La prédominance des déséquilibres mentaux.
La santé mentale de la population est fort probablement beaucoup plus amochée qu’on ne pourrait le croire. En 2005, des recherches estimaient que 48 % des gens âgés de plus de 15 ans ont déjà souffert d’un trouble mental inscrit dans le DSM (Diagnostic and Statistical manual of Mental disorders) publié et régulièrement mis à jour par l’American Psychiatric Association. Dans un communiqué de presse émis par l’OSM (Organisation mondiale de la Santé) le 4 mai 2000, le directeur général à l’époque, Docteur Gro Harlem Brundtland, souligne que “ la santé mentale apparaît soudain comme un problème d’une ampleur impressionnante. Toutes les prévisions montrent que l’on va assister à l’avenir à un accroissement spectaculaire des troubles mentaux. Il s’agit là d’une crise du XXIᵉ siècle ”. La plupart de ces troubles commencent pendant l’adolescence et durent le reste de la vie. Si l’on ajoute à ces chiffres le stress intense dans la vie quotidienne dont souffrent plus ou moins 25 % de la population, la déficience intellectuelle, l’inadaptation sociale, l’incompétence parentale, les actes autodestructeurs et bien d’autres problèmes humains non répertoriés par les organisations de la santé mentale, le total général de tous les gens vulnérables et affectés sur le plan psychologique correspond à une majorité de la population.
La dépendance.
Lorsqu’on pense aux comportements de dépendance, nous avons tendance à nous limiter aux abus de drogues illicites et d’alcool. Toutefois, le problème est beaucoup plus étendu que cela. Le problème de dépendance ne se limite pas aux drogues et aux substances chimiques; elle se retrouve dans plusieurs types de comportements. Par exemple, le jeu compulsif, les dépendances alimentaires, la dépendance à internet, la dépendance aux exercices et à l’entrainement physique, la dépendance au magasinage, la dépendance à l’amour, la dépendance à l’activité sexuelle… Bien que tous ces troubles de dépendance varient dans leur forme, il semble qu’ils soient régis par un ensemble de structures neuronales commun : un réseau de neurones connus sous le nom de système dopaminergique de récompense ou système de plaisir. Il est connu depuis longtemps que la dopamine joue un rôle dans le mécanisme d’action de la grande majorité des drogues. En effet, les drogues telles que les amphétamines, la cocaïne, la nicotine, la caféine, l’héroïne et l’alcool ont toutes pour effet de modifier la quantité de dopamine relâchée au niveau des jonctions synaptiques du système de récompense du cerveau. Aujourd’hui, nous savons que la dopamine est impliquée dans la plupart, sinon la totalité des comportements de dépendance. De nombreux travaux de recherche indiquent la similarité entre les différents comportements de dépendance. Il semble d’ailleurs évident que si une personne est à risque de dépendance pour une substance ou une activité, elle risque de l’être à plusieurs sources de dépendances. C’est pourquoi il est rare qu’une personne ne souffre que d’une seule et unique dépendance. En général, les personnes sont affligées de multiples dépendances.
Les docteurs Joseph Dispenza et Candace Pert poussent la notion de dépendance beaucoup plus loin. Pour eux, la définition est très simple : “ il s’agit de tout comportement et de tout état que nous n’arrivons pas à stopper ”. Ils incluent non seulement les comportements décrits précédemment, mais aussi l’ensemble des comportements humains, y compris ceux qui nous font souffrir et contribuent à notre malheur. Les explications et les mécanismes sous-jacents aux comportements de dépendance que donnent Dispenza et Pert débordent du modèle conventionnel au cœur duquel se trouve le système dopaminergique. Il concerne l’ensemble de nos cellules qui sont constamment bombardées par des substances nommées peptides endogènes. Il existe plusieurs peptides, soit des molécules qui circulent dans notre organisme et qui transportent des messages vers les cellules à la surface desquelles se trouvent. Tous nos états émotionnels sont associés à une activité neurale qui conduit à un relâchement de peptides qui vont se fixer sur des récepteurs cellulaires dans notre cerveau et partout dans notre organisme. Ces récepteurs spécifiques se multiplient sur la membrane cellulaire et la cellule devient en quelque sorte “ dépendante ” des peptides qui viennent se fixer et agir à sa surface. C’est ce qui explique, en partie, pourquoi nous cherchons sans cesse à reproduire une multitude de comportements et d’états émotionnels qui fournissent à nos cellules les peptides dont elles ont besoin.
