Mieux vivre émotionnellement

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C’est la faute de : partenaire, collègue, ami, enfant, parent, etc., si je me sens ainsi. Malgré l’accusation et l’intention volontaire ou pas de leur part, il n’en demeure pas moins, que cette émotion-là est bel et bien une construction élaborée par vous-mêmes. Pour composer au mieux avec vos émotions, il est essentiel de connaître les éléments et les mécanismes en jeu dans cette construction émotionnelle. Pour nous aider à y voir un peu plus clair, nous présentons les principales explications de Estanislao Bachrach tirées de son ouvrage intitulé En El Limbo. Et pour décortiquer cette construction émotionnelle, sa formule de l’émotion, définie comme une intégration de sensations intéroceptives de nos états de plaisir et d’énergie, de nos expériences passées et d’éléments contextuel et culturel, nous servira de guide pour l’exploration de ce multi-système complexe.

Pourquoi est-il essentiel de mieux connaitre les rouages de votre univers émotionnel ? Tout simplement pour avoir une meilleure chance de devenir votre moi le plus authentique. Peut-être que vous pensez que « vous êtes comme vous êtes », mais en fait, ce n’est pas vrai. Vous pouvez devenir cette personne que vous avez toujours voulu être mais que vous pensiez, jusqu’à présent, impossible.  Apprendre à gérer ses émotions peut prendre toute une vie. Surtout, si vous avez grandi en pensant que certaines émotions étaient mauvaises. On vous a peut-être dit qu’il ne fallait pas se mettre en colère, que certaines joies n’étaient pas civilisées ou qu’il ne fallait pas pleurer. Ainsi, au lieu d’accepter vos émotions, on vous a appris à les repousser, à les refouler. C’est vrai : il est très facile pour les émotions de vous mener en bateau, mais cela ne doit pas vous intimider. Ce que Estanislao Bachrach vous propose, c’est d’apprendre à les enregistrer sans se laisser détourner, de cultiver la capacité de ressentir et d’écouter depuis un endroit aussi neutre que possible, en acceptant ce que l’on ressent. Au lieu de les catégoriser, regardez les émotions comme on regarde les nuages qui passent dans le ciel. Comme les nuages, les émotions sont transitoires. Vous pouvez les laisser vous traverser et les utiliser pour évoluer ou simplement les laisser se dissoudre. Donnez-leur de l’espace. Mieux vous les comprendrez et accepterez vos pensées et comportements, plus elles seront dans un lieu de sagesse et de clarté. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises émotions, il y en a qui sont plus agréables et d’autres qui sont plus pénibles. Le bien n’est pas toujours beau et le mal n’est pas toujours laid. Ou, pour le dire autrement, les belles choses qui arrivent dans votre vie ne sont pas toujours bonnes et les choses moins bonnes ne sont pas toujours mauvaises. Par exemple, en ce qui concerne un deuil, on peut avoir l’impression de vivre un moment horrible, mais on interprète – avec nos pensées – que ce qui nous arrive est bien ou mal. Et lorsqu’il s’agit de ce que vous ressentez, il n’y a pas de « devrait » ou de « ne devrait pas ». Ce que vous ressentez fait partie de ce que vous êtes et son origine échappe souvent à votre contrôle. Lorsque vous en serez convaincu, Estanislao Bachrach vous assure qu’il vous sera plus facile de prendre des décisions constructives sur ce que vous devez faire de ces émotions.

Selon Robert Thurman, premier moine bouddhiste occidental, l’autocompassion est la capacité la plus importante de notre esprit pour atteindre un meilleur équilibre et un plus grand bien-être. L’autocompassion consiste à être bienveillant envers soi-même lorsqu’on se sent inadéquat, incompétent, inapte, peu attirant. C’est prendre du recul et se rappeler que notre souffrance est partagée par beaucoup et que l’imperfection et la douleur font partie de l’expérience humaine. C’est aussi la capacité d’observer ouvertement ses expériences sans s’identifier à elles. En adoptant une attitude d’autocompassion, vous adoptez une perspective équilibrée à l’égard de vos émotions, afin que votre douleur ne soit pas niée ou réprimée, mais que vous ne vous y identifiez pas complètement non plus. Comme le dit la psychologue Kristin Neff : « On ne peut pas toujours obtenir ce que l’on veut. On ne peut pas toujours être la personne que l’on veut être. Et lorsque vous niez ou résistez à cette réalité, la souffrance apparaît sous forme de stress, de frustration et d’autocritique. En revanche, lorsque vous acceptez cette réalité avec bienveillance, vous générez des émotions positives telles que la compassion et l’attention, qui vous aident à faire face à votre situation ».

Même après trois ans de recherche sur les émotions, dans des articles scientifiques, des interviews et même à travers son propre esprit et son propre corps, Estanislao Bachrach n’a pas trouvé de définition scientifique de ce qu’est une émotion. Il n’a trouvé aucun auteur qui la définisse avec des preuves scientifiques et qui dise : « une émotion, c’est ça et ça ne se discute pas ». Cependant, il est clair pour lui et pour la communauté scientifique également, que sans émotions, on ne pourrait pas prendre de décisions. Et plus vous les connaîtrez et apprendrez à les réguler, meilleures seront les décisions que vous prendrez dans votre vie. En effet, si les différentes branches de la biologie et d’autres disciplines associées ne s’accordent pas sur la nature exacte des émotions, elles s’accordent sur leur importance vitale tant pour votre survie en tant qu’espèce que pour votre bien-être. Bien que ce monde émotionnel soit responsable de 95 % des décisions que vous prenez, l’éducation formelle ne nous apprend rien à son sujet. Bien évidemment, il est très difficile d’enseigner quelque chose que l’on ne connaît pas soi-même. Les informations et les exercices proposés par Estanislao Bachrach, peuvent vous servir de chemin, d’outil, d’espace et d’air, de pont pour construire une meilleure version de vous-même. Pour que vous compreniez que vous seul détenez la clé du bonheur. Pour que vous sachiez et ayez le courage d’affronter les moments de tension dans votre vie, peut-être avec peur, d’accord, mais le plus calmement possible. Pour que vous regrettiez moins les décisions que vous prenez et surtout ce que l’on nous dit toujours mais que l’on fait peu : apprendre de ses erreurs et des autres pour être de meilleures personnes, professionnels, voisins, collègues, enfants, parents ou grands-parents. Pour que vous vous rendiez compte que l’acceptation inconditionnelle de vos émotions est la porte d’entrée du vrai bonheur. Que la précision des mots que vous utilisez pour décrire ce que vous ressentez est essentielle. Que vos talents et vos intelligences peuvent être développés tout au long de votre vie et que l’effort est essentiel à cet égard. Que vous cessiez de considérer la réussite des autres comme une menace et que vous la considérez plutôt comme une occasion d’apprendre. Cessez de nier ou d’omettre une émotion et demandez-vous ce que cette émotion essaie de vous dire. Utilisez-les comme des données ou des signaux indiquant que quelque chose compte beaucoup pour vous. Sachez que vous êtes le propriétaire de vos émotions et qu’elles ne vous possèdent pas. Vous pouvez les concevoir et donc concevoir votre propre vie.

Ruut Veenhoven, directeur de la base de données mondiale sur le bonheur, définit celui-ci comme suit : « C’est la mesure dans laquelle vous aimez la vie que vous menez ». Et vous, à quel point aimez-vous la vie que vous menez ?

Estanislao Bachrach vous invite à classer de 1 à 10 ce que vous ressentez dans les dimensions suivantes :

Votre humeur générale habituelle : ….

Ce que vous ressentez par rapport à :

votre famille : …. vos amis : …. votre vie sociale : …. vos relations amoureuses : ….

votre travail ….  vos ressources financières : …. vos études : …. votre alimentation : …. votre contact avec la nature : …. votre pratique de l’exercice physique : ….

votre santé générale : …. votre créativité : …. vos loisirs : …. l’utilisation de votre temps : …. votre sentiment d’utilité : …. votre passé : …. votre présent : …. votre avenir : ….

Puisque vous allez lire sur les émotions et la conscience de soi, répondez à la question ci-dessous pour tirer le meilleur parti et personnaliser l’apprentissage que vous vous apprêtez à faire. Décrivez, en quelques phrases, ce qui vous motivent à améliorer votre compréhension des émotions.

1. Je veux en savoir plus sur les émotions, parce que :

2. Je veux apprendre à :

3. Pour m’aider à :

Intelligence émotionnelle.

