Les peurs.
Pourquoi
parler de la peur ? Parce qu’elle
fait partie intégrante du processus
d’auto-développement. Évoluer implique le passage continuel du connu vers
l’inconnu. Or, quitter la sécurité
du connu pour s’ouvrir aux risques de l’inconnu comporte nécessairement la
rencontre avec ses peurs. En effet, quotidiennement
dans nos vies, nous sommes confrontés à la présence de la peur : peur
des émotions, peur du rejet, de l’abandon, du jugement, de ne pas être aimés,
peur de la solitude, du ridicule, du changement, peur des autres, de la
maladie, de la mort… Très souvent, toutes ces peurs aux formes
variées ne sont qu’une facette de la peur de soi-même, plus précisément des
éléments non acceptés en soi.
La peur pétrifie, paralyse, enlise. Chacun apprend soigneusement à éviter
systématiquement les évènements et les personnes qui éveillent en lui les
symptômes de la peur. Chacun apprend à percevoir la peur comme un stoppeur de
son action. La peur, c’est la
barrière qui nous empêche d’aller là où nous serions heureux d’aller, c’est notre “ geôlier intérieur ”. Mais
utiliser sagement cette peur, c’est découvrir que la clé de notre prison
intérieure est toujours restée dans la serrure. Demeurer à l’abri derrière ses barreaux intérieurs possède un grand
avantage : celui de ne pas avoir à accepter la responsabilité de sa
liberté. N’est-il pas angoissant de sortir de soi après une réclusion de
plus de vingt ans, où ce sont les événements, le bon vouloir des autres, qui
ont joué les rôles dominants dans notre vie de reclus ? Qui, après plus de
vingt ans passés à l’ombre, est prêt à accepter la responsabilité d’être le
directeur de sa vie ? N’est-il pas préférable de continuer à vivre en
prisonnier ? D’ailleurs, n’avons-nous pas été façonnés pour être des
prisonniers existentiels ?
L’être libre accepte les conséquences de
ses actes, mais sommes-nous bien préparés à cette responsabilité ? La prise
d’initiative était souvent récompensée par la punition. Nous avons appris très
souvent à rester tranquille plutôt que de tenter de nouvelles expériences.
Ainsi, nous apprenons tôt à fuir la liberté parce que nos maîtres ont appris
eux aussi à en avoir peur. Nous avons appris à avoir peur des émotions “
non-acceptables ” en ne les ressentant pas, peur aussi des actes contraires à
ce qu’avaient décidé nos juges parentaux, détenteurs du pouvoir de répression
nécessaire à notre soumission. Aujourd’hui,
nos peurs intériorisées sont encore plus efficaces à nous confiner à
l’intérieur des limites existentielles parce qu’elles sont en nous et qu’il est
impossible d’y échapper. Par contre, il est possible d’apprendre à les utiliser
comme des alliées de croissance qui nous guident vers la liberté, au lieu de
les sentir comme des chaînes. Nos peurs sont comme des barrages d’énergie. La tension qui monte, les symptômes qui se
manifestent sont l’indice que quelque chose cherche à sortir de soi, à
s’exprimer. Derrière la peur cherche à naître le pouvoir d’être.
Nos peurs nous empêchent de faire naufrage dans la liberté. De toute façon, elles nous entraînent inexorablement à faire naufrage dans l’impuissance d’être si nous n’apprenons pas à les utiliser comme des alliées de croissance. Nous pouvons donc faire naufrage dans deux directions différentes, selon l’attitude que nous adoptons face à nos peurs : attitude d’évitement ou attitude d’acceptation et d’apprivoisement. Dans l’évitement, la peur devient un “ stop-peur ” de nos énergies d’actualisation ; l’acte libérateur meurt dans l’œuf. Dans l’apprivoisement, la peur se fait “ va-peur ” qui aliment notre croissance. Nous avons le choix de maintenir une attitude d’évitement face aux expériences qui sont source de peur ou d’en faire des guides de croissance. Dans le second cas, les situations anxiogènes sont alors interprétées comme des directions à explorer, riches en découvertes. La peur peut représenter la pointe de l’iceberg en dessous de laquelle de nombreux facteurs inconscients et conflictuels orientent nos comportements, de façon peu satisfaisante. Faire la lumière sur ses peurs est un premier pas vers l’éclaircissement de son sous-sol intérieur. C’est à chacun de déterminer ce qui est le mieux pour lui : une stratégie d’évitement, lui assurant la tranquillité et la sécurité, mais au détriment de la satisfaction de certains besoins fondamentaux, ou une stratégie d’apprivoisement, le conduisant à ressentir l’anxiété de l’affrontement, mais qui débouche souvent sur l’apprentissage d’un nouveau comportement plus satisfaisant, facteur de croissance pour la personne. Dans le but de faciliter ce choix, Rancourt vous propose cet exercice de réflexion ; il s’agit de compléter les deux énoncés qui suivent :
Dans ma vie ou mes relations avec les autres, j’évite, j’ai peur ou je redoute :
Dans ma vie ou mes relations avec les autres, je recherche, j’aspire :
Et, comme le dit J.Simons : “ Nous pouvons choisir d’agir malgré notre peur et de faire un pas vers la liberté ou de respecter notre peur et de la laisser déterminer l’étendue de notre liberté”.
