Nos émotions sont le déclencheur de nos actions et de nos comportements. Autrement dit, elles nous font agir et réagir. Le scénario suivant permet de l’illustrer. Vous marchez sur un sentier en pleine forêt depuis près d’une heure lorsque soudainement, vous apercevez à dix mètres de vous un loup qui vous regarde arriver vers lui. Qu’éprouvez-vous à ce moment précis ? De l’admiration, de la joie, de la paix ! Pour plusieurs, cette situation déclenche une peur.
Que s’est-il passé ? Un de vos sens, la vue, a capté un stimulus déclencheur : le loup. Nos cinq sens agissent tels des agents de sécurité. Ils balaient constamment l’environnement à la recherche de stimulus. L’information est alors transmise à une région du cerveau appelée l’amygdale.
Si vous avez ressenti de la peur, c’est que l’équation loup=danger est en quelque sorte inscrite dans l’amygdale. Automatiquement, cette information est relayée au système de la réaction de stress pour vous permettre de fuir ou d’affronter la menace. Une fois ce mécanisme mis en place, l’information revient au cerveau cognitif pour l’analyse : le loup est-il vraiment menaçant ? Suis-je réellement en danger ? Cette analyse se fait en fonction de ce que nous ressentons.
Si, pour vous, l’équation loup=danger est inscrite dans votre amygdale, vous éprouvez de la peur et vous aurez envie de fuir en le voyant. Par contre, si c’est plutôt l’équation loup=plaisir qui est inscrite dans votre amygdale, vous éprouverez sans doute l’impression de vivre un moment privilégié. Peut-être même que vous aurez envie d’adopter un comportement d’approche.
Il faut savoir qu’en cas de situation de charge émotionnelle, l’information n’est pas analysée par le cerveau rationnel. C’est pourquoi, il peut nous arriver d’adopter une réaction nettement exagérée par rapport à un événement. C’est ainsi qu’à la suite d’une forte émotion de peur ou de colère, on peut ressentir un besoin irrésistible de fuir ou de passer à l’attaque, même si notre vie n’est pas en danger. Nous agissons de la sorte parce que notre ressenti est intimement relié à nos équations mentales à caractère émotionnel. En fait, celui qui déclenche l’alarme et cause en vous ce ressenti de peur ou de colère, n’est nul autre que le cerveau émotionnel. Il se peut même, si votre empreinte émotionnelle est forte, que vous éprouviez de la frayeur à la seule idée de vous retrouver dans la situation.
Un premier point à retenir : les émotions précèdent la réflexion et c’est normal, car votre survie pourrait en dépendre.
Le système émotionnel est d’abord et avant tout un système de survie et c’est pourquoi il s’active en 0,0012 seconde. Notre système émotionnel n’est pas conçu pour la réflexion, l’analyse ou la compréhension. Il ne connaît pas le doute et ne se préoccupe pas des considérations liées à nos valeurs comme le respect ou la franchise. Son obsession première est la survie. Il est impulsif et irrationnel, c’est notre composante animale, notre système d’action-réaction. Comme si ce n’était pas suffisant, il biaise l’information en fonction de ses empreintes émotionnelles et des associations qu’il crée. Les notions de bien ou de mal n’ont pas d’impact sur nos émotions et nos comportements irrationnels, ce sont nos équations mentales qui les activent.
Sommes-nous alors condamnés à nous faire mener par nos émotions ? Non, parce que, s’il nous est impossible de contrôler l’émotion qui va naître à cause de la puissance de notre équation mentale, nous avons toutefois la possibilité d’agir sur l’équation mentale. Mais comment changer vos équations et encodages pour connaître une stabilité émotionnelle?
Mais, avant d’aborder cette question, rappelez-vous qu’il est normal de vivre des émotions et qu’il ne s’agit en aucun temps de les éliminer, car c’est votre système de défense pour assurer votre survie. Heureusement d’ailleurs, car ne pas ressentir de la peur et l’envie de fuir dans une situation d’urgence pourrait signer votre arrêt de mort. Mais si, chaque fois que vous voyez une voiture, vous éprouvez de la peur et vivez des situations limitatives, c’est que votre système de survie s’est retourné contre vous. Dans ce cas-là, il est certainement approprié de lui redonner sa juste place en recadrant les équations mentales qui le déclenche.