Voici une définition très simple de l’intelligence émotionnelle (IE) : il s’agit de votre capacité à percevoir, comprendre, gérer et utiliser vos émotions de manière efficace. Cette façon de définir l’intelligence émotionnelle a été développée pour la première fois en 1990 par les médecins John Mayer et Peter Salovey, qui considéraient l’intelligence émotionnelle comme étant « la capacité à réguler les émotions et les sentiments, puis à les utiliser pour guider notre comportement ». Comme toutes les autres intelligences décrites, le quotient émotionnel (QE) varie également d’une personne à l’autre. Beaucoup de gens ont de la difficulté à distinguer leurs émotions et à explorer le pouvoir qu’elles ont sur leur esprit, leur corps et dans leur vie. Maîtriser le langage des émotions peut vous aider à mieux vivre votre relation de couple, dans votre travail et à avoir des relations plus saines avec les autres. De nombreuses études menées au fil des ans ont montré à maintes reprises que l’amélioration de votre QE renforce votre esprit et vous aide à mener une vie plus heureuse. Dans la vraie vie, l’intelligence émotionnelle se définit comme la manière dont vous portez, gérez et exprimez vos émotions, vos sentiments et vos humeurs de la manière la plus efficace possible. Si vous êtes une personne équilibrée, empathique et sociable, vous serez probablement plus consciente de vos émotions qu’une personne démotivée et dépourvue d’empathie. Dans les médias et dans le grand public, l’intelligence émotionnelle est devenue plus à la mode grâce à l’excellent travail réalisé en 1995 par Daniel Goleman, qui a décrit les qualités ou caractéristiques suivantes présentes chez les personnes émotionnellement intelligentes : capacité à reconnaître ses propres émotions, capacité à comprendre les émotions des autres, capacité à écouter les autres sans les juger, capacité à participer activement à la communication interpersonnelle en comprenant les indices comportementaux non verbaux, capacité à gérer ses propres pensées et sentiments, capacité à gérer et à exprimer ses émotions d’une manière socialement acceptable, capacité à recevoir des critiques de manière positive et à en tirer profit, capacité à pardonner, à oublier et à avancer dans la vie de manière rationnelle. Si le QI (quotient intellectuel rationnel) représente votre capacité à analyser et à comprendre les choses de manière logique, le QE représente votre capacité à vous adapter à la réalité et à survivre en harmonie avec les autres. Salovey et Mayer, et plus tard Goleman, ont identifié quatre facteurs sur lesquels vous pouvez travailler pour améliorer votre intelligence émotionnelle : 1) votre conscience de soi, 2) la gestion de vos émotions, 3) la compréhension des émotions des autres et 4) vos compétences sociales. L’intelligence émotionnelle découlent de ces quatre facteurs.

Nous pouvons dire que nous sommes face à une révolution dans la compréhension des émotions, mais aussi de l’esprit et du cerveau en général. C’est essentiel : votre esprit, ce sont vos pensées et vos émotions. Votre esprit est votre cerveau en action. En d’autres termes, c’est votre cerveau qui vous permet de penser et de ressentir. Cette révolution nous oblige à repenser nos attitudes à l’égard des maladies mentales et physiques, notre compréhension des relations personnelles et notre approche de l’éducation des enfants, sans oublier notre vision de nous-mêmes, quel que soit notre âge. Dans le monde d’aujourd’hui, l’éducation, les familles et les environnements sociaux manquent cruellement de soutien et d’encouragement à la communication, à l’expression et à la compréhension des expériences émotionnelles quotidiennes. Les écoles, pour la plupart, se concentrent sur la réussite scolaire pour survivre dans cette société technologique, ce qui laisse moins de possibilités pour le développement émotionnel. La facilité avec laquelle vous ressentez des émotions et le peu ou l’absence d’effort que vous faites pour intégrer les émotions des autres ne signifient pas que chaque émotion a un modèle distinctif, ou une empreinte, sur votre visage, votre corps ou votre propre cerveau. Des centaines d’expériences et d’articles scientifiques démontrent le contraire. Au lieu de se demander où se trouvent les émotions ou quels sont les schémas corporels qui les définissent, la science moderne fonde aujourd’hui ses expériences sur la compréhension de la manière dont votre cerveau, avec votre aide, construit ces expériences incroyables. Estanislao Bachrach vous propose des exercices qui vous aideront à mieux vous connaître et à mieux connaître vos sensations internes et vos perceptions externes ; à améliorer votre vocabulaire émotionnel ; à gérer plus efficacement ce que vous ressentez en fonction du contexte ou de la situation et à connaître les autres plus en profondeur. Tout cela profitera à l’ensemble de vos relations interpersonnelles et vous aurez moins de regrets quant aux décisions que vous prendrez dans votre vie personnelle et professionnelle.

Pour la biologie contemporaine du cerveau, les émotions dépendent de trois éléments qui constitue pour Estanislao Bachrach la formule de l’émotion.

Élément 1 : l’intéroception, qui est la combinaison de l’intensité du plaisir que vous ressentez à un moment donné et de l’intensité de l’énergie. L’intéroception est produite par des zones spécifiques du cerveau appelées intéroceptives. Elles reçoivent des informations et interprètent ce qui se passe seconde par seconde dans le corps. Grâce à cette interprétation, elles traduisent vos états d’énergie – faible/élevé – et de plaisir – faible/élevé – du moment.

Élément 2 : vos expériences passées, tout ce qui vous est arrivé dans votre vie, s’il est similaire à ce que vous vivez, aura un certain impact sur ce qui vous arrive en ce moment. En effet, vos expériences passées influencent la manière dont vous interprétez et donnez un sens et une signification – par vos pensées – aux circonstances et aux événements qui se produisent dans votre vie aujourd’hui.

Élément 3 : le contexte dans lequel vous vivez cette situation particulière fera une différence dans la manière dont vous vous sentez, car les mêmes situations avec les mêmes interprétations mais dans des contextes différents peuvent modifier – ou non – votre état émotionnel à ce moment-là.

D’où Émotion = Intéroception (intensité de la sensation de plaisir et d’énergie) + Expériences passées + Contexte. Cette formule découle de ce que l’on appelle la nouvelle approche de l’explication des émotions : la théorie constructionniste des émotions. Elle-même découle de nouvelles preuves neuroscientifiques du fonctionnement du cerveau et de sa capacité à interpréter ce qui se passe dans le corps à chaque seconde. Nous passons tous par différents états émotionnels au cours de notre vie : extrême, léger ou plus neutre. Non seulement on ne peut pas les éviter, mais ils jouent un rôle clé dans la prise de décisions, pour le meilleur et pour le pire.

