nos intérêts, nos ambitions et nos talents naturels. Seule cette acceptation donne accès à une paix intérieure. Car une vérité consentie est libératrice d’une nouvelle énergie, qui permet de réorganiser plus positivement l’image que nous avons de nous-même. Nous passons alors d’un mode de protection à un mode d’ouverture. Et la vérité qui jusque-là faisait peur se transforme en quelque chose de vivant. Elle permet de trouver du sens où nous n’en n’avions jamais vu, de transformer ce que nous considérions comme des limites en force et de découvrir des facettes de nous-mêmes que nous n’avions jamais soupçonnées auparavant.

 

Donner un sens aux difficultés et à la souffrance.

Apprendre à se connaître et à s’aimer est capital pour donner à notre vie tout le sens qu’elle mérite. Plusieurs n’osent pas se lancer dans ce travail parce qu’ils pressentent intuitivement tout l’effort que cela va leur demander et ne s’en sentent pas le courage.

Il faut préciser que même en souffrant de problèmes psychologiques graves, on peut améliorer la qualité de notre vie de manière très significative. La chose la plus importante n’est pas de tout régler rapidement, ni même, de tout régler, mais d’être engagé dans la bonne voie, celle qui permet de faire face peu à peu à nos difficultés qui, du coup, paraissent moins lourdes et insurmontables. C’est d’ailleurs ce qui fait qu’à elle seule, la décision d’examiner notre vie apporte un soulagement, car nous savons alors que nous nous engageons sur la route de notre vérité, la seule qui mène à l’épanouissement de soi. Une fois bien investis dans leur démarche, plusieurs découvrent en effet que même les plus grandes peines, les plus grandes difficultés, si nous les acceptons courageusement pour ce qu’elles sont, ouvrent sur des voies nouvelles, là où, par-delà la douleur, il est possible de trouver un sens et d’évoluer.

Selon Viktor Frankl, ce psychiatre juif qui a personnellement vécu l’horreur des camps de concentration nazie, le sens de la vie dépend en bonne partie de la capacité à composer avec les difficultés et la souffrance. En effet, si nous ne pouvons donner un sens à la souffrance, nous sommes bien vulnérables, car l’existence en est remplie. Certes, le bonheur est une source indispensable de motivation et d’espoir, mais les difficultés de la vie, les souffrances, les tensions diverses qui jalonnent le cours de notre existence représentent à n’en pas douter une source essentielle de transformation. De fait, l’être humain attend le plus souvent d’être mis au pied du mur pour accepter de changer.

Cela étant dit, il est difficile de composer avec la souffrance. En effet, ce que nous avons à accepter paraît parfois au-dessus de nos forces : un échec professionnel, la perte d’un amour, la mort d’un enfant, la maladie, les occasions perdues, une vie non pleinement vécue… Pour nous protéger, nous nions, rejetons, résistons. Plusieurs peuvent même passer de nombreuses années, dans certains cas une vie entière à combattre des réalités sur lesquelles ils n’ont plus aucun pouvoir. Accepter leur apparaît comme une capitulation, une soumission, une reddition devant un destin injuste et implacable. Ils se cantonnent dans une posture de refus plutôt que d’accepter la vie telle qu’elle se manifeste à eux. Ils se replient sur leur douleur plutôt que d’en extraire toute la signification possible. Ce faisant, ils luttent contre le cours naturel de leur existence plutôt que de faire alliance avec lui.

Pourtant, si nous lâchons prise et cessons de résister à ce qui nous arrive, la nécessité d’une telle acceptation apparaîtra alors comme une évidence : le changement est inévitable, les pertes sont inévitables, tout cela fait partie de notre destinée en tant qu’humains. Insister pour préserver la joie est aussi insensé que de perpétuer une souffrance superflue. Si nous étions toujours satisfaits, il n’y aurait pas de raison de poursuivre des buts. La vie est à la fois mouvement et pause, lumière et noirceur, joie et souffrance, amour et haine, présence et absence. Ce sont des tandems inséparables qui, par les contrastes et la tension qu’ils provoquent dans notre psyché, stimulent notre implication et notre intérêt pour la vie.