Les valeurs et les besoins.
L’auto-développement repose sur la capacité d’agir en direction de notre croissance. Se laisser guider par nos peurs devient une façon de s’auto-diriger vers une plus grande liberté. De même, que clarifier et réaliser nos valeurs favorisent notre auto-direction existentielle tout en nous permettant d’agir pour la satisfaction de nos besoins. Une valeur peut désigner tout objet, concret ou abstrait, interne ou externe à soi que l’on considère comme important. Elle oriente nos comportements et nos décisions dans une direction considérée comme désirable et souhaitable. Une valeur peut donc servir de guide de croissance une fois qu’elle a été bien définie et une façon simple de la définir consiste à se demander ce qui est important pour soi, ce qui est désirable ou souhaitable.
Dans notre culture où dominent les valeurs matérielles, il est fréquent de rencontrer des gens en pénurie de valeurs abstraites qui donnent un sens à leur vie. Pour certaines personnes, leur seul sens existentiel consiste à travailler pour payer leurs comptes et répondre aux exigences sociales. En dehors de cette nécessité existentielle, rien ne les anime et leur vie est vide de sens. Frankl parlait de la “ névrose du dimanche ” pour désigner cette névrose existentielle qui envahit la personne dès qu’elle reste seule avec elle-même. Tant que les nécessités sociales l’occupent, les choses vont relativement bien, car sa vie est organisée par la routine. Mais, durant les fins de semaine, la névrose du dimanche surgit, plongeant la personne dans son vide existentiel.
La clarification de ses valeurs personnelles et leur réalisation constituent un chemin privilégié du processus d’auto-développement, en permettant de mieux définir son sens à la vie. La valeur représente un but possible à réaliser. Pour assumer pleinement sa fonction supérieure d’auto-direction, il faut évidemment être capable de choisir sa propre direction existentielle. Le processus de clarification de ses valeurs fait justement appel à cette capacité de choisir ses propres projets existentiels. Notre éducation nous a légué une bonne quantité de valeurs, mais nous n’avons pas choisi consciemment cette direction existentielle. Ces valeurs sont des “ valeurs préférences ” que nous acceptons sans trop les remettre en question parce qu’elles reposent sur un consensus social. Mais il existe une autre catégorie de valeurs qui nécessitent un choix conscient et volontaire : les “ valeurs références ” auxquelles nous nous référons pour guider nos conduites.
Voici les principales distinctions entre ces deux catégories de valeurs.
La valeur préférence :
Elle revêt une faible ou moyenne importance.
Cette importance est généralement insuffisante pour engager la personne dans un processus de réalisation de cette valeur si des obstacles sont présents, la personne adhérant à cette valeur plutôt passivement, c’est-à-dire par habitude.
Elle est souvent de l’ordre du discours, laissant place à l’incohérence entre le dire et l’agir.
Elle découle principalement de l’éducation et des conditionnements sociaux qui ont été acceptés et intégrés.
Son nombre peut être assez élevé.
La valeur référence :
Elle revêt une importance considérable.
Cette importance est suffisante pour susciter un engagement et une implication dans des actes concrets de réalisation de cette valeur.
Elle est plus exigeante que la valeur préférence, puisqu’elle demande la fidélité à cette valeur. Elle exige donc de la cohérence entre le dire et l’agir, l’intention et l’action.
Elle est librement choisie par la personne, ce qui implique que celle-ci connaît et accepte les conséquences de son choix et qu’elle assume donc la responsabilité des actes engagés dans la réalisation de cette valeur.
Elle peut donner un sens à la vie, une direction existentielle.
Elle s’intègre profondément à la personnalité.