Mais est-il important que chacun connaisse ses émotions ? Michael Gelb a mené une étude auprès d’un millier de leaders mondiaux dont la plupart appartenaient au monde des affaires, mais il y avait aussi des leaders spirituels, politiques et sociaux. Dans le cadre de l’enquête, on leur a posé cinquante questions très variées. C’est la réponse à l’une d’entre elles qui a vraiment attiré l’attention des chercheurs. Dans cette question, il leur était demandé de recommander, selon leurs critères et leur vaste expérience de la gestion d’organisations et de personnes, laquelle de toutes les intelligences actuellement classées était la plus importante à développer et à améliorer pour devenir un bon dirigeant. Avant de vous dire ce qu’ils ont répondu, Estanislao Bachrach rappelle la théorie des intelligences multiples : 1) L’intelligence linguistique : c’est la capacité à maîtriser le langage et à communiquer avec les autres. Il s’agit non seulement de la capacité à communiquer oralement, mais aussi d’autres formes de communication telles que l’écriture, les gestes, etc. 2) L’intelligence logico-mathématique : il s’agit de la capacité à raisonner logiquement et à résoudre des problèmes mathématiques. La rapidité avec laquelle vous pouvez le faire est l’indicateur qui détermine votre niveau d’intelligence logico-mathématique. 3) L’intelligence spatiale : également connue sous le nom d’intelligence visuo-spatiale, il s’agit de la capacité à observer le monde et les objets sous différentes perspectives et donc à concevoir des images mentales, à dessiner, à détecter les détails, ainsi qu’à développer un sens personnel de l’esthétique. 4) L’intelligence musicale : la musique est un art universel ; toutes les cultures ont une forme de musique, plus ou moins élaborée. Il existe donc une intelligence musicale latente chez tous les individus. Certaines zones du cerveau exercent des fonctions liées à l’interprétation et à la composition de la musique. 5) L’intelligence corporelle et kinesthésique : c’est la capacité à utiliser des outils. D’autre part, vous avez des capacités plus intuitives, comme l’utilisation de l’intelligence corporelle pour exprimer des sentiments à travers votre corps. 6) L’intelligence intrapersonnelle : c’est l’intelligence qui vous permet de comprendre et de gouverner votre sphère interne en termes de régulation de votre propre comportement. 7) L’intelligence interpersonnelle : elle consiste à être capable de remarquer des choses chez les autres au-delà de ce que vos sens sont capables de saisir. C’est une intelligence qui permet d’interpréter les mots, les gestes ou les objectifs de chaque discours. Elle évalue votre capacité à faire preuve d’empathie à l’égard des autres. Elle est très précieuse pour les personnes qui travaillent avec de grands groupes. Votre capacité à détecter et à comprendre les circonstances et les problèmes des autres est plus facile si vous possédez et développez votre intelligence interpersonnelle. 8) L’intelligence naturaliste : elle permet de détecter, de différencier et de catégoriser les aspects liés à l’environnement, par exemple les espèces animales et végétales ou les phénomènes liés au climat, à la géographie et à la nature en général. Il s’agit d’un type d’intelligence essentiel à la survie de l’être humain ou de toute autre espèce et qui a donné lieu à l’évolution. 9) L’intelligence existentielle : alors que certaines personnes vivent sans s’attarder sur le sens des choses, les personnes dotées d’une intelligence existentielle élevée ont tendance à méditer sur leur existence. Ces réflexions peuvent porter sur le sens de la vie et de la mort. La recherche du sens, la connaissance de soi, une échelle de valeurs morales appropriée, le plaisir de l’esthétique et le sens du mystère sont quelques-unes des manifestations de ce type d’intelligence. 10) L’intelligence créative : englobe la capacité à produire de nombreuses idées – fluidité – à voir et à aborder les situations de différentes manières – flexibilité – et à produire des réponses inhabituelles ou nouvelles – originalité. 11) L’intelligence collaborative : est la capacité à choisir la meilleure option pour atteindre un objectif donné en travaillant ensemble. Toutes ces intelligences peuvent être entraînées et affinées. Les 1 000 dirigeants consultés ont répondu : l’intelligence intrapersonnelle. Il s’agit ni plus ni moins que de l’intelligence émotionnelle. Elle englobe au moins deux concepts de base et fondamentaux de l’intelligence émotionnelle : 1) la conscience de soi (savoir comment on se sent et pourquoi on se sent ainsi) et 2) la régulation émotionnelle (être capable de gérer les émotions stressantes pour se concentrer sur ses objectifs et choisir consciemment ses réponses aux personnes et aux situations). Que vous souhaitiez devenir un leader ou simplement une meilleure personne ou un meilleur professionnel, la connaissance, la compréhension et la régulation de vos émotions sont essentielles à votre bien-être et à votre efficacité. Cependant, au cours des premières années de la vie, vous n’apprenez que peu de choses à leur sujet. Cette étape est fondamentale car elle a une grande influence sur la façon dont vous vous comporterez à l’âge adulte. Vos tuteurs vous ont aidé à façonner vos réactions émotionnelles et vous ont appris à être, en faisant ce qu’ils pouvaient mais sans carte routière. N’ayant pas les compétences nécessaires pour gérer les tempêtes émotionnelles et manquant de soutien familial, vous avez peut-être développé la croyance qu’il est préférable de supprimer ou de réprimer les émotions. Ou bien vous faites partie de ceux qui, dans leurs efforts pour trouver une voie, ont développé la philosophie opposée : toujours être spontané. Ou ceux qui finissent par apprendre à ne pas faire confiance aux émotions des autres, ce qui les conduit à ne pas faire confiance à leurs propres signaux émotionnels. Ou encore ceux qui préfèrent ne pas avoir d’émotions du tout. Cependant, nous sommes tous très émotifs. Malgré tous vos efforts pour contrôler vos états émotionnels, votre émotivité surgit chaque fois qu’elle le peut, pour donner naissance à des espoirs, des craintes, des désirs et des peurs. Être humain signifie vivre émotionnellement, connaître des changements et des fluctuations d’humeur et de sentiments en réponse à la vie quotidienne, mais aussi profiter de périodes de stabilité agréables et calmes, pleines de curiosité, d’intérêt et de joie de vivre. Si vous êtes émotif, c’est parce que les émotions font partie de votre intelligence totale. Vos émotions élargissent clairement votre intelligence. La peur vous indique que vous êtes en danger, la tristesse que vous avez perdu quelque chose d’important et la joie que vous avez atteint un objectif. Vos émotions vous donnent des informations sur votre bien-être. Elles vous indiquent si vous répondez à vos besoins et à vos objectifs ou si vous les contrecarrez. Elles guident vos décisions en réduisant les alternatives à considérer. Combinées à la raison, elles vous rendent plus efficace dans des environnements en constante évolution. Elles vous aident à vous adapter au monde et à résoudre des problèmes. En d’autres termes, elles vous aident à mener votre vie.

Croyance.

En quoi croyez-vous ? Saviez-vous que votre cerveau ne se préoccupe pas de savoir si quelque chose est réel ou imaginaire ? En fait, il ne s’intéresse et n’écoute que ce que vous croyez. Si vous pensez que votre patron est une mauvaise personne, votre cerveau cherchera toutes sortes d’arguments pour vous donner raison. Si vous pensez que votre voisin est quelqu’un de très bien, votre cerveau cherchera toutes sortes d’arguments pour vous donner raison. Bref, votre cerveau aime avoir raison, parfois même plus que d’être heureux. Et attention ! Il n’a aucun sens de l’humour. En d’autres termes, tout ce que vous lui direz – avec vos pensées et vos émotions – il le croira. C’est pourquoi vos croyances, qui sont vos habitudes de pensée, déterminent ce qui est vrai ou imaginaire pour vous. Cela reviendrait à dire que c’est vous qui créez votre réalité. Vos croyances naissent principalement et fortement au cours de votre enfance. Ensuite, en grandissant, votre niveau de connaissance, les expériences que vous vivez dans votre vie et les choses auxquelles vous accordez plus d’attention – où vous mettez votre attention interne et externe – contribuent également à renforcer, à changer ou à remodeler vos croyances. Vos croyances sont physiquement représentées dans votre cerveau par des connexions synaptiques très fortes comme c’est le cas aussi pour vos habitudes comportementales. En d’autres termes, vos croyances sont votre façon de penser. Souvent, ce sont vos croyances qui vous font vous sentir mal à l’aise dans diverses situations, et non les situations elles-mêmes. Pour votre cerveau, il est donc essentiel de savoir en quoi vous croyez. C’est pourquoi, lorsque vous voulez ou devez apprendre quelque chose de nouveau – c’est-à-dire changer – la première chose que Estanislao Bachrach vous conseille de faire est de vous demander – et de vous répondre très honnêtement – si vous croyez que vous pouvez le faire. Si vous croyez en vous. Si vous ne croyez pas que vous pouvez vous améliorer ou apprendre quelque chose de nouveau, cela ne signifie pas que vous n’y parviendrez pas, mais assurément le chemin et le processus de ce changement ou de cet apprentissage seront accompagnés de souffrances. C’est-à-dire que non seulement vous aurez mal, comme dans presque tous les processus de changement, mais vous ajouterez un quota de souffrance : je n’y arriverai pas, je ne suis pas doué, c’est trop difficile, cela me prend trop de temps, etc. L’estime de soi, la confiance que l’on a en soi, est très importante. Une fois que vous avez fait face à ce changement ou à cet apprentissage en croyant en vous-même, la deuxième question à vous poser est de savoir si vous voulez vraiment changer ou apprendre cette nouvelle chose. Sans désir et sans motivation, le chemin sera à nouveau celui de la souffrance. En d’autres termes, vous pourrez peut-être y parvenir, mais en souffrant, en ruminant à l’intérieur de vous-même, encore une fois. Enfin, après avoir cru en soi et avoir eu la volonté de le faire, il suffit de commencer à pratiquer cette nouvelle chose. Il n’y a pas de formule pour savoir combien de temps il faut pratiquer, car cela dépend toujours de chacun d’entre nous – nous sommes tous différents. Mais il est intéressant et intelligent de considérer l’apprentissage et le changement comme un processus. Il en va de même pour vos émotions. En bref, croire que vous pouvez changer et continuer à apprendre tout au long de votre vie est essentiel pour vos chances de réussite. Les émotions ont un grand pouvoir de changement, plus encore que les preuves scientifiques que quelqu’un peut vouloir vous montrer ou utiliser pour essayer de vous convaincre de quelque chose. D’autre part, Estanislao Bachrach vous rappelle que vos croyances, qui sont votre façon d’interpréter ce qui vous arrive, sont ce qui, en fin de compte, avec d’autres facteurs, détermine ce que vous allez ressentir dans différentes circonstances. Comprendre et enregistrer ses croyances est la clé pour connaître et réguler ses émotions. Au cours des dernières années, des données et des expériences très robustes nous montrent que les émotions n’apparaissent pas face aux situations de la vie, mais qu’elles sont plutôt nos propres constructions personnelles. Cela n’enlève rien à leur importance et à leur valeur. Au contraire, cela nous donne des outils pour mieux nous connaître et pour mieux les gérer au quotidien, ce qui nous procure un plus grand bien-être et, surtout, fait en sorte que ce bien-être soit plus durable dans le temps. Autrement dit, vous pouvez être le concepteur de vos émotions et l’architecte de vos expériences.