Comme un sculpteur, nous façonnons notre existence à partir des défis que la vie nous lance. Sans défis à relever, petits ou grands, la vie perd son potentiel de signification. Car les tensions, les difficultés, les défis ont une raison d’être bien précise : ils nous poussent à prendre conscience de ce dont nous avons besoin pour continuer d’évoluer. Dit de manière plus opérationnelle, c’est en considérant nos difficultés que l’on se met spontanément à vouloir des choses pouvant rehausser la qualité de notre vie : un meilleur travail pour gagner plus d’argent au lieu d’être toujours sur la corde raide; un retour aux études pour se donner des compétences reconnues dans un domaine d’intérêt; le développement de nouvelles attitudes pour mieux réagir au stress…

Nous devons accepter de voir le conflit intérieur, la tension ou la douleur que les désirs soulèvent, non pas comme quelque chose qu’il nous faut éviter à tout prix, mais comme des alliés dans notre quête de sens et de bonheur. Malheureusement, plusieurs refusent d’accorder une valeur à leurs tensions intérieures. À la place, ils entretiennent l’espoir que leur vie coule comme eau clame et qu’elle soit exempte de remous et de difficultés. Ils ne comprennent pas que pour “bien vivre”, il nous faut régulièrement relever des défis à la hauteur de nos capacités. Ils s’attendent à ce que la vie prenne soin d’eux au lieu de prendre soin de leur vie. Tôt ou tard, plutôt que d’être devant des difficultés qu’ils auraient pu, avec un peu de volonté, réussir à résoudre, ils se retrouvent devant une perte de sens généralisé. Faute d’avoir abordé un à un leurs problèmes, ils ne savent plus par quel bout prendre les choses pour se sortir du marasme dans lequel ils se sont enfoncés.

C’est une illusion de penser que l’on peut continuer d’évoluer tout en se tenant à l’abri, en faisant du surplace, en tentant de maintenir une sorte de statu quo complaisant. Si nous n’allons pas de l’avant, en faisant face à nos difficultés ou en relevant des défis, nous régressons. Sans s’en rendre, tous ceux qui évitent leurs difficultés perdent graduellement contact avec leurs potentialités. À force de reculer, de s’extraire des vrais enjeux de leur existence, leur tension vitale s’amenuise. Ils perdent littéralement leurs sens, c’est-à-dire leur capacité de ressentir. Ce qui les excitait auparavant les stimule de moins en moins. S’ils avaient des ambitions, celles-ci se dissolvent graduellement dans l’apathie. En reculant, en évitant, en s’isolant, leurs peurs ont pris le dessus sur leurs désirs. Ils en viennent  à vivre une existence de plus en plus marginale et désoeuvrée. Dans le but d’éviter la souffrance, ils l’ont amplifiée.

La souffrance fait partie intégrante de l’existence et est utile. Bien sûr, il ne faut pas la rechercher, ni en faire l’apologie. Mais lorsque la souffrance s’insinue dans notre vie, il est important de chercher à comprendre ce qu’elle peut nous enseigner, car elle est le plus souvent bonne conseillère.

 

Les formes de souffrance.

Pour Jean-Louis Drolet, il y a essentiellement deux grandes formes de souffrances : la bonne et la mauvaise. Si nous voulons bien canaliser nos efforts, il est important de faire la distinction entre les deux.

La “bonne souffrance”, c’est celle qui apparaît lorsque, en dépit de nos peurs, nous cherchons à évoluer dans le sens de ce que nous croyons être bien et vrai pour nous. Par exemple, lorsque après avoir vécu des semaines de torture mentale, nous décidons enfin d’avouer à notre conjoint notre aventure extra-conjugale. Malgré notre peur des conséquences inévitables, si nous acceptons de faire face à la tempête, c’est alors de la bonne souffrance, car elle permet de transcender nos peurs et d’aller à la rencontre de ce qui compte le plus pour nous. Ainsi, la vérité peut nous aider à faire face à nos démons, ceux qui nous ont fait fuir dans l’adultère.

De son côté, la “mauvaise souffrance”, c’est celle qui perdure à la suite de notre refus de voir clair et de faire face à nos difficultés. Cette souffrance ne sert à rien, car nous la subissons au lieu d’écouter ce qu’elle cherche à nous dire. De plus, alors que, la bonne souffrance est passagère si nous l’assumons, la mauvaise s’envenime avec le temps et prend des formes qui sont de plus en plus étrangères à la douleur initiale. C’est ce phénomène de transformation qui peut être à l’origine de problèmes de santé mentale. C’est lorsqu’on évite ou qu’on déforme le réel dans le but de ne plus souffrir qu’on se perd de vue. Un problème non confronté, c’est comme une erreur qu’on n’accepte pas de corriger : elle nous entraîne dans une multitude d’autres erreurs et de malaises dont l’origine nous échappe désormais. Par conséquent, au lieu de nous occuper à relever nos défis, nous devenons préoccupés par nos symptômes.