Le problème avec toutes les dépendances est que nous avons toujours besoin d’une plus grande quantité de ce dont nous sommes dépendants. Il existe un état de manque non seulement aux substances qui stimulent nos neurones hédoniques, mais aussi aux peptides qui sont associés à des comportements destructeurs et à des états émotionnels négatifs. C’est ce qui explique pourquoi autant de personnes tolèrent des situations absolument épouvantables et remplies d’émotions négatives. Elles ont besoin de recréer des situations ou de reproduire des comportements qui vont les mettre dans ces états émotionnels négatifs et, du coup, envoyer à leurs cellules les substances chimiques réclamées par celles-ci. C’est pour cette raison qu’il n’est pas exagéré de dire qu’une grande majorité de la population est sous l’emprise de comportements de dépendance. C’est aussi pourquoi il ne faut pas se limiter aux drogues et aux jeux lorsqu’on parle de dépendance. Il suffit de placer l’être humain dans des situations répétées pour qu’il en vienne à les redemander, fussent-elles destructrices pour lui !
La violence.
Une des plus importantes manifestations du déséquilibre humain concerne les comportements violents. Dans un volumineux rapport publié par l’OMS (organisation mondiale de la santé) en 2002, nous pouvons lire ceci : “ le coût humain en peine et en douleur est évidemment incalculable. En fait, il est pour l’essentiel invisible. La technologie des satellites permet aux téléspectateurs d’être tous les jours témoins de certains types de violence – terrorisme, guerre, émeute et trouble civil –, mais bien plus de violence encore se produit loin des regards, dans les familles, dans les couples, sur les lieux de travail, voire dans des établissements médicaux et sociaux créés pour s’occuper des gens. Bon nombre de victimes sont trop jeunes, trop faibles ou trop malades pour se protéger. D’autres encore se taisent sous le poids des conventions ou des pressions sociales ”. Des recensements montrent que contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce ne sont pas les guerres qui font le plus de morts, mais plutôt les homicides et les suicides. Et, comme vous pouvez l’imaginer, les chiffres qui établissent la mortalité occasionnée par la violence sous-estiment l’étendue réelle de toute la violence qui existe. En effet, dans toutes les régions du monde, les décès ne représentent qu’une infime partie de toute la violence. Les agressions physiques et sexuelles sont quotidiennes et toutes les agressions ne se soldent pas par des traumatismes assez graves pour que la victime ait besoin de soins médicaux. Même parmi celles qui font des blessés graves, il est très difficile d’en dresser un bilan précis, sans compter que dans beaucoup de pays, bien des actes violents sont tout à fait considérés comme normaux et socialement acceptés. Les formes de violence et d’agressions sont tellement nombreuses et variées qu’il est impossible de toutes les énumérer.
Lorsqu’on regarde les données recensées, on ne peut que conclure que l’être humain à de sérieux problèmes d’équilibre mental. Les données sur le cerveau sont tout aussi impressionnantes, sinon plus que les statistiques que l’on pourrait présenter sur les déséquilibres humains. Des images de plus en plus précises nous montrent jusqu’à quel point l’équilibre humain est une question de bon fonctionnement du cerveau.
Pourquoi développer une conscience nouvelle.
Les problèmes liés aux déséquilibres humains se situent donc sur trois plans :
l’équilibre psychique et mental ;
les comportements de dépendance ;
les comportements violents.
Il va sans dire que dans une large mesure, beaucoup de ces problèmes sont reliés et interagissent entre eux. Notre humanité est peuplée d’une majorité de gens dont l’équilibre psychologique est fragile, voire sérieusement affectée. Cela ne fait pas obligatoirement d’eux de mauvaises ou malveillantes personnes. Toutefois, reconnaissons que dans bien des cas, les désordres psychologiques sont associés à des comportements qui comportent des risques pour l’individu ou son entourage. Il semble que l’on sous-estime l’ampleur et la portée du problème lié à ce quatrième bogue du cerveau humain. En effet, les désordres psychologiques sont responsables d’un nombre incalculable de problèmes individuels, familiaux, sociaux et politiques. Si l’être humain est prédisposé ou, à tout le moins, est fragile à tout ce qui est susceptible de toucher son équilibre psychique, il faut trouver des moyens pour l’aider à composer avec cette défaillance. Il faut aussi, comme tout problème, non seulement s’attaquer aux conséquences comme on le fait essentiellement actuellement, mais aussi aux véritables causes. Et, comme les problèmes liés aux déséquilibres humains se situent sur trois plans, les solutions aussi se trouvent sur trois plans.