Menace et émotion.

Plaisir, je m’approche ; menace, je m’éloigne. Il s’agit d’une fonction essentielle du cerveau limbique. En d’autres termes, le cerveau limbique analyse toutes les données qui lui parviennent et décide essentiellement de ce à quoi il faut prêter plus et mieux attention afin de prendre des décisions sur la base de ces données. En revanche, pour une question de survie, votre cerveau limbique est beaucoup plus sensible aux petites menaces qu’aux grandes récompenses. Votre ancêtre Homo sapiens était très, très attentif au manque de nourriture, aux léopards, aux conditions climatiques extrêmes et à d’autres menaces, et c’est ce qui lui a permis de survivre sur la planète et de conquérir toutes les géographies et tous les climats. Il l’a fait en activant le système de réponse aux menaces qui vous permet de vous figer, de vous battre ou de fuir face à des dangers réels ou imaginaires. Pour que les neurones, ou n’importe quelle cellule de votre corps, fonctionnent correctement, ils ont besoin de glucose (nourriture) et d’oxygène (respiration). Ainsi, face à un danger réel ou imaginaire, lorsque le système instinctif (reptilien) de réponse à la menace de votre cerveau se met en marche, il a besoin de beaucoup de glucose et de beaucoup d’oxygène. Lorsque ces deux éléments sont acheminés vers cette région gourmande en énergie (réponse à la menace), les régions du cerveau responsables de la pensée logique (votre moi rationnel) et de la gestion de vos émotions (cortex préfrontal) sont presque privées de nourriture et d’oxygène. En effet, la quantité de glucose et d’oxygène que vous apportez à votre cerveau n’est pas infinie, par conséquent, toutes les zones ou régions du cerveau ne peuvent pas être satisfaites de leur demande énergétique en même temps. Cela vous permet de comprendre pourquoi, lorsque vous êtes confronté à des situations de menace ou d’incertitude, vous avez tendance à mal gérer vos impulsions et à ne pas maîtriser vos émotions. Ces neurones disposent de moins d’oxygène et de glucose. En fin de compte, vous avez tendance à regretter vos décisions, vos actions ou vos comportements. Dans une situation de nouveauté ou de danger réel ou imaginaire, tout vous semblera plus hostile et, d’une manière générale, votre fonctionnement et vos performances se détérioreront. De plus, pour ajouter une mauvaise nouvelle, le « système de freinage » de vos impulsions et de vos réactions émotionnelles – le cortex préfrontal latéral ventral droit pour être plus précis – est comme une batterie qui se décharge au fil de la journée. Plus vous l’utilisez, plus il s’use, et c’est donc généralement la nuit que vous êtes le plus sensible ou prêt à sauter impulsivement, et parfois violemment, sur le premier obstacle qui se présente à vous.

L’architecte de vos expériences.

Votre cerveau est un système extrêmement complexe car, dans une seule structure physique – une zone particulière avec des neurones – il peut reconfigurer ses milliards de neurones pour construire un vaste répertoire d’expériences, de perceptions et de comportements. C’est cette complexité qui vous permet d’être l’architecte de vos expériences, y compris de vos émotions. Il est clair que vos gènes, ainsi que vos expériences, contribuent également à remodeler votre cerveau et, par conséquent, à remodeler et à changer votre esprit. Tout cela permet de conclure que ce que nous ressentons comme vrai, le sentiment de savoir ce qui est vrai à propos de vous, des autres et du monde qui nous entoure, est fondamentalement une illusion créée par notre cerveau. Ce qu’il fait en réalité, c’est prédire pour nous aider à composer avec ce que nous expérimentons au cours de la journée. Nous savons aujourd’hui que vos neurones sont constamment actifs, se stimulant les uns les autres à des niveaux, des vitesses et des intensités différents. Au cours de cette activité cérébrale intrinsèque, votre cerveau fait des millions de prédictions sur ce que vous rencontrerez dans le monde à la seconde suivante, sur la base de vos expériences passées. Nombre de ces prédictions se situent à un micro-niveau : prédire la signification de l’intensité de la lumière, du timbre du son et d’autres informations qui vous parviennent par l’intermédiaire de tous vos sens. D’autres prédictions se situent à un niveau macro : si vous interagissez avec un ami dans un certain contexte, votre cerveau prédit qu’il va sourire. Si la prédiction est erronée, votre cerveau dispose de mécanismes permettant de la corriger et de faire de nouvelles prédictions et de nouvelles actions. En réalité, votre cerveau ne reste pas assis à attendre une situation, mais prépare en permanence de multiples prédictions d’action et de perception, tout en rassemblant des éléments de preuve à sélectionner. Dans la vie réelle, les moments ne sont pas indépendants les uns des autres, mais chaque état du cerveau influence l’état suivant. Ce cerveau prédictif offre une occasion sans précédent de faire de nouvelles découvertes sur la façon dont les humains créent leur esprit, y compris leurs émotions. Les preuves les plus récentes suggèrent que les pensées, les sensations, les perceptions, les souvenirs, la prise de décision, les catégorisations, l’imagination et toutes sortes de phénomènes mentaux, qui étaient souvent traités comme des processus cérébraux distincts, peuvent être réunis en un seul mécanisme : la prédiction. La prédiction élimine également l’un des modèles préférés des scientifiques pour expliquer le fonctionnement du cerveau : la lutte pour le contrôle du comportement entre la rationalité et les émotions. En d’autres termes, l’idée traditionnelle selon laquelle un stimulus provoque une réponse est assez intuitive, mais erronée. Vos neurones ne cessent de se stimuler les uns les autres, parfois des millions à la fois. Donnez-leur suffisamment d’oxygène et de nutriments et ces cascades massives de stimulation, que nous connaissons déjà sous le nom d’activité cérébrale intrinsèque, se poursuivront de la naissance à la mort. Cette activité n’a rien à voir avec une réaction déclenchée par le monde extérieur, elle s’apparente davantage à la respiration, un processus qui ne nécessite aucun catalyseur externe. Et elle n’est pas aléatoire. Elle est constituée d’un réseau de neurones qui se connectent et se déclenchent ensemble de manière cohérente. Ces réseaux intrinsèques jouent un rôle clé dans notre formule des émotions : Émotion = Intéroception (interprétations par les zones intéroceptives de vos états de plaisir et d’énergie faibles/élevés) + Expériences passées + Contexte. En bref, l’activité intrinsèque de votre cerveau consiste en des millions et des millions de prédictions ininterrompues. C’est par le biais des prédictions que votre cerveau construit le monde dont vous faites l’expérience. Il combine des fragments de votre passé et estime comment chacun de ces fragments s’applique à votre situation actuelle. L’activité de prédiction du cerveau est si fondamentale que certains scientifiques la considèrent comme le principal mode de fonctionnement du cerveau. Ce qui est encore plus fou, c’est que les prédictions ne se contentent pas d’anticiper les informations sensorielles du monde extérieur, mais qu’elles les expliquent. Si votre cerveau n’était que réactif, il serait très inefficace pour vous maintenir en vie. On peut donc dire que votre cerveau a été conçu au fil de l’évolution pour être capable de prédire efficacement. C’est par le biais de prédictions et de corrections que votre cerveau crée et révise continuellement votre modèle mental du monde. Il s’agit d’une simulation massive et permanente qui construit tout ce que vous percevez tout en déterminant comment vous devez agir. Cependant, les prédictions ne sont pas toujours correctes lorsqu’elles sont comparées aux informations sensorielles réelles, et votre cerveau effectue des corrections. En fait, ces erreurs de prédiction ne sont pas un problème, mais une partie normale des instructions de fonctionnement lorsque votre cerveau absorbe des informations sensorielles. Sans erreurs de prédiction, la vie serait ennuyeuse : rien ne serait nouveau ou surprenant, et votre cerveau n’apprendrait plus jamais rien de nouveau. À l’âge adulte, la plupart du temps, les prédictions sont relativement exactes, sinon votre vie serait faite d’incertitudes, de surprises ou même d’hallucinations permanentes. La multitude de prédictions s’exécute massivement en parallèle dans différentes zones de votre cerveau, dans un processus continu tout au long de votre vie, créant la vue, l’odorat, le son, le goût et le toucher qui constituent vos expériences et dictent vos actions. Le cerveau peut modifier ses prédictions pour les adapter aux données réelles (tel un scientifique sérieux) ou choisir sélectivement les données qui concordent avec son hypothèse, en ignorant les autres (tel un scientifique peu sérieux). Il peut aussi ignorer toutes les données tout en maintenant ses prédictions comme étant réelles. De nombreux phénomènes mentaux peuvent être compris comme une combinaison de prédictions et d’informations sensorielles. Ce qui détermine dans quelle mesure votre expérience est liée au monde extérieur par rapport à ce qui se passe dans votre tête. Par exemple, du côté des prédictions pures, on peut citer les rêveries, les souvenirs, les illusions de soi, les hallucinations, l’effet placebo, l’imagination, les illusions d’optique et les prédictions qui correspondent aux informations sensorielles ; et du côté des informations sensorielles, les états méditatifs, certains autismes ou les trips au LSD. Du point de vue du cerveau, votre corps n’est qu’une autre partie du monde qu’il faut expliquer. Pour gérer toutes ces dépenses et réapprovisionnements, votre cerveau passe son temps à prévoir l’énergie dont votre corps a besoin à chaque instant, comme s’il s’agissait du budget d’une entreprise ou d’un pays. Pour établir au mieux ce budget énergétique, votre cerveau s’appuie sur toutes vos expériences passées. Comme tout commerçant, entreprise ou famille, qui doit tenir compte de ses bénéfices ou revenus et de ses dépenses ou sorties afin d’établir des budgets pour ses comptes, le cerveau dispose également de ces zones chargées d’éviter la faillite de votre entreprise et de la faire survivre. Tout en créant des pensées, des sensations et des perceptions, il établit le budget de tous les comptes de votre corps. Il s’occupe également de l’alimentation de votre corps, par exemple l’apport de nutriments tels que l’eau, les sels, le glucose. Le maintien de l’équilibre de ces comptes est connu sous le nom d’allostasie. Dégénérescence, complexe, prédiction, simulation, réseaux intéroceptifs et budget énergétique sont des informations clés pour comprendre le monde de vos émotions et comment elles sont générées, ou plutôt comment vous pouvez les concevoir.