Elle doit être suffisamment clarifiée pour que la personne connaisse et puisse mettre en œuvre les attitudes et les comportements qui permettent sa réalisation concrète dans la vie quotidienne.
Son nombre est limité.
Enfin, ces niveaux de valeurs diffèrent quant à leur origine :les valeurs préférences correspondent aux valeurs reçues,les valeurs références, aux valeurs choisies.
Clarification de vos valeurs.
Il existe plusieurs méthodes de clarification de ses valeurs. Il est possible d’opter pour la voie rationnelle, introspective, analytique, nécessitant l’auto-observation et la réflexion. Le questionnaire des valeurs par portraits de Schwarts et ses collègues, peut-être un point de départ à votre démarche de clarification de vos valeurs. Rancourt vous propose une activité qui fait plutôt appel à l’hémisphère droit du cerveau : soit l’aspect imaginatif, intuitif, sensitif. Imaginez que vous êtes un grand philosophe et que vous êtes reconnu pour votre sagesse et votre simplicité. Vous êtes au crépuscule de votre vie et vous sentez le besoin de livrer un dernier message qui, le croyez-vous, pourra aider vos semblables à faire un pas dans leur chemin vers la conscience, la croissance et la sagesse. Partagez avec eux vos croyances, votre vérité personnelle, ce qui est important pour vous, là où vous êtes rendu dans votre cheminement. Plus vous êtes habité par ce personnage, plus vous mobiliserez votre faculté d’imagination qui possède le don de révéler des facettes cachées en soi. Nous pouvons ainsi découvrir et clarifier des valeurs profondes plus ou moins conceptualisées. Après avoir écrit votre testament philosophique, vous devez faire l’analyse des valeurs ou des croyances qu’il renferme. Dressez-en une liste par ordre d’importance. La valeur qui revêt la plus grande importance pour vous deviendra votre valeur référence.
Réalisation d’une valeur référence.
Une valeur peut nous aider à nous orienter dans l’existence. Grâce à une première étape de clarification de nos valeurs, nous prenons le temps de faire le point vers ce qui est important pour nous. C’est une occasion de remettre en question certaines valeurs léguées par notre éducation et d’en découvrir de nouvelles. Cette phase de clarification doit être suivie d’une phase de réalisation de ses valeurs qui implique nécessairement l’action dans son milieu.
Voici une façon concrète de se préparer à vivre ses valeurs dans sa vie quotidienne.
Ma valeur référence est :
Identifiez trois occasions où il vous est possible de vivre, d’exprimer cette valeur :
Identifiez les attitudes, les comportements, les stratégies vous permettant de réaliser cette valeur :
Identifiez les obstacles, les peurs, les craintes qui pourraient rendre difficile la réalisation de cette valeur :
Certes, il n’est pas toujours facile de vivre sa valeur référence dans des situations concrètes, mais c’est justement là que la notion de valeur RÉFÉRENCE prend toute son importance. En cas d’ambivalence, de doute, d’incertitude, il est toujours possible de se RÉFÉRER à sa valeur pour décider du comportement à adopter. La valeur référence devient donc un critère de choix pour décider des comportements à adopter. La fidélité à sa valeur référence, quels que soient les obstacles, vient briser certains mécanismes de défense ou certaines croyances auto-limitatives souvent inconscientes qui, jusque-là laissaient la personne dans un statu quo frustrant. Vivre ses valeurs références conduit progressivement à modifier ses attitudes, ses comportements et son image de soi.
La hiérarchie des valeurs et des besoins.
Il existe d’autres conséquences au processus de clarification et de réalisation de ses valeurs références, notamment celle de permettre un processus de hiérarchisation de ses valeurs et besoins.