Accepter sa souffrance, la porter plutôt que la rejeter, implique de prendre la bonne attitude devant les difficultés de la vie. Ce que doit être cette attitude, il est difficile de le savoir car, ici aussi, la route n’est pas tracée d’avance, chaque situation appelant une attitude qui permettra de mieux la vivre. Mais on peut dire que le plus souvent, la bonne attitude consiste à transformer notre perception des choses : transformer notre peur en curiosité, notre intolérance en compréhension, notre autoaccusation en compassion envers nous-mêmes, notre apathie en action vivante, notre colère en pardon, notre négativité en optimisme, notre retrait en engagement.

Il arrive aussi que nous ne puissions pas faire grand-chose devant certaines circonstances. Dans ce cas, il est nécessaire de lâcher prise, d’accepter, ce qui revient à une autre façon de percevoir. Goethe, il y a quelques siècles, a superbement décrit ce défi propre à notre existence : “ Il n’existe pas de situation que nous ne puissions ennoblir, soit en agissant, soit en acceptant ”. C’est dans ce choix que réside notre véritable pouvoir personnel. C’est lui qui fait la différence entre l’expérience de subir sa vie et celle de la maîtriser. Ou encore de s’ouvrir à la vie plutôt que de s’en protéger.

 

S’ouvrir à la vie.

C’est en nous ouvrant à la vie (avec le cœur, les yeux et les bras) ; c’est en la rencontrant dans les expériences variées qu’elle permet, que celle-ci laisse sur nous des traces que nous pouvons, si nous les conservons en nous suffisamment longtemps, transformer en apprentissages.

Nous avons besoin des bonnes attitudes pour actualiser nos potentialités, convertir nos épreuves en occasions de croissance. Les épreuves font partie du tissu même de l’existence. Bien souvent, ce sont justement ces épreuves qui nous apprennent à mieux apprécier la vie dans sa beauté, ses richesses et ses possibilités. Par exemple, une expérience de solitude nous sensibilisera à l’importance de nos proches, une perte financière nous éloignera de nos poursuites vides pour nous rapprocher de l’essentiel, une maladie nous fera voir la santé comme un privilège, les besoins frustrés nous permettront de découvrir ce qui compte le plus à nos yeux, la réalisation d’un projet exigeant et parsemé d’obstacles nous donnera accès au meilleur de nous-mêmes.

Dans l’histoire de l’humanité, les personnes qui ont eu une vie riche et intense ne sont pas toujours celles qui ont été le plus épargnées par les difficultés. Bien au contraire, ce qui les caractérise, c’est précisément leur capacité de transcender leur souffrance, de s’en servir comme tremplin pour donner un sens à leur vie. À titre de représentants de cette trempe de personnes, citons Simone Viel, Nelson Mandela, Martin Luther King… Lorsque bien assimilée et canalisée, en effet, la douleur propulse dans l’engagement et nourrit la créativité. Elle nous aligne dans la direction du sens. Parfois, elle nous indique notre véritable mission. Les vocations, les choix de vie les plus solidement ancrés reposent très souvent sur des épreuves vécues, des obstacles rencontrés, des carences affectives. La plupart de nos champs d’intérêts sont l’expression de problèmes que nous cherchons – souvent inconsciemment, mais parfois aussi consciemment – à résoudre.