ÉMOTION ET BESOIN.
Le point de départ est de comprendre que si vous vivez des émotions, c’est parce que vous avez des équations mentales associées à des besoins. En changeant l’équation mentale ou une donnée de cette équation, elle ne tient plus et se transforme. Donc, par la transformation de l’équation, les émotions et les comportements se transforment également. Il importe de comprendre comment fonctionne le système émotionnel en collaboration avec le système de croyances afin de ne plus être prisonnier de situations perturbatrices. En résumé, la réaction émotionnelle et comportementale dépend de la façon dont le stimulus déclencheur est encodé. Pour avoir prise sur l’émotion et retrouver votre pouvoir sur vous-mêmes, vous pouvez déconstruire le modèle besoin= émotion=comportement. Et dès l’instant où vous prenez conscience que vous avez des besoins irrationnels, vous êtes en train de changer votre équation mentale.
Nous pouvons définir le besoin comme étant ce que nous cherchons à combler par notre comportement. Nous devons manger, respirer, dormir, être aimés et vivre en sécurité. La satisfaction d’un besoin est à la base du système émotionnel qui est notre système de survie. En effet, il nous serait impossible de survivre sans air, sans nourriture, sans eau, sans sommeil.
Au-delà des besoins biologiques, il y a les besoins psychosociaux, comme le besoin d’appartenance, de solidarité, d’aimer et d’être aimé. Là encore, ces besoins sont en lien avec notre système de survie qu’est notre système émotionnel. Au début de l’histoire de l’humanité, il était plus facile de survivre en groupe pour chasser et pour nous protéger. C’est également vrai à notre époque. Le besoin d’être aimé implique nécessairement une situation de partage avec une autre personne. De même que les besoins d’estime et de réalisation de soi nous poussent à poursuivre notre chemin de vie. Bref, les besoins humains sont fixes, universels et bénéfiques à la survie.
Indépendamment de cette catégorisation, tous nos besoins sont toujours actifs et demandent à être constamment comblés. En fonction de ce qui se passe dans votre environnement, un de ces besoins peut être stimulé. Par exemple, si votre sécurité physique ou psychologique est menacée, votre besoin de sécurité s’active. De plus, les besoins s’auto-influencent. Si vous possédez une faible estime de vous-mêmes, comment ferez-vous pour trouver un emploi et donc d’assurer votre sécurité ? Comment ferez-vous pour trouver l’amour si vous ne vous aimez pas ? Votre besoin d’aimer et d’être aimé sera donc menacé. En somme, vos besoins sont dynamiques et peuvent être réactivés en fonction de ce qui se passe autour de vous.
ÉGO.
Nos besoins sont programmés dans notre code génétique et depuis le début des temps, ils assurent la survie de l’être humain. Mais avec l’évolution, ces besoins qui assuraient notre survie physique se sont déplacés sur le plan psychologique. Aujourd’hui vous avez perdu votre emploi mais votre survie physique est-elle menacée ? Vous perdez votre emploi, certes c’est déplaisant, mais vous n’êtes pas en train de mourir. Vous êtes capable de vous en trouver un autre. Et qui sait, cette situation désagréable pourrait peut-être s’avérer bénéfique sur le plan professionnel et financier ?
Les réactions peuvent être très différentes pour chacun d’entre vous devant le stimulus perte d’emploi. Comme chaque personne a ses propres équations mentales, chacune peut réagir différemment à une même situation. Certains sont en colère contre le monde entier, d’autres éprouvent une très grande tristesse et certains sombrent dans la dépression ou la maladie, comme si leur monde venait littéralement de s’écrouler et que leur vie ne valait plus la peine d’être vécue.
De tels scénarios surviennent lorsqu’un besoin, la sécurité ou l’estime de soi, par exemple, s’est transformé en besoin de l’égo. Dans ce cas, sur le plan biologique, le cerveau émotionnel ne sait pas que la survie n’est pas menacée ou que le besoin d’estime de soi n’est nullement ébranlé. Et voilà, que nous pouvons passer par toute une gamme d’émotions allant de la tristesse, à la peur et à la colère. Le besoin rationnel relié à notre survie, dans ce cas, a laissé place à un besoin irrationnel. Malgré l’explication logique, notre système émotionnel réagit comme si notre survie était menacée.