Au premier plan, il y a la source du problème : l’individu. Il y a actuellement des centaines de milliers d’enfants maltraités dans nos sociétés. Ceux-ci naissent dans des familles dysfonctionnelles, sont souvent négligés, agressés, brutalisés, privés de soins affectifs, physiques et émotionnels. Les conséquences sont nombreuses jusqu’en plus de risquer de développer des troubles d’adaptation, ils sont aussi à risque de connaître des retards de développement affectifs, intellectuels et sociaux. Un grand nombre d’entre eux se retrouveront dans les rouages des systèmes sociaux chargés de leur venir en aide et, malheureusement, plusieurs répéteront la même chose avec les enfants qu’ils mettront au monde. De nombreux reportages et documentaires soulèvent ce problème en jetant notamment le blâme sur la société et les organismes de protection des enfants. On condamne évidemment les agresseurs et les parents malveillants, mais ce que l’on fait surtout, c’est que l’on accuse les systèmes sociaux de ne pas arriver à redonner aux enfants les soins et l’amour dont ils ont été cruellement privés.
Pourquoi n’arrivons-nous pas à comprendre que la réelle solution au problème de négligence et de maltraitance des enfants dans nos sociétés se trouve en amont ? À l’origine du problème, il y a des individus irresponsables et déséquilibrés qui se reproduisent et donnent naissance à des enfants qui se retrouvent dans des conditions absolument inacceptables où on les néglige, on les maltraite et on abuse d’eux. Par la suite, ceux-ci se retrouvent dans l’engrenage d’un système “ pompier ” qui doit mettre toutes ses énergies à éteindre des feux que des pyromanes ont allumés. Et ces pyromanes, ce sont des parents incompétents avec des problèmes de toxicomanie, de déséquilibres psychologiques, de pulsions sexuelles désinhibées et agressives latentes. Il ne fait aucun doute que l’on doive s’occuper des victimes : c’est évident. Mais il faut arrêter l’hémorragie à sa source et de cela, personne ne semble en être conscient et n’ose en parler ouvertement. C’est comme si on avait peur de passer pour des eugénistes nazis ou je ne sais trop quoi d’autre à partir du moment où l’on dit que des irresponsables ne devraient pas mettre au monde de pauvres enfants qu’ils ne traiteront pas comme tout être humain mérite de l’être. Pourtant, si l’on regarde lucidement le problème et sa cause, il faudra en venir à l’évidence que ceux qui décident de mettre des enfants au monde devraient démontrer leurs capacités à s’en occuper adéquatement, tout comme on l’exige de ceux qui veulent en adopter, qui prennent le volant, pilotent un avion, opèrent des machineries spécialisées ou encore pratiquent des interventions chirurgicales sur des êtres humains, sans quoi le problème perdurera et ne fera que s’aggraver. Toute profession exige des études, des permis, des certifications de compétences, mais pas pour l’acte le plus important qui soit : donner la vie à un être humain et s’en occuper par la suite pour qu’il se développe pleinement. Il faudrait développer des instruments de mesure pour s’assurer que ceux qui veulent avoir des enfants puissent démontrer qu’ils ont un assez bon équilibre psychologique pour assurer les soins affectifs, émotionnels et intellectuels de l’enfant qu’ils veulent mettre au monde. Les statistiques révèlent que beaucoup d’agresseurs ont eux-mêmes été agressés. Cela ne veut pas dire que toute personne ayant été négligée ou agressée deviendra elle aussi un agresseur, mais ayons l’honnêteté d’admettre que les probabilités sont plus élevées que dans le reste de la population. Chose certaine cependant : plus les enfants ont été victimes en bas âge de violence et d’agressions, plus les probabilités qu’ils subissent des séquelles psychologiques sont élevées. Alors, concentrons-nous sur la source directe de ce problème et arrêtons de jeter le blâme sur la société et les institutions chargées de venir en aide aux victimes. Cessons de faire preuve de rectitude politique en n’osant rien dire.