Quelles sont les choses que vous n’avez jamais eues et que vous aimeriez avoir ainsi que les choses que vous n’avez jamais faites et que vous aimeriez faire ?

À laquelle de ces phrases vous identifiez-vous le plus ? Je suis un(e) raté(e). Je ne peux rien faire. Personne ne m’aime. Je ne suis pas assez bon. Je vais toujours me tromper. Pourquoi me soucier de moi si je ne vais pas réussir. Tout le monde se fiche de moi. Avez-vous des preuves (des faits) pour étayer ces sentiments ? Notez-les.

Répondez aux questions suivantes sans chercher de solutions. Soyez honnête envers vous-mêmes.

1) Pensez aux personnes qui ne vous connaissent pas en profondeur : quel est le préjugé/la perception erronée qu’elles reçoivent de vous ? Imaginez qu’un groupe de personnes que vous connaissez parle de vous dans votre dos : quelles critiques ou aspects négatifs souligneraient-elles ?

2) En Repensant à votre enfance : quelle était votre plus grande peur ou votre plus grande inquiétude ? Qu’est-ce qui vous rendait anxieux (l’anxiété est une peur généralisée, pas une peur spécifique) ? Qu’est-ce qui vous empêchait de dormir la nuit ? Aviez-vous des peurs, des cauchemars ou des images récurrentes ?

3) Quels sont vos points forts ? Quelles sont vos qualités les plus remarquables ? Quelles sont les aptitudes qui vous permettent de traverser les périodes difficiles ? Qu’est-ce que les autres admirent chez vous ?

4) Décrivez les traits de personnalité que vous n’avez pas mais que vous admirez et les capacités que vous voyez chez d’autres personnes et pour lesquelles vous éprouvez une profonde admiration et que vous voulez partager avec elles.

5) Notez les aspects de votre personnalité qui vous mettent souvent en difficulté, même dans des situations où tout semble aller pour le mieux. Si vous y réfléchissez bien, ce sont ces aspects qui sont à l’origine de vos conflits avec vos proches, vos collègues de travail, les représentants de l’autorité et vos amis.

6) Pensez à une personne que vous ne tolérez pas, que vous connaissez bien ou que vous avez simplement observée, qui a traversé votre vie. Lorsque vous avez rencontré ou observé cette personne, qu’est-ce qui vous a amené à la détester profondément ? Qu’est-ce qui a déclenché cette réaction d’aversion profonde ? Quels étaient ces aspects de sa personnalité ?

À quoi correspondent ces questions ?

1) La première question est ce que l’on peut appeler votre « masque », celui que vous projetez aux autres, celui qui vous protège. La première impression superficielle, l’image que vous utilisez pour cacher, nier ou camoufler vos plus grandes peurs.

 2) La deuxième question est votre peur. Cette peur est la force derrière votre masque, c’est la façon dont vous pensez que vous pourriez ne pas être aimé(e). C’est votre doute intérieur que vous devez affronter pour être votre vrai moi et non votre masque. Comment niez-vous, évitez-vous ou camouflez-vous cette peur ? Comment gérez-vous cette peur ? Comment cette peur vous pousse-t-elle parfois à vous mettre en difficulté ?

3) La troisième question concerne vos caractéristiques les plus fortes qui sont une source de fausse fierté. Elles vous offrent un faux sentiment de sécurité. Ces caractéristiques n’atténuent jamais vos peurs. Elles ne sont qu’un mécanisme d’adaptation pour garder la peur sous votre contrôle. En général, vous croyez que cette caractéristique est celle qui vous sauvera ou vous aidera à résoudre vos problèmes. Vous vous en servez comme d’une béquille, mais elle ne vous aide jamais à faire ce saut pour vous réaliser et être vous-mêmes. En réalité, c’est votre grande faiblesse.

4) La question quatre représente les caractéristiques que vous n’avez pas mais que vous admirez vraiment chez les autres. Vous avez ces caractéristiques, mais sous la forme de possibilités qui ne se sont pas encore exprimées. Elles sont enfouies au plus profond de vous. C’est l’expression de votre moi le plus authentique, le plus entier, celui que vous voulez devenir. Pour qu’elles s’expriment, vous devez faire un acte de foi, renoncer à vos caractéristiques les plus fortes (3) et affronter vos peurs (2). Si vous ne le faites pas, vous risquez de tomber dans votre côté obscur (6).

5) La cinquième question représente les caractéristiques qui vous mettent en difficulté, qui vous auto-sabotent. C’est la façon dont vous tombez dans vos pièges émotionnels auto-limitants. La racine de vos problèmes avec vous-même et avec les autres. Votre talon d’Achille.

6) La question six est la liste des caractéristiques qui constituent votre côté obscur. Ce que vous n’aimez pas chez les autres est ce que vous n’aimez pas chez vous. Ces caractéristiques négatives résonnent en vous lorsque vous les voyez résonner chez les autres. C’est dans quoi vous pouvez sombrer ou être votre pire version si vous vous accrochez à vos caractéristiques les plus fortes (3) et ne prenez pas le risque de changer. Si vous vivez sous un masque (1) nourri par vos peurs (2), vous devenez ce que vous détestez et tombez inévitablement dans votre côté obscur (6).

Prédiction et émotion.