Pourquoi éprouver à chaque situation pénible des sentiments en montagnes russes ? Le fauteur de troubles c’est le besoin. Il est l’élément clé faisant partie de l’équation mentale qui nous fait vivre l’émotion. Il est à la racine de l’émotion qui nous soulève et qui peut nous faire perdre la raison.
Rappelons-nous que d’abord vient le besoin, puis un élément déclencheur survient qui pourrait menacer inconsciemment ce besoin alors nous réagissons physiologiquement et nous éprouvons une émotion et comme la peur ou la colère, ensuite nous adoptons un comportement en fonction de l’émotion, Et tout ça, a la vitesse de l’éclair. C’est pourquoi lorsque nous percevons qu’un événement déclencheur vient menacer un de nos besoins, notre réaction est quasi automatique et que nous pouvons nous perdre dans un flot d’émotions.
Il est normal de rechercher la sécurité parce que nous voulons vivre dans un environnement sécuritaire. Nous voulons tous manger, boire et dormir quand nous en ressentons le besoin. De même, nous voulons tous accomplir et réussir des tâches, des activités, relever avec succès des défis, aimer et être aimés. Il est tout à fait normal de ressentir à un moment ou un autre le désir de combler un de ces besoins. Toutefois, il y a des personnes qui vivent constamment dans un scénario catastrophe. À tout coup, elles craignent d’être attaqués, de rencontrer quelqu’un qui veut leur nuire ou de perdre la vie ou leurs biens.
En fait, l’importance qu’occupe un besoin dans votre vie détermine s’il s’est transféré ou non sur le plan psychologique. Dans ce cas, le besoin peut devenir irrationnel et faire en sorte que nous sentions continuellement une menace planée sur nous, comme si le besoin ne pouvait pas être totalement comblé.
En effet, le besoin irrationnel en étant toujours stimulé, constamment mis au défi, nous sentons alors une profonde insatisfaction puisqu’il n’est jamais comblé. Ce qui pose problème, c’est l’importance démesurée que prend un besoin irrationnel dans votre vie. Ce processus est inconscient et nous dépensons alors énormément d’énergie physique et mentale pour essayer de satisfaire l’inassouvissable. Quand nous sommes pris dans cet engrenage, nous agissons en aveugles. Il nous est impossible de prendre conscience que notre besoin irrationnel agit contre nous.
Le point de départ de toute transformation est de comprendre le besoin, rationnel ou irrationnel, qui se cache derrière l’émotion. Lorsque cette prise de conscience a été faite, nous pouvons alors développer une stratégie pour créer de nouveaux encodages et libérer la place qu’occupe le besoin irrationnel.
MÉMOIRE ÉMOTIONNELLE.
La principale caractéristique de la mémoire émotionnelle est de retenir l’information par associations. Si vous avez vécu un événement à charge émotive importante, vous garderez en mémoire l’événement, certes, mais également toutes sortes de détails qui s’y rattachent. À partir de cette mise en mémoire de tous les petits détails inimaginables reliés à l’événement, vous ferez diverses associations qui sont quasi impossibles à détecter de façon consciente. Si le cerveau émotionnel ne fait pas de différence entre le bien et le mal, il n’en fait pas non plus entre la réalité et nos scénarios intérieurs et fonctionne selon le mode action-réaction. C’est pourquoi, suite à un accident de voiture traumatisant, le simple fait d’entendre un bruit de moteur peut déclencher automatiquement en vous de émotions de peur pouvant provoquer une crise d’anxiété ou de panique.
Si la mémoire est une faculté qui oublie, le cerveau émotionnel, lui, a une très longue mémoire. En fait, sa fonction est de ne pas oublier les événements à charge émotive et ce, avec ces moindres détails. Voilà le rôle de la mémoire associative. À l’aide de nos cinq sens, elle capte des éléments d’information qui déclenchent le signal : danger, danger! Dès qu’un stimulus déclencheur surgit – qui peut-être un détail très subtil, un son, une couleur, une odeur, un vêtement – les sens captent l’information similaire à la situation vécue. Dans notre cerveau émotionnel, l’association se fait sans analyse, et du coup, l’émotion que nous avons vécue par la passé refait surface. Notre cerveau émotionnel peut donc faire une myriade d’associations, qui seront d’autant plus puissantes que l’événement aura été marquant.