Au deuxième plan, il y a les systèmes et les industries qui entretiennent les déséquilibres de l’être humain et en bénéficient. D’une part, il y a l’abrutissement causé par les médias et d’autre part, il y a l’industrie vicieuse qui bénéficie des retombées de ce bogue et qui, par ailleurs, génère d’autres problèmes. Les êtres humains consomment à outrance de la bêtise humaine. Tous les jours, on a droit à des images de violence, de destruction, de guerre et de conflits dans les journaux et à la télévision. Comme si ce n’était pas assez, on nous balance des films et des téléséries où on reproduit les scènes d’horreur qu’on nous a présentées dans les journaux télévisés. C’est ainsi, comme l’a si bien dit Michael Moore lorsqu’il a reçu son Oscar pour son documentaire Bowling for Columbine, qu’on ne distingue plus très bien la réalité de la fiction et qu’on en vient à présenter des fictions comme des réalités. Comment, après tout ce gavage de négativité, de confusion et de mensonges, l’être humain peut-il être équilibré et sain d’esprit ?
L’industrie basée sur les bogues du cerveau est excessivement lucrative. D’une part, on truffe le cerveau humain d’images négatives de ses pires obscénités et bêtises. On le conditionne à reproduire les modèles comportementaux de ceux qui n’ont aucun amour, aucune compassion pour l’être humain, qui combattent les ennemis sur la simple base qu’ils sont différents de lui et on lui présente des modèles de comportements les plus primaires et vils les uns que les autres. Ensuite, on récolte non seulement des comportements désaxés, mais on l’intoxique aussi de drogues et de médicaments supposés le traiter de ses maladies existentielles. Puis, on met en place des centres de désintoxication pour ceux qui en ont abusé. On le soumet par ailleurs à des jeux qui génèrent des comportements compulsifs et on lui fait suivre des traitements spéciaux pour l’aider à s’en défaire et à retrouver une vie “ normale ”. Disons-le clairement : les déséquilibres humains sont payants, car les gens qui en sont affligés font tout pour les oublier, les anesthésier, les fuir et paradoxalement les reproduire. Comme le mal est répandu, il est facile de l’entretenir. Pathétique, n’est-ce pas ? L’être humain présente des lacunes neuronales qui sont exploitées par les industries. La fibre sensible est là ; il ne suffit que de trouver les moyens de la faire vibrer. Les multinationales de la consommation savent très bien comment faire et comme elles participent à l’enrichissement des dirigeants en place, elles s’en donnent à cœur joie. Les médias nous gavent de nouvelles au traitement sensationnaliste. L’information factuelle, impartiale et complète laisse vite sa place à l’info-émotion, car cela se vend tellement mieux. L’appât du gain est beaucoup trop tentant pour que la justesse d’esprit, l’honnêteté intellectuelle et la juste mesure priment. L’avènement et la grande popularité de la téléréalité montrent bien jusqu’à quel point l’être humain carbure aux émotions primaires et aux bas instincts. On nous place un beau miroir de l’idiotie humaine devant la figure et on le regarde sans réfléchir. On se dit : “ Voilà comment l’être humain est et comment il est déterminé à être ”. Voilà comment il est, oui, mais est-ce vraiment la seule manière d’être et de se comporter ? Est-ce vraiment ce qui va conduire notre société humaine vers un monde meilleur ? Est-ce vraiment ce qui va permettre à la nature humaine d’activer les neurones d’une conscience humaine nouvelle ? Malheureusement pas ! Et le problème est de taille, car la sottise humaine est rentable.
Tout comme il est important de se doter d’indicateurs de pollution afin d’acquérir des attitudes de consommation plus écologiques et de mettre au point des énergies propres et moins polluantes, un comité indépendant composé de psychologues, de neurologues et d’éducateurs pourraient créer un système d’indices de “ pollution mentale ” pour mesurer et relever les éléments négatifs qui viennent abrutir davantage le cerveau des gens. Ainsi, sans restreindre la liberté d’expression, tous les diffuseurs devraient mentionner l’indice de pollution mentale que contient leurs livres, leurs journaux, leurs émissions ou leurs films. En plus des indices de pollution mentale, on pourrait aussi imaginer des indices de stimulation de la conscience et de l’intelligence. Ainsi, le consommateur serait avisé et pourrait sélectionner pour lui-même et ses enfants, la qualité de l’information à laquelle il s’expose. Il pourrait par ailleurs se prémunir consciemment de toutes les aberrations qui non seulement se font sur la base des bogues humains, mais aussi connaître qui les exploitent, en tirent profit et les alimentent.