La principale fonction de votre cerveau, pour survivre, est de prédire. N’oubliez pas que ces prédictions sont toujours une interprétation cérébrale de la réalité. Une interprétation imaginée, anticipée de ce qui pourrait arriver. La peau, les yeux, les oreilles, le nez et les autres sens sont limités à la collecte de données en temps réel. Vous ne voyez pas plus loin que votre nez, mais quoi qu’il arrive dans l’instant, l’imagination de votre cerveau évaluera les probabilitésd’un danger réel – et préparera votre corps à faire face à la situation – ou d’une menace théorique. Cette prédiction, bonne ou mauvaise, produit une série de modifications physiques et mentales que vous percevez. Souvent, ces prédictions ne sont que des émotions. Bien que votre tête soit robuste et protège votre moi intérieur, ce moi intérieur, votre cerveau, est très sensible à ce que l’on vous dit – votre culture, votre contexte – et à ce que vous vous dites à vous-même – votre dialogue interne, votre récit. En d’autres termes, outre les expériences que vous vivez, votre culture a également un impact considérable sur la structure et le fonctionnement de votre cerveau. Dans notre formule des émotions, la culture est celle qui influence le contexte pour avoir un impact sur ce que vous ressentez et comment vous le ressentez. Rappelons à nouveau notre formule des émotions : Émotion = Intéroception (interprétations par les zones intéroceptives de vos états de plaisir faible/élevé et d’énergie faible/élevée) + Expériences passées + Contexte (culture). Les progrès des neurosciences concernent non seulement la compréhension de la chimie neuronale, mais surtout la manière dont les neurones reçoivent et traitent l’information et construisent avec elle la connaissance qui permet d’évaluer la probabilité d’un événement avant qu’il ne soit confirmé ou infirmé par les sens. En d’autres termes, il ne s’agit pas seulement du contenu concret de l’information, mais aussi de son traitement. Votre système nerveux est un formidable réseau d’acquisition de connaissances par l’apprentissage. Cet apprentissage n’est pas infaillible. Il n’est pas garanti par ses molécules, ni empêché par leurs déficits ou leurs excès. Il dépend non seulement de molécules chimiques, mais aussi des données disponibles et de la manière dont elles sont traitées pour prédire, anticiper et corriger les erreurs. Estanislao Bachrach considère le cerveau comme un génie de la tromperie. Il crée des expériences et dirige des actions comme un magicien, sans jamais révéler comment il procède et en vous faisant croire à tort que ce qu’il produit – vos expériences quotidiennes – révèle votre fonctionnement interne. La joie, la peur, la tristesse, la colère semblent si distinctes et sont si claires que vous supposez qu’elles sont séparées en vous. Mais ce n’est pas le cas. Les émotions font partie de votre « être biologique », cérébral et corporel, mais pas parce qu’elles ont un cerveau et un corps, ni parce qu’elles ont des circuits neuronaux exclusifs pour chacun d’entre eux. Vous éprouvez des émotions sans effort conscient, mais cela ne signifie pas que vous êtes un récepteur passif de ces expériences. Vous percevez des émotions sans instruction formelle, mais cela ne signifie pas qu’elles sont innées. Ce qui est inné, c’est que vous et moi utilisons des concepts pour construire notre réalité sociale, et c’est notre réalité sociale qui branche notre cerveau. Vous êtes un ensemble de forces internes, spécialisées et sculptées par l’évolution, qui tentent de contrôler vos actions. Votre esprit, vos pensées et vos émotions sont sans aucun doute le produit de l’évolution, mais ils ne sont pas sculptés par vos seuls gènes. N’oubliez pas que la formation du cerveau est également influencée par vos expériences passées et votre culture. Votre cerveau est fait de réseaux neuronaux, mais ce n’est qu’un des facteurs de la croissance de l’esprit humain. Votre esprit n’est pas un champ de bataille entre des forces internes opposées, la passion et la raison, qui déterminent dans quelle mesure vous êtes responsable de vos comportements. Votre esprit est un moment de calcul des prédictions constantes de votre cerveau. Votre cerveau prédit à l’aide de ses concepts, et bien que certains scientifiques débattent de la question de savoir si ces concepts sont innés ou appris, il est incontestable que vous en apprenez un grand nombre au fur et à mesure que votre cerveau s’imprègne de ce qui se passe physiquement et socialement autour de vous. En bref, le cerveau humain évolue dans le contexte de la culture humaine pour créer différents types d’esprits. Par exemple, les Occidentaux ont tendance à considérer que les pensées et les émotions sont différentes et souvent contradictoires, alors que les personnes guidées par la philosophie bouddhiste ne font aucune distinction entre la pensée et le sentiment. Aujourd’hui nous avons atteint un moment de notre histoire où nous naviguons, pour la plupart, sans direction. C’est le moment où votre priorité est de savoir qui vous êtes vraiment. Au cours de ce voyage, vos émotions sont la grande boussole qui vous mènera à destination. Compte tenu de la rapidité croissante des changements dus à la technologie et à la mondialisation, il est essentiel pour votre évolution en tant que personne de savoir comment vous allez faire face à la nouveauté et à l’inconnu. Il est probable que vous êtes convaincu que, parce que vous avez et ressentez des émotions, vous en savez beaucoup sur ces émotions et leur fonctionnement. Dans le domaine des émotions, comme dans tant d’autres domaines, la familiarité n’est pas synonyme d’expertise. Vous avez des poumons, mais cela ne fait pas de vous un expert en la matière, vous laissez cela au pneumologue. Honnêtement, la science en sait relativement peu sur les émotions et, pire encore, nous pensons en savoir plus qu’il n’en faut.

De nombreux éléments indiquent aujourd’hui que les émotions dépendent de multiples ensembles de zones, déjà appelées réseaux intéroceptifs, réparties dans tout le cerveau. Cela soulève une question centrale pour les neurosciences : comment le cerveau crée-t-il des représentations internes du monde extérieur et les traduit-il ensuite en pensées, émotions et actions ? Comment les neurones décodent-ils les informations représentées par un autre ensemble de neurones pour organiser et exprimer ces pensées, émotions et actions ? Trois zones distinctes et fortement interconnectées de votre cerveau vous permettent de passer de la pensée à l’action et aux sentiments.

Une « première » zone, le cortex préfrontal, est celle qui pense et construit une nouvelle connexion synaptique chaque fois que vous apprenez quelque chose de nouveau. Elle vous permet également d’acquérir toutes les informations provenant de votre environnement et de votre contexte. Ainsi, lorsque vous commencez à apprendre dans votre vie, vous ajoutez de nouveaux circuits qui sont représentés dans votre cerveau, dans la fameuse matière grise – qui a, bien sûr, trois dimensions. C’est de la matière. Maintenant, non seulement vous apprenez ces informations, mais vous pouvez aussi appliquer ces connaissances, les personnaliser et les démontrer. C’est dans ce dernier cas que l’on dit que l’on acquiert une nouvelle expérience. Ces expériences enrichissent votre cerveau car, lorsque vous êtes en plein dedans, tout ce que vous voyez, sentez, ressentez, entendez, goûtez, c’est-à-dire les informations recueillies par vos sens dans l’environnement, envoie une myriade de signaux à votre cerveau, provoquant une cascade de neurones qui se réorganisent pour refléter cet événement. Ces neurones réorganisés commencent à représenter ce qui se passe et produisent différents neurotransmetteurs et substances chimiques qui envoient des signaux au reste du corps.

Lorsque cela vous arrive, une « deuxième » zone est activée. Le cerveau limbique ou émotionnel. Au moment où vous commencez à modifier votre comportement en fonction de la nouvelle expérience, vous informez émotionnellement votre corps de ce que vous avez compris intellectuellement. Les deux cerveaux travaillent ensemble. L’esprit et le corps fonctionnent simultanément. C’est maintenant que vous incarnez la connaissance, que vous la mettez dans votre corps. Cependant, pour que votre esprit et votre corps mémorisent neuro-chimiquement cette expérience, vous devez la répéter et la répéter encore. Lorsque cela se produit, nous pouvons dire que votre corps en sait autant que votre esprit. Vous le ressentez. Vos pensées et vos émotions s’alignent sur un concept.

C’est là qu’une « troisième » zone est activée, le cervelet. C’est un centre de la mémoire, et vous n’avez plus besoin d’y penser.

Pour beaucoup d’auteurs, pour changer, il faut passer de la pensée au comportement, au sentiment. En d’autres termes, ce sont vos pensées câblées, vos comportements habituels et vos émotions mémorisées qui déterminent qui vous êtes. Pour certains auteurs, dans votre présent, votre aujourd’hui, vous n’êtes pas vos désirs, vos intentions ou ce que vous voulez, mais ce que vous avez été, votre passé. Exemple : vous lisez ces pages. Il s’agit d’informations qui sont en partie stockées dans votre cerveau pensant. Si vous commencez à relire les informations contenues dans cette publication, vous commencez à penser aux faits et aux expériences que je vous raconte. Ce que vous mémorisez dans votre tête fait que certains neurones commencent à se relier entre eux pendant une période plus longue ; c’est ce que l’on appelle des neurones qui câblent ensemble. Chaque fois que vous vous rappelez et revoyez les informations que vous avez apprises, vous renforcez ces circuits.