Maslow considérait cinq niveaux de besoins : physiologiques, de sécurité, d’appartenance, d’amour et d’estime et enfin d’actualisation, incluant les besoins esthétiques et de clarification cognitive. Pour qu’une personne puisse ressentir ses besoins d’actualisation, il est nécessaire qu’elle puisse satisfaire les besoins de niveau inférieur, non pas que ces besoins n’existent plus ou soient satisfaits à tout jamais, mais ils n’accaparent pas toute l’énergie de la personne. On comprend qu’une personne qui doit lutter pour sa survie est moins disponible pour ressentir et satisfaire ses besoins d’actualisation. Il est parfois difficile de distinguer les valeurs et les besoins. Maslow a bien perçu leur interrelation. Il a proposé deux catégories de valeurs : les valeurs d’être, reliées aux besoins de croissance et les valeurs de déficience, qui reposent sur une motivation à combler des besoins perçus comme un manque. Plus les valeurs sont orientées vers la croissance, plus celles-ci ressemblent à des besoins. Maslow a même appelé ces valeurs des “ méta-besoins ”, valeurs qui donnent souvent un sens à la vie. Or, parler de valeurs d’être ou de méta-besoins orientés vers la croissance et de valeurs de déficience qui cherchent à combler un manque, suggère qu’il existe une hiérarchie des valeurs qui donne un indice sur le degré de développement qu’atteint une personne. Certaines recherches tendent à démontrer que les personnes d’un haut niveau de développement se caractérisent par des valeurs esthétiques, ces personnes étant plus influencées par le beau et les expériences gratuites que les personnes moins actualisées, qui se caractérisent par les valeurs économiques, centrées sur le matériel, le fonctionnel et l’utilitaire. Il existe donc une hiérarchie des besoins, hiérarchie valeur-besoin qui correspond également à une hiérarchie dans les stades de croissance que connaît une personne.
Yves-St-Arnaud, dans son ouvrage Devenir Autonome, propose une autre hiérarchie des besoins fondamentaux qui permet une compréhension des motivations humaines. Il distingue trois niveaux de besoins. Le premier niveau, celui de l’autoconservation, est centré sur la satisfaction des besoins physiques et sur la recherche de la sécurité matérielle. Ces besoins de base suffisamment satisfaits faciliteront l’émergence des besoins liés à l’affirmation de soi. Ce deuxième niveau de besoin est centré sur la sécurité psychologique et affective. L’individu acquiert une meilleure estime de lui-même, un sentiment de valeur personnelle qui l’amène à se considérer comme une personne digne d’amour et de respect. Enfin, un troisième niveau de besoin, l’auto-transcendance, où l’individu, après s’être centré suffisamment sur la satisfaction de ses besoins, commence à se centrer sur l’autre. Le “ moi d’abord ” cède peu à peu la place au “ toi d’abord ”. La personne découvre des centres d’intérêt autres qu’elle-même, lui permettant de s’investir et de s’actualiser en dépassant son égoïsme et son égocentrisme. Rancourt, explique comment les besoins des niveaux 2 et 3 peuvent être vécus différemment selon qu’ils sont vécus principalement pour satisfaire l’estime de soi (niveau 2) ou un besoin de dépassement de soi (niveau 3).
Les besoins de sécurité psychologique et affective, conduisant à l’estime et à l’affirmation de soi, sont les suivants :
LE BESOIN DE CONSIDÉRATION est celui qui nous pousse à rechercher la compagnie des personnes dont la présence est source de bien-être. C’est en général dans un contexte d’amour ou d’amitié que nous satisfaisons ce besoin.
LE BESOIN DE COMPÉTENCE est celui qui nous pousse à vouloir maîtriser adéquatement par une action certaines activités ou situations d’interaction avec son environnement.
LE BESOIN DE COHÉRENCE est celui qui nous pousse à donner un sens, une interprétation à ce qui se passe en nous et aux événements qui nous arrivent. C’est le besoin de comprendre, de connaître ce qui se déroule dans notre vie. C’est donc le domaine de la connaissance de soi et des interactions avec son environnement.
Au niveau de l’affirmation de soi, l’amour est d’abord vécu sous le mode de l’insécurité, donc possessif, la présence de l’autre étant nécessaire à l’amour de soi et l’estime de soi. De même, le travail ou le désir d’être performant devient souvent une façon de se valoriser, de s’aimer davantage, pouvant entraîner la personne dans une course effrénée à la réussite. Le besoin de cohérence amène la personne à essayer d’interpréter les réactions des autres pour évaluer les occasions où elle peut se montrer authentique ou non, car l’autre est menaçant par son pouvoir de désapprobation.