Au troisième plan, il y a l’éducation et les modèles que nous donnons aux enfants. C’est bien connu que la base de toute éducation réside dans la reproduction des comportements auxquels nous avons été exposés et que nous avons observés. Avant tous les grands principes et les systèmes de valeurs que nous pouvons enseigner, il y a l’imitation des modèles qui nous entourent. Ce phénomène n’est pas uniquement basé sur une banale reproduction des comportements observés, il repose plutôt sur un mécanisme de “ résonnance neuronale ”. En vertu de ce mécanisme, c’est en regardant les modèles qui l’entourent que les neurones de l’observateur s’activent de la même manière que ceux de celui qui est observé. Ce phénomène va donc très loin, puisque non seulement les comportements observés sont machinalement reproduits, mais le processus de résonnance neuronale conduit également à une structuration du cerveau de l’observateur. C’est pourquoi, notamment, les enfants reproduisent et adoptent des comportements de leurs parents, de leurs éducateurs et de leurs pairs, même si ceux-ci étaient complètement inadéquats, peu bénéfiques, voire destructeurs, pour eux et leur entourage. Ce phénomène que nous appelons résonnance neuronale, d’autres l’appellent “ résonnance sociale ”. Ainsi, comme l’explique Jacqueline Nadel et Jean Decety, les réactions émotionnelles se transmettent entre les membres d’une même espèce sans que les individus en soient conscients. Mais les mécanismes de la résonnance neuronale ne vont pas nécessairement et exclusivement s’activer pour reproduire des comportements souhaités. Ils vont préférentiellement s’activer en lien avec les aspects du comportement qui sont les plus évidents et les plus marqués. De la même manière que nos neurones ont retenues avec précision où nous étions et ce que nous faisions au moment où nous avons appris les attaques terroristes du 11 septembre 2001 à New-York, nous inscrivons dans nos circuits nerveux les aspects chargés émotionnellement des modèles que nous observons, que ceux-ci soient positifs ou négatifs. Donc plus les comportements observés sont marquants émotionnellement, plus les circuits de résonnance neuronale s’activent et plus des traces profondes s’inscrivent dans nos neurones. Comme nous l’avons vu avec le premier bogue du cerveau humain, nous sommes prédisposés à mieux percevoir le négatif que le positif. C’est pourquoi, il y a plus de chances que ce soit les pires modèles comportementaux qui soient enregistrés dans notre cerveau. Les bogues du cerveau humain sont ainsi faits qu’ils se manifestent sans aucun discernement. À moins, bien sûr, qu’une conscience ne gouverne tout cela, ce qui n’est pas le cas lorsque le système n’est pas entrainé à le faire et est laissé à lui-même. C’est pourquoi les paris de l’école et des systèmes de l’éducation sont aussi difficiles à gagner. Il serait sans doute plus juste de dire qu’ils ont plus souvent été perdus que gagnés, même si on aimerait croire le contraire. Les systèmes d’éducation remettent sans cesse en question leurs méthodes et ce n’est pas par hasard. C’est parce que celles-ci ne sont pas efficaces et ils le savent. Si l’école atteignait tous les objectifs qu’elle se fixe, elle ne douterait pas d’elle-même. On peut même affirmer une chose importante ici : la culture est toujours plus forte que l’éducation. Pas la culture des intellectuels, des artistes et des éducateurs, mais la culture populaire, celle qui se crée sur le conformisme et les pressions sociales (voir le 3ième bogue du cerveau humain). À titre d’exemple, prenons le langage parlé. Pendant que les responsables des institutions de l’éducation se battent pour instaurer des systèmes et des méthodes pour améliorer l’enseignement et la qualité de la langue française au Québec, la culture populaire suit son cours et l’emporte sur les meilleures intentions du monde. Ce même phénomène s’observe avec une multitude de comportements. Alors qu’on tente de sensibiliser les jeunes à une bonne alimentation, aux méfaits des drogues et de l’alcool, aux dangers des jeux d’argent, la culture populaire fait son œuvre. La malbouffe est une industrie excessivement lucrative, l’alcool et la drogue se vendent un peu partout sur le territoire, les jeux et les loteries sont répandues dans presque tous les commerces de proximité. Ils sont même gérés et rentabilisés par l’État dans bien des pays. Ces quelques exemples montrent bien que nos neurones ne résonnent pas de façon arbitraire et aléatoire. Notre système de résonnance neuronale que sont nos neurones miroirs répond à tout ce qui est significatif et stimulant pour lui. Les archétypes culturels qui ont sculpté nos substrats neuronaux et les véritables artisans de la culture populaire prédisposent les populations à répondre à des stimuli bien plus primaires que nobles, bien plus émotionnels que rationnels. Et cela, le psychiatre et anthropologue français Clotaire Rapaille, du Archetype Discoveries Worldwide, l’a très bien compris et appliqué dans la méthode qu’il a mise au point en publicité et en marketing. Il a cherché à décrypter quels codes instinctifs et émotionnels sont associés à tel ou tel produit de consommation et il a adapté toute une stratégie de marketing basée sur ces codes, de façon à faire résonner les cordes sensibles du consommateur au produit qu’on veut lui vendre. Si l’on considère le nombre de multinationales qui ont fait appel à ses services, il semble que cela fonctionne très bien. D’ailleurs, à bien des égards, la preuve a été faite que la publicité et le marketing sont bien plus efficaces que l’éducation pour façonner des comportements et pour générer des modes et des styles de vie.