Alors, si pour certains auteurs, vous êtes (présent) ce que vous avez été (passé), le défi est le suivant : comment rendre vos comportements cohérents avec ce que vous voulez maintenant et non avec ce que vous avez été ? Comment faire en sorte que vos actions correspondent à vos nouvelles pensées ? Dès que vous commencez à penser différemment, vous forcez votre cerveau à s’installer dans des séquences, des combinaisons et des circuits originaux. Vous faites fonctionner votre cerveau différemment, c’est-à-dire que vous créez un nouvel esprit. Si vous répétez cela plusieurs fois, vous vous adaptez et vous faites avancer votre cerveau – en créant de nouvelles connexions – jusqu’à l’expérience réelle. En d’autres termes, lorsque l’expérience se produira, vous disposerez déjà de certains circuits à utiliser. En bref, si vous commencez à répéter les nouveaux circuits et cessez d’utiliser les anciens, ces derniers cesseront de se connecter. Vous mettez les circuits – le produit de vos nouvelles pensées – en place avant que l’expérience ne se produise. Vous créez un nouveau matériel neurologique. Selon ces théories, vous programmez votre corps pour qu’il fasse l’expérience d’une situation future avant qu’elle ne se produise. De cette manière, votre corps ne vit plus dans le présent ou dans le passé, mais dans le futur, mais dans un futur basé sur une construction du passé. Dans ce cas, le corps ne sait pas distinguer la situation réelle de la situation imaginée. Comme vous pensez que cette situation imaginée est la plus susceptible de vous arriver dans la vie, votre corps s’y prépare. Et il commence à en faire l’expérience de manière très réelle. Ainsi, au lieu de vous énerver face à une situation stressante que vous avez peur de vivre à l’avenir, sur la base de votre expérience passée, vous pouvez vous concentrer sur une nouvelle expérience souhaitée que vous n’avez pas encore ressentie sur le plan émotionnel. Il s’agirait de vous autoriser à vivre maintenant dans ce nouveau futur possible, jusqu’à ce que votre corps accepte ou croie qu’il ressent les émotions que la situation produira pour vous dans le présent. Votre cerveau est l’organe du changement. Le concept de neuroplasticité a montré que votre cerveau s’altère et se modifie chaque fois que vous apprenez quelque chose de nouveau. Il se modifie également lorsque vous vivez une nouvelle expérience. Mais vos neurones se réorganisent également lorsque vous décidez de changer de comportement pour mieux vivre. En d’autres termes, lorsque vous changez votre esprit – vos pensées et vos émotions – vous changez votre cerveau. Et lorsque votre cerveau change, votre esprit change. Votre esprit est le produit de l’activité cérébrale dans votre vie. Vous pouvez faire fonctionner votre cerveau différemment parce que vous pouvez l’influencer par vos pensées pour qu’il se déclenche selon des schémas, des séquences et des combinaisons très différents qui produisent, à leur tour, des états d’esprit différents. C’est en fait votre état de conscience qui utilise votre cerveau et votre corps pour produire différents niveaux et états d’esprit. En d’autres termes, ce n’est que lorsque vous devenez plus conscient et plus attentif – la conscience de soi – que vous pouvez apporter des changements mesurables à votre identité et à la manière dont vous contrôlez votre vie. Dans le cadre des recherches menées par le Dr Vinoth Ranganathan, un groupe de personnes a été invité à exercer ses doigts avec un poids pendant quatre semaines, à raison d’une heure par jour, et conséquemment leurs muscles ont augmenté de 30 %. Le second groupe n’a jamais bougé un doigt. Ils se sont entraînés pendant la même durée, mais uniquement mentalement, et leur masse musculaire a augmenté de 22 % sans activité physique ! On peut donc supposer que le corps et le cerveau changent avant l’expérience réelle. Des changements physiques qui se produisent par le biais de vos pensées, intentions et méditations, sont également connues sous le nom de visualisations. Nous pourrions dire que dans votre tête, les neurones travaillent pour que vos rêves, vos pensées, vos peurs, vos habitudes, vos compétences, vos fantasmes, vos souvenirs, vos joies créent ce que vous appelez votre « moi ». Le tout sur une carte de près de cent milliards de neurones interconnectés. La moindre information que vous acquérez modifiera cette géographie neuronale, modifiant, ne serait-ce que légèrement, ce que vous êtes. Même les images que vous créez dans votre esprit laissent dans votre cerveau des traces qui font partie de votre identité unique et non reproductible. Vous êtes sans aucun doute une construction permanente de vous-mêmes.

Propriétés des émotions.

À ce jour en neurosciences, les propriétés des émotions sont les caractéristiques que l’on recherche dans le cerveau pour découvrir les états émotionnels présumés. Les émotions sont presque toujours considérées comme des états d’une personne. Nous disons, par exemple, que vous êtes dans un état de joie parce que votre équipe de sport préféré a gagné, de tristesse parce que votre partenaire vous a quitté, ou de peur parce qu’un chien menaçant aboie après vous.  Les neuroscientifiques s’intéressent principalement à la manière dont l’architecture fonctionnelle d’une émotion est mise en œuvre dans votre système nerveux, et donc aux indices ou données qu’ils peuvent obtenir sur cette architecture fonctionnelle de votre système nerveux. Ces moments, états ou instants d’émotion ont évolué au fil du temps. Cette évolution s’est produite afin que vous puissiez faire face aux défis environnementaux récurrents pour lesquels votre cerveau devait répondre à des exigences particulières en matière de calcul. Pour ces derniers, les émotions peuvent être classées comme des propriétés fonctionnelles particulières permettant de produire une réponse adaptative et efficace à de tels changements. Par exemple, certains dangers de l’époque nécessitaient une série rapide de réponses émotionnelles coordonnées pour éviter ces menaces. Pour la plupart des scientifiques, les émotions se situent dans une zone intermédiaire entre les actions réflexes ou instinctives (comme lorsqu’on reçoit un coup de marteau dans le genou et que la jambe se soulève automatiquement) et les actions délibérées de notre cognition (pensées). Cependant, les réflexes et la pensée, sont recrutées lors d’une réponse émotionnelle. Par exemple, lors d’un état émotionnel de peur, je m’enfuis (action réflexe), mais je peux aussi réfléchir à ce qu’il faut faire face à la situation qui me fait peur. Parmi les propriétés d’une émotion, on peut distinguer des éléments de base que toutes les émotions partagent ou des propriétés que toutes les émotions ne partagent pas. Les propriétés peuvent être utilisées pour caractériser un état émotionnel particulier et servir à le distinguer d’autres états émotionnels, mais aussi de comportements qui nécessitent une réflexion plus approfondie. Certains états émotionnels ont une plus grande valence (sont plus ou moins agréables) que d’autres, persistent plus longtemps ou jouent un rôle dans la communication sociale. Ces propriétés peuvent être considérées comme des dimensions dans lesquelles une même émotion peut varier. Cela donne lieu au concept très intéressant et très simple d’espace dimensionnel. Dans cet espace, différents états émotionnels ou émotions peuvent être mis en relation les uns avec les autres comme étant plus ou moins similaires. Par exemple, la rage et l’euphorie peuvent être très similaires au niveau de l’énergie ou de l’activation qu’elles produisent, mais n’avoir rien à voir l’une avec l’autre au niveau du plaisir. La question clé pour les scientifiques est de savoir quelles dimensions utiliser pour comparer les similitudes ou les différences entre les émotions.

1) L’intensité d’un état émotionnel varie et ces changements peuvent également modifier les comportements, par exemple la transition qui se produit lorsque vous avez peur, entre se cacher et s’enfuir. Nous pourrions dire que votre peur a augmenté en intensité. Par exemple… de 1 à 10, à quel point êtes-vous heureux en ce moment ?

2) la valence correspond, selon de nombreux scientifiques, à une dimension liée à la description que vous faites de votre expérience consciente de ce qui vous arrive, de quelque chose que vous ressentez comme désagréable à quelque chose d’agréable ou de très agréable. La valence serait un élément de base commun à toutes les émotions. Tous les stimuli peuvent être évalués comme agréables ou désagréables, positifs ou négatifs, de manière à s’en rapprocher ou à s’en éloigner. Par exemple, en général, on peut dire que la dépression a une faible valence et la joie une forte valence.

3. La persistance. Un état émotionnel dure plus ou moins longtemps et ce laps de temps vous donne l’occasion d’intégrer des informations sensorielles – par l’intermédiaire de vos sens – provenant de sources multiples et susceptibles d’influencer vos pensées et vos comportements. En général, les émotions persistent de quelques secondes à quelques minutes. Les états émotionnels qui persistent pendant des heures, des jours ou même plus longtemps sont souvent appelés « humeurs ». Cette propriété est très importante pour la prise de décision. Il existe de nombreux modèles scientifiques et informatiques qui décrivent comment l’accumulation de preuves sensorielles aboutit à un choix ou à une décision particulière. La plus connue est celle du chercheur Roger Ratcliff : si vous êtes assis dans le noir dans une ruelle inconnue et que vous commencez à entendre et à sentir ce qui se passe autour de vous, sans changer d’environnement, ce n’est qu’une question de temps avant que vous ne soyez effrayé au point de vous cacher ou de vous enfuir. C’est votre cerveau qui accumule les informations sensorielles qui vous informent des dangers potentiels. Ce modèle est très puissant pour expliquer un grand nombre de vos décisions dans la vie. Si les indices sensoriels sont faibles, par exemple très peu de bruit dans la ruelle, il est très probable que votre décision – de fuir – sera lente. Cela est dû au fait que votre seuil de décision n’a pas accumulé suffisamment de preuves sensorielles. Mais si votre seuil est trop bas – et nous sommes tous différents à cet égard – vous risquez de prendre une décision trop rapide. C’est ce que l’on appelle un faux positif. Vous avez fui alors qu’il n’y avait pas de danger. D’autre part, la persistance d’une émotion peut être vue comme quelque chose qui se désintègre avec le temps. Les choses se compliquent lorsque l’on confond la persistance avec la mémoire d’une émotion. En d’autres termes, votre degré de tristesse dépendra beaucoup de la mesure dans laquelle vous vous souvenez de ce que c’est que d’être triste et de ce qui vous a rendu triste en premier lieu – ce que nous définissons comme vos expériences passées. Des expériences menées par l’équipe du Dr Daniel Tranel ont montré, avec des patients amnésiques, que la persistance d’une émotion n’est pas seulement une conséquence de la capacité consciente à se souvenir de ce que l’on ressent. Les émotions ont une persistance intrinsèque, et cette persistance a un rôle fonctionnel dans leur capacité à intégrer les informations sensorielles sur une certaine période de temps, afin d’influencer la façon dont vous pensez et vous comportez – et d’autres émotions – sur une certaine période de temps. Ce que l’on peut traduire par l’impermanence des émotions.