En conséquence, nous ne percevons pas la réalité telle qu’elle est puisque celle-ci est manipulable et manipulée. Nous associons ce que nous voyons et ce que nous vivons à ce que nous avons déjà vécu. Notre cerveau émotionnel est constamment à l’affût pour détecter toute situation qui pourrait ressembler de près ou de loin au vécu émotionnel. Ainsi, nos sens agissent, tels des radars, pour détecter des stimulus enfouis dans notre mémoire émotionnelle. C’est ainsi que nous sommes constamment en train de revivre en boucle un état affectif d’origine. Rappelons-nous que cette opération du cerveau émotionnel se fait dans le but de nous protéger puisqu’il est notre système de survie. Sauf que, laisser à lui-même, sans intervention de la conscience, le cerveau émotionnel peut nous conduire aux plus grandes aberrations. Nous voilà alors, tel un pantin emmêlé dans ses cordes, entreprenant une danse dont nous sommes les instigateurs inconscients !
LE GENTIL PANTIN.
Notre mémoire émotionnelle et nos besoins irrationnels associés à l’égo sont de puissants outils de manipulation sociale. Plus que jamais, notre pantin est sous la dépendance des dirigeants politiques, des médias, des créateurs d’images de toutes sortes et à plus petite échelle, de nos amis, de notre famille et de notre milieu de travail.
Et pourquoi sommes-nous manipulables ? Parce que nous avons des besoins irrationnels, des empreintes émotionnelles et des charges émotives qui font en sorte que les concepts auxquels nous sommes exposés ont de l’emprise sur nous. Peut-être aimez-vous la mode ? De façon naturelle, nous avons besoin d’aimer, d’être aimés et nous aimons la coquetterie. Mais, si le fait de ne pas posséder le tout dernier article à la mode vous empêche de bien fonctionner, vous devenez alors manipulable parce que la publicité, les magasins et les revues influencent votre envie. Mais au fait, que se cache-t-il derrière tout cela ? Rien d’autre qu’une sincère confusion entre le besoin et le moyen. Le besoin d’être aimé est peut-être devenu irrationnel. Cette confusion et ce besoin irrationnel créent une sorte de conditionnement. Et ce conditionnement, vous amène à penser sincèrement que si vous possédez ce costume dernier cri, votre besoin sera comblé. À ce moment, vous plongez dans une spirale sans fin, car bientôt, il vous en faudra un autre encore plus beau, encore plus neuf, encore plus à la mode puisqu’à la base, ce besoin est insatiable. Il est clair que même le plus beau des costumes n’augmentera en rien l’estime de vous-même ou votre sentiment d’être aimé.
Pour reprendre notre pouvoir, nous devons apprendre à nous libérer des charges émotives, des besoins irrationnels et surtout des associations négatives.
ÉMOTION ET COMPORTEMENT.
Pour passer à l’action, il faut bien connaître les émotions qui nous habitent, les comportements qui leur sont associés et apprendre à identifier les besoins irrationnels qui sont atteints.
SIX ÉMOTIONS DE BASE.
Il existe deux grandes classes d’émotions : les émotions primaires et les émotions secondaires. Si les premières sont innées, les secondes sont créées à partir des émotions primaires. Tel un peintre qui obtient le vert en mélangeant le bleu et le jaune, nous obtenons la jalousie en mélangeant la colère, la tristesse et la peur.
Les six émotions primaires sont : la peur, la colère, la tristesse, la surprise, le dégoût et la joie. Toutefois, nous avons l’impression de vivre une quantité phénoménale d’émotions. En réalité, nous manions avec grâce le langage en utilisant différents synonymes pour nommer les émotions. Malgré ce bel effort de notre cerveau d’utiliser un éventail de mots, il n’y a fondamentalement que six émotions de base. L’inquiétude demeurera éternellement jumelle de la peur et la frustration ne sera qu’une autre façon de vivre notre colère. En même temps, nous utilisons des mots pour atténuer ou accentuer notre degré d’émotivité. Quand je suis impatient, je suis beaucoup moins en colère que lorsque je proclame haut et fort que je suis fâché. Mais quelque soit les mots utilisés, la peur c’est la peur et la colère c’est la colère.
