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Franchir les étapes de la conscience : poursuivre le chemin vers le Soi

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Jusqu’à maintenant, nous avons traité des attitudes qui favorisent l’évolution de la conscience, mais existe-t-il une approche qui prépare la “ mort ” de l’ego ? Existe-t-il une pratique spirituelle qui ouvre les portes de la conscience ? Dois-je faire du yoga ? Dois-je prier ? Dois-je méditer ?

Quelle que soit la pratique spirituelle à laquelle nous nous appliquons, elle repose toujours sur la vigilance ; vigilance dans l’ici-maintenant. Cette vigilance s’applique, bien sûr, à la méditation. Mais il faut bien distinguer l’aspect technique de la méditation de son aspect essentiel. Il existe plusieurs techniques de méditation pour exercer la vigilance, mais un seul état de méditation. Méditer, c’est techniquement répéter mentalement un mot choisi (mantra) et demeurer centré sur ce mot en laissant passer les pensées parasites qui perturbent notre concentration. L’objet de concentration peut-être aussi bien notre respiration ou une image. Par exemple, assis à l’extérieur, vous êtes concentré sur la couleur bleue du ciel, soudain, un oiseau traverse votre champ de vision. Nécessairement, vous le percevez. Méditer sur la couleur bleue du ciel, c’est percevoir le vol de l’oiseau sans le suivre des yeux ; il passera… Il ne s’agit pas de fermer les yeux pour éviter de voir l’oiseau, pas plus qu’il ne s’agit d’observer son vol en le suivant du regard.

La méditation est un entrainement à la vigilance. Et c’est là qu’on découvre le sens spirituel de la méditation. La vigilance qu’on développe dans l’exercice de concentration doit se transposer dans la vie quotidienne. Je deviens vigilant, je me vois fonctionner, je deviens conscient de ma façon d’être et de faire. Méditer devient un savoir-être dans la vie quotidienne. Chaque instant, mon mantra, c’est moi, mon ego, mes sentiments, mes émotions, mes pensées, c’est la conscience de mon être. La véritable méditation, c’est voir, percevoir tout ce qui se passe en moi, sans juger, en disant Oui à tout ce qui passe … pour qu’il passe.

Ainsi, quand la culpabilité monte en moi, c’est inutile de la nourrir ; il faut plutôt la laisser passer, comme l’oiseau. Il faut réparer si mon geste à causé du tort, si c’est possible. Sinon, il faut que je me pardonne et apprenne de cette expérience. Voilà ce qu’est la méditation sur la culpabilité qui n’est qu’une expérience parasite…

Quand je me surprends à juger mon semblable, c’est inutile de continuer ; il faut laisser passer mon jugement comme l’oiseau… Juger l’autre, c’est me juger, car nous sommes tous un. Tout ce que je fais à l’autre, c’est à moi que je le fais et le jugement sera inutile. Il faut plutôt me pencher sur ce qu’il dérange en moi à cause de ce que je n’accepte pas en lui et qui n’est souvent que le reflet de ce que je refuse en moi… Voilà ce qu’est la méditation sur le jugement qui n’est qu’un discours parasite…

Si la peine monte en moi, c’est inutile de la grossir par les discours de mon mental qui amplifient mon mal. Il faut la laisser venir en moi, comme l’oiseau entre dans mon champ de vision et elle passera, si je n’ai pas cherché à détourner mon regard de sa présence, ni cherché à la suivre de mon regard. Voilà ce qu’est la méditation sur la peine qui n’est qu’une émotion parasite…

Si la colère monte en moi, c’est inutile d’exploser avec violence, comme c’est inutile de me faire violence en la refoulant en moi. Il faut l’accueillir et elle passera, comme l’oiseau… La colère se transformera d’elle-même en courage d’être, cette puissance d’être qui me permet de faire respecter mes besoins dans le respect de ceux de mon semblable. Voilà ce qu’est la méditation sur la colère qui n’est qu’une émotion parasite…

Quand la souffrance monte en moi, il est vain de la fuir de mon regard, elle passera comme l’oiseau, si je l’accueille tendrement en moi. Elle se transformera en conscience quand elle m’aura appris en quoi, lorsque c’est le cas, je déroge aux lois de la nature. Voilà ce qu’est la méditation sur la souffrance qui n’est qu’une expérience parasite…

Mais si l’amour intense brille en moi, si la conscience d’être un avec tout me transcende, si je deviens amour, paix, harmonie, unité, alors j’ai atteint ce que je suis au plus profond de moi (Soi). Je suis devenu un avec mon mantra, je suis devenu unifié, je suis devenu Conscience-Amour.

Dans cet apprentissage de la vigilance, il faut toujours me rappeler que j’ai eu besoin d’innombrables pensées parasites qui m’ont déconcentré et détourné de mon mantra, que j’ai eu besoin d’innombrables émotions parasites qui m’ont détourné de ma véritable identité spirituelle imperturbable. Il faut aussi me rappeler que j’ai eu besoin d’innombrables souffrances pour me rappeler à l’ordre, m’indiquant que je marchais hors du chemin qui me convenait. Dans cet apprentissage de la vigilance, il faut me rappeler que je suis ce qui reste, quand tout est passé en moi, comme le ciel bleu est tout ce qui reste dans ma vision quand l’oiseau est passé.  “ Le Soi, c’est ce qui reste quand l’ego est passé de l’ombre à la lumière ”. Mes pensées, mes émotions, mes souffrances, sont des passeurs sur le chemin de la conscience. Ce sont mes véhicules qui me déplacent d’un point à un autre, de la surface à la profondeur de mon être. Plus nous descendons en nous-mêmes, plus nous nous élevons sur l’échelle de la conscience pour devenir de plus en plus Un avec la Vie.

Et, au terme de notre voyage vers une vie plus consciente, il nous est demandé de franchir une autre étape dans l’escalier de la conscience. Une marche de taille, il va sans dire, puisqu’il nous est demandé d’appliquer toutes les attitudes nécessaires à l’évolution du couple envers chacun. Puis-je regarder mon semblable en pensant : “ Si je coule, tu coules ; si tu coules, je coule ; nous sommes Un ”. Puis-je envisager la guerre, la famine, la torture lorsqu’est appliqué le “ si tu coules, je coule ”. Si je te tue, je me tue ; si tu meurs de faim, je meurs aussi ; si je te fais souffrir, je souffre comme toi. La guerre commence en soi. Ainsi en est-il de la paix ; elle commence toujours par le cœur. Et pour atteindre le cœur de l’être, l’ego doit se faire de plus en plus transparent en devenant de moins en moins égocentrique, de moins en moins égoïste, de moins en moins orgueilleux pour devenir de plus en plus Soi.

La méditation est d’abord une technique destinée à mourir pour que vienne l’état de méditation qui se transforme en méditaction : conscience agissante. Et, pour nous aider à vivre en méditaction, il est toujours possible de recourir au mantra de l’unité : “ Nous sommes Un ”, qui signifie : “ Si j’y arrive, tu y arrives ; si tu y arrives, j’y arrive ; tu es une main, je suis l’autre, nous formons la paire ”. Et, qui sait, appliqué avec vigilance, ce mantra pourra peut-être nous conduire encore plus loin dans notre traversée vers la Conscience…

Lire la suite : Conscience intéroceptive et défigement neurosensoriel : compléments de la méditaction.


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