Si nos systèmes éducatifs occidentaux ne sont pas très efficaces pour transmettre des valeurs souhaitées pour les jeunes générations, on ne peut pas en dire autant des systèmes islamiques, particulièrement là où les régimes extrémistes sont en place. Alors qu’en Occident, l’État et la religion sont séparés depuis plusieurs décennies, il n’en est pas encore ainsi au Moyen-Orient. Le conditionnement des populations commence alors qu’elles sont très jeunes. Les modèles qui leur sont présentés sont tellement puissants qu’on voit par la suite avec quel fanatisme ils peuvent réagir à tout ce qui vient de l’Occident. Les réactions extrêmes qui ont suivi les parutions des caricatures du prophète Mahomet publiées dans le quotidien danois Jyllands-Posten en 2005 et dans le journal français Charlie Hebdo en 2015 révèlent bien jusqu’à quel point le conditionnement aux valeurs islamiques est profond. Alors qu’en Occident on se plaint que les jeunes ont mis au rancart les valeurs d’antan, dans bien des pays musulmans, des milliers de fidèles sont prêts à se faire exploser pour combattre l’ennemi absolu que représentent les pays de l’Ouest. Ce conditionnement sans discernement commence en très bas âge et les risques de déborder dans un processus destructeur de non-retour sont de plus en plus grands. En effet, chaque jour, des millions de jeunes musulmans vont dans des écoles coraniques où on leur enseigne des incitations au crime et à la haine. Mais le Coran n’est pas le seul à inciter à la violence. Comme l’acceptation inconditionnelle de ces écrits religieux “ sacrés ” est pratiquée quotidiennement par des millions de fidèles, il y a franchement de quoi frissonner. Il importe de poser un regard lucide sur ce problème : il y a des religions qui enseignent à leurs fidèles de convertir toute la planète et d’exterminer tous ceux qui refuseraient de le faire. Cette philosophie de domination de la planète pour y créer un “ royaume de dieu ” à tout prix et par tous les moyens représente un danger énorme pour l’équilibre mondial. En étant conscients des bogues du cerveau humain, on comprend que le problème déborde l’individu pour atteindre des systèmes sociaux aussi importants. Il y a donc lieu de réclamer une commission spéciale de l’ONU (organisation mondiale des nations unies) qui serait chargée de censurer tous les écrits religieux dans le monde et d’en extirper les incitations à la haine et aux crimes contraires aux lois internationales et à la Déclaration universelle des droits de l’homme. Actuellement, il est impensable que des gens puissent voir leur tête mise à prix à cause d’une caricature de Mahomet, être emprisonnés ou condamnés à mort parce qu’ils abandonnent leur religion, se convertissent à une autre ou n’aient pas le droit de pratiquer une autre religion que celle qui domine, comme c’est le cas dans beaucoup de pays musulmans. Tout comme il n’est pas politiquement correct de dire que les gens déséquilibrés devraient s’abstenir de mettre des enfants au monde, que l’on devrait établir une échelle affichant l’indice de pollution mentale de telle émission, de tel roman ou de tels journaux, il ne l’est pas de dire que tous les textes religieux contraires aux droits de l’homme devraient être censurés. Avec 85% de la population mondiale qui pratique une religion et considérant la multitude de croyances, la paix sur la terre dépend d’une censure des écrits religieux qui dictent les interactions entre ces communautés. Un nouvel ordre mondial spirituel est plus que jamais nécessaire, celui qui enseignerait la tolérance réciproque, l’amour des différences.