À l’inverse, il y a des gens qui se plaignent de ne pas avoir de champs d’intérêt. Ils aimeraient ressentir un élan intérieur qui les tirerait de leur vie morose et banale, mais rien ne vient. Malheureusement, c’est qu’au lieu de s’ouvrir au monde ils s’en protègent, au lieu de s’impliquer, ils se retirent et se tiennent à l’écart. Leur perception est voilée. Ils ne sont pas vraiment en contact avec ce qu’il y a autour d’eux, en tout cas pas assez pour ressentir une attraction, un goût, un appel. Or, l’intérêt provient du contact, plus précisément de l’ouverture dans le contact. L’intérêt c’est de l’amour, il implique de faire connaissance en se rapprochant de l’autre, qu’il s’agisse d’une personne, d’une activité ou d’une chose. C’est en se laissant toucher par les choses, c’est en s’abandonnant dans l’interaction avec elles que l’on peut découvrir ses attirances, ses préférences, ses goûts. L’intérêt nous implique, il nous met en contact avec des parties de nous-mêmes que, bien souvent, nous refusons : des souvenirs qui dérangent, des peurs, des désirs refoulés, des plaisirs coupables, des manques, des enjeux non résolus auxquels on ne veut pas faire face, une responsabilité que l’on hésite à prendre. L’intérêt crée en nous une nécessité, une tension. Il nous renvoie à ce qui compte pour nous. Mais ceux qui se plaignent de ne pas avoir de champs d’intérêt ont de la difficulté à tolérer cette tension. Ils la trouvent dérangeante, intrusive, ils la voient comme un problème et veulent s’en défaire le plus vite possible. Le paradoxe, c’est qu’en agissant ainsi ils se coupent de ce qui les anime. Leur sens reste enfoui en eux. Ainsi, au lieu de voir l’abondance du monde, ils voient la rareté, au lieu de voir les occasions à saisir, ils voient des impossibilités, au lieu de ressentir de l’intérêt, ils sont envahis par un sentiment de futilité. Ils n’apprécient pas le monde parce que faute d’ouverture, ils ne le voient pas tel qu’il est en réalité.

 

Vers une appréciation juste du monde.

 Les personnes négatives ont toutes un point en commun. Elles réussissent à se convaincre que l’origine de leurs problèmes provient de l’extérieur : leur famille, leurs collègues, leurs enfants, leur conjoint, le gouvernement, les institutions, l’état du monde, la température, les places de stationnement… Décidément, il est plus facile d’accuser les autres que nous interroger sur notre rôle dans ce qui nous arrive. En soi, l’accusation ne mène nulle part : au contraire, lorsqu’elle perdure, elle ne fait que renforcer le sentiment d’impuissance et la croyance d’être victime. En mettant l’accent sur l’autre, nous perdons contact avec notre propre centre de gravité, là où réside notre pouvoir d’agir et d’influencer le cours des choses.

En revanche, au lieu de porter des lunettes sombres, d’autres insistent pour voir la vie en rose. Au lieu de mettre l’accent sur ce qui ne va pas, comme le font les négatifs, ils se protègent des problèmes réels en les niant. Ce sont de faux positifs ou positifs défensifs. Dans le but inconscient d’éviter de poser un regard sur eux-mêmes, ils se donnent l’impression d’aller toujours de l’avant et entretiennent du mépris pour le doute, la vulnérabilité et l’introspection. Ils se motivent en pensant qu’ils sont en contrôle, que la vie est bonne pour eux et qu’il s’agit de s’activer pour réussir. Ils se lancent d’ailleurs souvent tête baissée dans ce qu’ils entreprennent, au point parfois de verser dans la compulsion et considèrent que les projets des autres sont banals à côté des leurs. Ils planent au-dessus des choses et des êtres et ne voient pas toujours les effets négatifs de leur arrogance et de leur manque de sensibilité. Sur le plan interpersonnel, il est d’ailleurs difficile d’avoir une vraie conversation avec eux. Leur besoin de se protéger de ce qu’ils ressentent vraiment les empêche d’être ouverts et transparents. Ils ne sont pas là non plus quand leurs proches vivent des problèmes, car ceux-ci les mettraient en contact avec leur propre vulnérabilité, dont ils se protègent quoi qu’il en coûte. Ou alors, ils simplifient à outrance les problèmes qu’on leur confie et proposent rapidement des solutions pour les faire disparaître au plus vite. De fait, comme ils sont coupés de leur propre vie intérieure, ils sont peu empathiques à la souffrance d’autrui. Secrètement, ils se servent même des difficultés et des faiblesses des autres pour confirmer et entretenir leur propre sentiment de supériorité.