Pour comprendre la relation entre comportement, émotion et besoin, il faut se rappeler que le rôle principal du besoin, c’est d’abord et avant tout d’assurer notre survie. Autrement dit, l’association besoin-émotion-comportement est une arme protectrice liée directement à notre instinct de survie. En effet, pour assurer quotidiennement sa survie, l’homme avait besoin de ces différentes émotions pour vaincre les obstacles menaçants. Le dégoût, par exemple, le protégeait de la nourriture avariée et la peur l’éloignait de la bête sauvage qui pouvait le tuer. Au cours des millénaires, ce système de protection n’a pas évolué mais c’est plutôt transféré sur le plan psychologique.
COMPORTEMENTS ASSOCIÉS.
Voyons les comportements qui sont généralement associés aux six émotions de base.
La fuite est le comportement que nous adoptons quand nous éprouvons de la peur. Comme plupart du temps, il nous est impossible de fuir une situation désagréable, nous avons développé des techniques de fuite moins radicales, plus subtiles, telles que :
- l’absentéisme,
- le refus de s’engager,
- la procrastination,
- la conduite lunatique,
- la censure.
Lorsque nous sommes en colère, nous adoptons un comportement d’attaque pouvant bien sûr prendre différentes formes, telles que :
- hausser le ton,
- couper la parole,
- lancer des objets,
- critiquer,
- cacher de l’information,
- saboter,
- bouder.
La tristesse engendre habituellement une forme ou une autre de repli sur soi, telle que :
- l’insouciance,
- le mutisme,
- la démission intérieure,
- le présentéisme,
- la solitude.
L’émotion de surprise provoquée par un danger immédiat entraîne généralement un comportement de retrait ou de recul instantané pour se protéger.
Le mépris ou dégoût entraine généralement un comportement de rejet dont l’attitude d’ignorance en est une autre forme.
La joie est associée à un comportement d’approche pouvant se manifester sous plusieurs formes, telles que :
- être ouvert,
- être dynamique,
- parler librement,
- prendre ses responsabilités,
- faire preuve d’humour,
- être généreux,
- partager l’information,
- faire preuve de don de soi.
Avez-vous remarqué que, parmi ces six émotions, une seule est agréable ! Savez-vous pourquoi ? Parce que les émotions sont, d’abord et avant tout, un système relié à notre survie d’où le fait qu’il y ait plus d’émotions désagréables. Celles-ci sont associées à la fermeture et forment ainsi une sorte de cuirasse pour nous protéger. De l’autre côté, la joie est un sentiment d’ouverture. En effet, lorsque nous sommes emplis par la joie et le rire, la censure se perd comme par magie. Notre armure tombe et nous apparaissons dépouillés et vulnérables aux attaques.
Pour en savoir plus sur comment vivre en coopération avec vos émotions, je vous invite à regarder la vidéo ci-dessous, dans laquelle Jean-Jacques Crèvecoeur présente six manières de transformer vos émotions en alliées de votre destinée.
De ce qui précède, on peut retenir qu’un état émotif se rattache à un comportement précis et évocateur. Certains comportements sont passagers et sans conséquences tandis que d’autres sont récurrents et limitatifs. C’est à l’égard de ces derniers, qu’il est pertinent de chercher l’émotion qui se cache derrière cet état d’être.
Si mes sens perçoivent une menace à mon intégrité physique, la peur monte en moi et me permet d’adopter le comportement (fuite) qui devrait combler mon besoin (sécurité).
Il est important de savoir qu’une émotion qui refait sans cesse surface, c’est le moyen développé par l’organisme pour atteindre le besoin. Et c’est parce qu’il nous est impossible de combler un besoin irrationnel, que nous entretenons l’émotion qui s’y rattache.