L’équilibre mental de l’être humain est à ce point fragile qu’il faut que les personnes les plus conscientes du problème et de ses conséquences individuelles et collectives puissent mettre en œuvre des moyens de les soigner et, surtout, de les prévenir. À partir du moment où on est conscient de la vulnérabilité du cerveau humain, on ne peut tolérer que des gens sans scrupule exploitent celle-ci comme ils le font en ce moment et, du coup, l’accentuent. Au même titre qu’une société doit mettre en place un système de santé et d’éducation publiques ainsi que des services sociaux menés par des spécialistes, elle doit aussi faire appel à des spécialistes qui créeront des programmes et des méthodes préventifs et agiront comme des conseillers auprès des preneurs de décisions. C’est à cet égard, que je rappelle ici la proposition d’Henri Laborit, neurobiologiste et spécialiste du comportement humain en situation sociale : “ fournir à tous et à chacun, au-delà d’une information spécialisée, nécessaire à un travail technique, une information généralisée nécessaire à tout homme pour vivre en humain et non en chimpanzé. C’est même cette information généralisée qui lui permettra d’inclure les connaissances spécialisées dans la signification de l’individu au monde. Le rôle d’un pouvoir ne devrait pas être de “ former ” l’opinion, mais de fournir à chaque individu des éléments d’information nombreux et différenciés et les moyens d’apporter sa part imaginative à la construction jamais finie de la société humaine dans laquelle il vit. Mais pour cela, il est essentiel de lui fournir les bases objectives et expérimentales succinctes des mécanismes nerveux centraux et non plus seulement “ introspectives et langagières ”. Avant d’apprendre la table de multiplication et les problèmes des robinets, il est urgent de montrer comment ces mécanismes interviennent dans l’éveil et le sommeil, la recherche des dominances, dans les processus de mémorisation, d’attention, dans les automatismes socioculturels engrammés depuis la naissance, dans les motivations de l’agressivité instinctive et celles qui résultent des jugements de valeurs, dans l’imagination, dans l’anxiété qui constitue la résistance la plus efficace au changement des structures sociales, dans tout ce qui constitue ce que l’on appelle un “ psychisme humain ”. Avant de juger et de décider, avant d’autogérer, n’est-il pas indispensable pour quiconque de faire d’abord le point de nos connaissances actuelles, même en les vulgarisant, sur l’instrument par lequel s’opèrent ces jugements, ces décisions, ces autogestions ? Il existe une certitude humaine contemporaine, c’est que l’action ne peut continuer à être motivée par l’hypothalamus instinctif ou les automatismes limbiques, mais à tout intérêt à l’être par le cortex imaginant. Nous pensons qu’il est préférable de connaître avant d’agir, ne serait-ce que dans l’espoir, lorsque l’action s’engage, de nouveaux schémas structuraux ayant été élaborés, d’éviter que cette action n’aboutisse qu’à reproduire, à quelques variantes près, les situations et les erreurs du passé ”.
Dans le même ordre d’idées, je rappelle également l’existence du Mouvement Humanisation mis de l’avant par Gaston Marcotte, docteur en éducation et président-fondateur de ce mouvement originaire du Québec. Il propose une révolution essentiellement humaine soit une éducation axée sur le développement humain adaptée à chaque catégorie d’âge comme solution globale à la crise existentielle et écologique actuelle de l’humanité. Le mouvement humanisation est fondé sur le respect absolu de la vie comme valeur fondamentale, l’accès aux moyens de toujours s’humaniser davantage comme vision d’avenir, la mise en place de programmes d’humanisation comme mission essentielle et l’existence de plusieurs objectifs sociaux permettant de réaliser cette mission.
Un système d’éducation fournissant à tous, l’information généralisée telle que définie par Henri Laborit et les programmes de développement humain proposés par Gaston Marcotte, associés à une réelle possibilité de participation de tous à décider de la finalité de la structure sociale contribueraient sans aucun doute à l’amélioration de la santé mentale de la population et, espérons-le, à la motiver à vouloir toujours créer un monde meilleur, vraiment pour tous.
Lire la suite : transformez votre conscience : 5ième bogue du cerveau.
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