Il est généralement reconnu qu’il est bon d’avoir un penchant favorable pour soi-même, de se voir sous un éclairage plus positif que négatif même si cela implique d’entretenir une certaine dose d’illusion. Mais tant les négatifs que les positifs défensifs s’illusionnent à l’excès. Le négatif refuse de s’impliquer dans une vie qui ne lui fournirait pas toutes les garanties dont il a besoin pour calmer sa peur d’être en échec. Le positiviste a aussi peur d’être en échec, mais plutôt que de capituler comme le fait le négativiste, une bonne part de son énergie lui sert à préserver l’illusion que tout est pour le mieux. Ce sont deux postures défensives qui empêchent l’autoréflexion, le questionnement honnête sur soi-même et son mode de vie. Elles empêchent aussi et surtout un contact avec ce qui est réel, car la vraie vie, les vraies relations n’évoluent pas en vase clos, dans un monde sans problèmes. Tous les choix que nous faisons ont leurs avantages et leurs inconvénients, leurs côtés positifs et négatifs. L’idéal, l’absolu n’existe que dans nos pensées et dans la mesure où nous le recherchons, nous sommes condamnés à vivre dans l’illusion, avec l’insatisfaction et la perte de sens qui en découlent.

 

La découverte du plaisir.

Plus nous sommes capables de nous accueillir dans toutes nos expériences, tant négatives que positives, plus nous pouvons nous ouvrir et nous intéresser à ce qui nous entoure. L’intérêt authentique et sans conditions que l’on apprend à se porter se transforme en désir d’en savoir toujours plus sur le monde dans lequel nous vivons. Nous devenons disponibles à recevoir le monde, curieux, engagés dans notre relation avec lui. Nous le percevons aussi avec plus d’acuité et ce, tant au sens propre que figuré. En effet, en acceptant d’examiner sa vie, on se met tout à coup à mieux percevoir avec nos sens. On devient plus sensible et donc plus apte à apprécier ce qui nous entoure. On se met à vouloir toucher plus, entendre plus, savourer plus. Au lieu de simplement voir, on commence à regarder avec attention, à contempler. On devient plus spontané et nos sens nous procurent plus de plaisir. On devient aussi plus créatif devant les difficultés. Des problèmes qui traînent depuis longtemps peuvent soudainement être résolus. Des traits personnels, jusque-là perçus comme des limites ou des défauts, sont appréhendés différemment, relativisés, parfois même transmués en force dont on ne voudrait plus se départir.

En nous ouvrant à la vie, en la percevant mieux, nous sommes plus à même d’apprécier la diversité et l’unicité des éléments qui la composent. C’est ce qui explique que nous puissions pour une énième fois, apprécier un coucher de soleil. C’est l’unicité du moment qui lui donne une valeur. Le même principe s’applique aux êtres humains : c’est ce qu’il y a d’unique en chacun de nous qui donne une valeur à nos rencontres. Sans cette unicité, cette différenciation entre les êtres et leur vécu, quel intérêt aurions-nous les uns envers les    autres ? Et cette singularité existe partout dans l’univers. Il y a cette fleur, cet oiseau, cette pierre. C’est dans cette unicité et cette diversité que réside la beauté de la vie et la rend si précieuse.

C’est en désirant ses richesses que nous manifestons notre amour pour la vie. Le désir est central dans notre capacité d’aimer, d’apprécier et de goûter le monde dans sa multitude. Le désir est la flamme qui réchauffe et anime notre relation avec ce qui nous entoure. La vie est abondance et c’est le désir qui, constamment, nous le rappelle. Cela peut sembler tautologique, mais ultimement, ce qui donne un sens à notre vie, c’est notre désir de la vivre, notre valorisation des expériences qu’elle permet. L’euthanasie soulève de plein fouet cette question. Lorsque la vie n’a plus de qualité suffisante à nos yeux, elle n’a plus de sens, plus d’intérêt. Par conséquent, elle n’est plus voulue.

Peu importe le schème d’interprétation que nous utilisons pour rendre intelligible notre existence, ce qui compte par-dessus tout, c’est de pouvoir donner une valeur à l’ensemble de nos expériences, tant positives que négatives. Apprécier les possibilités que nous offrent notre époque et notre environnement, faire la paix avec nos choix passés, accepter nos limites, nous percevoir de façon positive, considérer avec optimisme les actions que nous entreprenons, exploiter notre créativité, nous ouvrir à la rencontre et à l’amour, ressentir sans retenus le plaisir, toutes ces réalités contribuent à donner une valeur à notre vie. Autrement dit, peu importe son degré d’intelligibilité, notre vie ne peut avoir de sens que si nous sommes aussi capables de voir une valeur dans chacune de nos expériences, incluant nos épreuves. De fait, lorsque nous nous ouvrons à la vie et l’aimons, elle nous le rend généralement bien.

 

 

 

 

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