Le comportement offre donc sur un plateau d’argent l’émotion ressentie. Et derrière chaque émotion se cache inévitablement un besoin. Pas de besoin, pas d’émotion. Pas d’émotion, pas de comportement. Autrement dit, si vous ressentez une émotion, vous savez forcément qu’il y a un besoin caché. Donc, comprendre l’association comportement, émotion, besoin est la clé ultime pour retrouver votre pouvoir. Mais pour comprendre cette association, vous devez être témoin extérieur de la scène. Parce que, si vous vivez une forte charge émotive, votre capacité d’analyse sera grandement réduite.
Le défi est donc de prendre conscience du besoin irrationnel qui demande constamment à être comblé et qui empoissonne notre vie et celle de ceux qui nous côtoient.
ÉMOTION ET SENTIMENT.
Le système émotionnel ramène constamment l’émotion au premier plan. Bien entendu, des moments de joie, de tristesse ou de colère vont et viennent dans notre vie et c’est normal. Toutefois, pour certaines personnes, une vague de fond finit par se créer. Cette vague se nomme sentiment et elle signifie que des éléments de notre vie ne sont pas réglés. Le plus tragique, c’est qu’avec le temps, la vague s’installe et nous considérons, en fin de compte, cet état d’être comme notre personnalité : < je suis d’un naturel mélancolique >, < je suis de nature pessimiste >, < elle est colérique >, < il est d’un naturel froid et fermé >. À vrai dire, ces propos révèlent plutôt que la personne a une charge émotive devenue une vague de fond bien ancrée. L’existence de cette vague rappelle qu’une équation mentale n’a pas été réglée. Et quand l’équation mentale est sans cesse sollicitée, nous anticipons constamment que le besoin ne sera pas comblé. La conséquence est qu’avec le temps, la présence de cette vague épuise physiquement, mentalement et énergétiquement.
STOP, ARRÊTEZ.
Quand nos sens détectent un comportement à charge émotive, nous devrions avoir le réflexe de l’arrêter d’agir, c’est-à-dire d’arrêter de parler. L’arrêt d’agir est en fait une pause que nous nous offrons pour apaiser une situation qui s’envenime. Parce que les charges émotives alimentent les charges émotives, il faut apprendre à dire < j’arrête >.
L’arrêt d’agir demande un minimum de contrôle de soi. Pour être en mesure de réussir cette pratique dans le feu de l’action, nous pouvons nous entraîner en examinant en profondeur un événement perturbateur qui provoque en nous la récurrence de l’émotion. Au lieu d’attendre la prochaine tempête émotionnelle, apprenez à reconnaître le besoin irrationnel qui fait que vous tournez en rond, tel un chat qui poursuit sa queue.
DESCRIPTION.
Choisissez trois situations pénibles que vous vivez ou que vous avez vécues avec beaucoup d’émotions. Maintenant pour chacune d’elles, répondez aux questions suivantes.
- Qu’est-ce que je pense de la situation ?
- Quels sont les comportements que j’adopte ? (fuite, attaque, repli sur soi, recul, mépris, approche)
- Quelles sont les émotions vécues ? (peur, tristesse, colère, dégoût, surprise, joie)
- Quels sont les besoins touchés ? (sécurité, être aimé, être reconnu, contrôler, être parfait, se sentir libre)
- Qu’avez-vous appris dans ces situations ? (humilité, implication, intégrité, intuition, créativité, générosité)
OBSERVATION.
Pour chacune des situations, identifiez vos trois composants principaux de l’association comportement, émotion, besoin.
- Quel comportement principal avez-vous adopté ? La fuite, l’attaque, le repli sur soi, les trois en même temps ou l’un après l’autre ?
- Quelles ont été les principales émotions vécues ? Il est possible que vous éprouviez des émotions contradictoires : < j’ai eu peur et j’ai attaqué parce que j’éprouvais une intense colère >. Quelle est la récurrence des émotions ? Par exemple, la colère et la tristesse arrivent-elles souvent les premières ?