La personne vivant ses besoins au niveau de l’auto-transcendance, du dépassement de soi peut aimer d’une façon plus altruisme et plus inconditionnelle, en étant moins frustrée en cas de non-réciprocité. Le besoin d’aimer l’emporte sur le besoin d’être aimé. De même, au niveau de son besoin de compétence, elle n’a plus de preuves à fournir aux yeux des autres, elle connaît sa valeur et la réussite d’un projet importe plus que la gloire qu’elle peut en retirer. Son besoin de cohérence l’amène à réfléchir sur le sens de la vie, l’amour, la liberté et sur d’autres thèmes existentiels importants au lieu de chercher à interpréter les réactions des autres à son égard. Elle est ainsi beaucoup plus souple dans ses croyances et ouverte au changement. Des transformations importantes s’effectuent au fur et à mesure que la personne évolue vers le niveau de l’auto-transcendance. Sa sécurité affective et psychologique s’accroît. Elle devient son propre centre d’estimation, capable d’une juste auto-évaluation. Elle détermine ses propres critères de valeur personnelle et a moins besoin des autres pour être confirmée dans sa valeur. Elle se centre sur un projet, un but qui la dépasse. Quelque chose dans sa vie est maintenant aussi important ou même plus que sa propre vie. Au niveau de l’auto-transcendance, la personne a fait le tour de son petit moi et marche vers plus grand qu’elle : le Soi. C’est à ce niveau que le développement spirituel est susceptible de s’accentuer et de conduire la personne à une plus grande intégration.
Il ne faut pas croire cependant que ces deux niveaux soient très cloisonnés et qu’un beau jour la personne franchit le seuil de l’auto-transcendance en se transformant radicalement. Il s’agit plutôt d’un continuum. Ce n’est que progressivement que la personne accède au niveau de l’auto-transcendance et du dépassement de soi. Elle passe par des phases de transition entre ces deux niveaux. Très souvent, des éléments des deux niveaux se manifestent en même temps chez une même personne. Un chercheur qui travaille pendant des années à la mise au point d’un médicament contre le sida peut être motivé par le fait d’être utile et de rendre service à l’humanité (niveau 3) tout en aspirant à être reconnu à cause de sa découverte (niveau 2). Le niveau d’auto-transcendance peut sembler un bel idéal à atteindre. Toutefois, il faut prendre garde : ce niveau n’accueille que ceux qui ont fait leurs expériences au niveau de l’affirmation de soi. Un piège doit-être évité lorsqu’on se retrouve devant un modèle idéal de croissance humaine présente dans certaines théories de la personnalité, comme d’ailleurs devant un modèle de la hiérarchisation des besoins. La volonté d’atteindre l’idéal peut certes diriger notre énergie dans cette direction, mais le danger consiste à nier ou à refouler ce qui en nous ne cadre pas avec cet idéal. La sainteté (modèle idéal) doit d’abord passer par la santé qui repose fondamentalement sur la capacité de se voir tels que nous sommes avec toute l’humilité nécessaire à cette vision juste de soi-même liée à un minimum de compassion envers nous-mêmes pour nous accepter, sans aucun jugement, là où nous sommes rendus dans notre cheminement. Nous verrons lorsque nous aborderons la dimension spirituelle de la croissance, que le niveau de l’auto-transcendance repose sur toutes les étapes antérieures du développement. Un égoïsme et un égocentrisme bien vivants sont nécessaires à cette transcendance de l’ego.
Choisir ses valeurs références, en utilisant sa fonction supérieure d’auto-direction, c’est se doter de critères de choix quant à son agir qui devra être cohérent avec la direction existentielle choisie, tout en respectant l’étape développementale que nous traversons. La clarification et la réalisation de ses valeurs références favorisent ainsi leur processus de hiérarchisation. Et comme vivre une valeur de référence implique des comportements cohérents avec celle-ci, l’action devient le moyen de satisfaire un besoin à travers la réalisation d’une valeur ou le dépassement d’une peur. On peut considérer qu’agir malgré ses peurs, en marchant vers elles pour les apprivoiser, devient en soi une valeur référence qui guide nos pas vers une meilleure satisfaction. Le processus de clarification et de réalisation de ses valeurs respecte le mode de fonctionnement du système complexe que nous sommes qui dispose de ses mécanismes d’autorégulation conduisant la personne vers la réalisation du projet existentiel choisi. Le fait de centrer sa conscience sur un projet à réaliser, comme la réalisation d’une valeur référence, active ces mécanismes d’autorégulation. En somme, la personne humaine est un système complexe conçu pour créer ses propres buts, capable de créer les moyens pour les atteindre, non seulement consciemment mais également à un niveau inconscient, grâce à ces mécanismes autorégulateurs venant seconder la conscience dans la réalisation de ses buts.
Cette démarche d’auto-développement sur le plan personnel trouve son utilité dans notre rencontre avec l’autre, puisque l’authenticité devient souvent une valeur référence importante dans notre vie.
Lire la suite : Franchir les étapes de la conscience : le processus de communication.
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