- Une fois le comportement et l’émotion établis, pouvez-vous reconnaître le besoin qui a été atteint ? Il peut y en avoir plusieurs ou seulement un qui domine sur tous les autres. Il importe peu que notre mental analyse et apporte toutes sortes de nuances, car fondamentalement, être aimé et être reconnu sont des besoins semblables. En effet, la grande famille des < être > comme être accepté, être utile vient de notre besoin d’être aimé ou de notre besoin d’appartenance. Pour sa part, le contrôle peut parfois être associé à la sécurité et le pouvoir, au besoin d’être reconnu, donc d’être aimé. Attention, cependant, il est possible qu’un besoin soit un moyen utilisé pour en combler un autre. Par exemple, si vous avez du pouvoir, vous serez enfin reconnu, donc aimé. Vous pourriez peut-être cherché à combler votre besoin de sécurité pour vous sentir libre ou chercher à combler votre besoin d’être parfait pour vous sentir aimé. Il est possible que dans les trois situations un même besoin ait été touché, par exemple, votre besoin de contrôle ou de pouvoir.
- La question ultime maintenant ! Est-ce que dans ces trois situations, votre survie est vraiment menacée ? Est-ce que le besoin responsable de votre comportement est rationnel ou irrationnel ?
Cette démarche d’observation est cruciale, car d’une part, elle nous permet de réaliser si notre réaction est adaptée ou inadaptée à la situation. D’autre part, elle permet d’identifier le besoin à la base de nos difficultés. Et cela est majeur, car plusieurs personnes vivront leur vie sans jamais connaître la cause de leur émotion de fond. Et alors, toute leur vie, elles jongleront qu’avec les conséquences, c’est -à- dire leurs émotions et leurs comportements.
L’ÉTAPE SUIVANTE.
Identifiez maintenant quels sont les délais entre les situations. Une semaine ? Deux mois ?
Pourquoi identifier les délais entre les situations pénibles ? Parce que nous possédons ce don incroyable de nous créer constamment des contextes dans lesquels nous devons évoluer. Il est possible que nous le fassions inconsciemment. Quoiqu’il en soit, lorsqu’un besoin a subi une lésion importante, nous nous replaçons continuellement dans un contexte qui nous oblige à travailler ce besoin. Ce contexte, dans son fondement, revient constamment, toujours identique au précédent. Seule la forme peut changer : les événements, les personnes impliquées. Dès que nous croyons enfin avoir réglé le problème, il revient au galop. À cause de lui, nous vivons constamment ces mêmes émotions désagréables et épuisantes. C’est ainsi, par exemple, que malgré des changements d’emplois on peut se retrouver avec le même type de patron. Ou encore, se retrouver avec un conjoint semblable au précédent.
Il est donc important de porter attention à la récurrence afin de vérifier, si c’est le même scénario qui revient sans cesse. Et si ce scénario revient constamment, c’est parce que nous n’avons pas réglé la cause fondamentale du problème : le besoin irrationnel et l’équation mentale dont il fait partie. Et comme notre énergie s’en trouve affectée, nous attirons, par effet de résonance, le contexte nécessaire pour libérer le besoin en question.
DANS LE FEU DE L’ACTION.
Pratiquez-vous à identifier vos comportements récurrents afin de déterminer les émotions vécues et les besoins qui s’y rattachent. Et par la suite, posez-vous la question suivante : mes besoins, à la base de mes soucis, sont-ils rationnels ou prennent-ils trop de place ? Cela vous permettra de découvrir l’équation mentale sous-jacente et de démarrer le travail de transformation. Rappelez-vous que la variable besoin est à la tête de toute équation mentale et que si nous transformons cette variable, nous modifions alors l’équation. Dans toute équation mentale, l’émotion que nous ressentons nous permet d’adopter le comportement qui comblera notre besoin de base. Vous voyez un loup, vous vous sentez en danger, vous éprouvez de la peur, vous fuyez.
Retenez qu’il est plus facile et profitable de travailler nos équations mentales et de recadrer notre besoin que de vouloir à tout prix supprimer le stimulus déclencheur, donc le loup. En vous libérant des besoins irrationnels, vous disposerez de la sérénité, de la disponibilité et de l’énergie pour bien prendre soin de vos besoins rationnels tant physiques, psychosociaux que spirituels.
Lire la suite : Plus de sérénité, d’énergie et de joie dans votre vie : La dimension rationnelle.
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