4) La généralisation. Les émotions peuvent se généraliser à certains stimuli et comportements, et cela dépend en grande partie de votre apprentissage. En d’autres termes, de nombreux stimuli ont tendance à être associés à un état émotionnel particulier, qui entraîne des comportements différents, en fonction du contexte. Par exemple, chaque fois que le bus ne s’arrête pas à l’arrêt (stimulus), vous avez tendance à vous mettre en colère (émotion) et à jurer à haute voix (comportement). Mais si la même chose vous arrive pendant vos vacances à la plage (contexte différent mais même stimulus), vous respirez profondément et vous riez (autre comportement). La généralisation est la propriété la moins bien comprise ; cependant, de nombreux scientifiques utilisent souvent « l’effet de contexte » pour expliquer cette propriété. On suppose qu’il existe un très petit nombre de stimuli dont les propriétés sensorielles provoquent toujours la même émotion. Mais ces effets peuvent être modulés par le contexte dans lequel ils se produisent. En revanche, les effets dits de contexte deviennent si complexes que votre cognition – ce que vous pensez au moment où ce stimulus se produit et votre expérience passée de ce stimulus dans ce contexte particulier – est susceptible d’être incorporée ici. Les propriétés de persistance et de généralisation sont à la base de la grande flexibilité des différents états émotionnels.

5) La coordination globale. La généralisation est la caractéristique la plus étendue d’un état émotionnel qui orchestre un réseau très dense et causal d’effets dans le corps et le cerveau. En d’autres termes, lorsque vous ressentez quelque chose, l’ensemble de votre organisme est impliqué. Tout peut changer dans le fonctionnement de vos tissus et de vos organes lorsque vous ressentez une émotion ou une autre. Elle peut même activer ou désactiver des gènes. Les émotions influencent non seulement vos pensées et vos comportements, mais aussi votre système endocrinien et vos réponses autonomes (modification de la tension artérielle, influence sur la digestion, modification des hormones, etc.) Il est probable que cette implication globale de votre organisme dans vos états émotionnels soit due aux grands défis environnementaux que nous avons dû relever en tant qu’espèce. Pour que cela fonctionne bien, de manière adaptative, il faut une coordination fabuleuse. La manière dont cette coordination est répartie dans les composants neuronaux reste un mystère. Et c’est ce mystère qu’il faudra élucider, ou du moins partiellement, si nous voulons concevoir des robots émotionnels.

6) L’automaticité. Comme cela a été démontré à de multiples reprises, la cognition humaine semble présenter au moins deux caractéristiques très différentes, décrites par le lauréat du prix Nobel Daniel Kahneman comme la « pensée rapide » et la « pensée lente ». Ces deux systèmes sont représentés par un schéma à double processus. Le système 1 est plus automatique : heuristique, rapide, sans effort, non conscient, implicite, intuitif et fonctionne en parallèle ; et le système 2 est plus contrôlé : systématique, plus lent, exigeant des efforts, conscient, rationnel, explicite, analytique et fonctionne en série. Le système 1 est souvent considéré par certains auteurs, voire identifié, comme émotionnel. Les états émotionnels possèdent une certaine automaticité. Une propriété qu’ils partagent, mais dans une moindre mesure, avec les réflexes. En général, il faut faire un effort pour qu’une émotion n’exerce pas une réponse automatique à certaines situations. Par exemple, il faut se contrôler pour ne pas rire en regardant son patron se ridiculiser dans une présentation ennuyeuse. La propriété d’automaticité des émotions peut être considérée comme un interrupteur, c’est-à-dire lorsque la réponse à une situation particulière doit être hiérarchisée. Si un camion vient vers vous par l’avant, vous ne vous demandez pas s’il va s’arrêter ou non : vous courez sur le côté et c’est tout. Cela indiquerait donc que vos émotions ont une plus grande priorité dans le contrôle de votre comportement que les décisions délibérées et conscientes, ce qui explique pourquoi vous devez faire des efforts pour les réguler.

7) La communication sociale. En prenant le pas sur les décisions délibérées et conscientes (pensées) dans le contrôle du comportement, les états émotionnels semblent être préadaptés pour servir la communication sociale. En d’autres termes, ils peuvent fonctionner comme des signaux honnêtes permettant de prédire le comportement d’un autre animal ou d’une autre personne. Non seulement entre les mêmes espèces, mais aussi dans la relation proie-prédateur. La communication sociale serait un exemple clair d’une propriété des états émotionnels qui n’est pas un élément de base. Par exemple, un même état émotionnel peut jouer un rôle fonctionnel dans la communication sociale dans certaines circonstances seulement, mais pas dans d’autres. Se sentir en colère contre ses parents peut être perçu comme un signe de désaccord avec la décision qu’ils ont prise pour soi, mais le même état avec un collègue de travail peut être le signe d’une volonté de lui faire du tort. En général, c’est à travers l’étude des expressions faciales que l’on étudie les émotions et leur rôle ou leur propriété dans les signaux de communication.

Émotion et apprentissage.

Une autre propriété des émotions est leur capacité à influencer l’apprentissage, qui est un phénomène dynamique dépendant du contexte social. En effet, vos émotions font partie de la manière, du contenu, du moment et de la raison pour lesquels vous pensez, vous vous souvenez et vous apprenez. Ces dernières années, les scientifiques ont fait de grands progrès dans la compréhension de la manière dont vos émotions influencent votre façon de penser et d’apprendre. Il a été démontré que vos émotions et vos processus cognitifs sont soutenus par des processus neuronaux totalement interdépendants. Les deux sont nécessaires pour que vous puissiez apprendre. Il est littéralement impossible de développer sa mémoire, de prendre des décisions importantes ou d’avoir des pensées complexes sans l’intervention de ses émotions. C’est tout à fait logique pour la biologie, puisque le cerveau est un organe métaboliquement coûteux, et pour l’évolution, il serait absurde de dépenser autant d’énergie et d’oxygène à penser à des choses qui ne sont pas pertinentes pour soi. L’idée qu’en raison d’un problème énergétique, vous avez une plus grande capacité à réfléchir en profondeur uniquement sur les choses qui comptent et vous intéressent a de grandes implications pour l’éducation. Par exemple, vous pouvez vous demander quand et comment vous apprenez de manière significative, au lieu d’avaler des concepts et des algorithmes par cœur, souvent sans être capable de les relier ou de les utiliser. Vous pouvez également réfléchir à la manière dont la technologie, la culture et vos relations sociales façonnent votre apprentissage. Dans le domaine de l’apprentissage, il existe des émotions sociales, telles que l’amour, qui vous motivent, par exemple, à vous lier à quelqu’un, à avoir des enfants et à vous en occuper. Parce que votre cerveau est plastique, vous pouvez aussi être curieux d’explorer, de découvrir et de ressentir de l’admiration qui vous stimule à imiter les vertus des autres. Ces émotions intellectuelles, sociales et complexes font partie de votre comportement subjectif et de vos réactions mentales face à des situations et des concepts de toutes sortes. Des réactions qui peuvent avoir un impact sur le corps – l’augmentation du rythme cardiaque – et sur l’esprit par le biais de différents modes de pensée. Le fait de ressentir ces émotions permet d’organiser son être moral et social, d’imiter des modèles, d’aider ceux qui en ont besoin ou de punir ceux qui, selon soi, le méritent. Ces émotions complexes sont également à la base de votre créativité et des décisions que vous prenez. Aujourd’hui, une gestion efficace de la vie ne concerne pas seulement votre survie physique, mais aussi votre vie sociale et intellectuelle. L’intérêt, l’inspiration, l’admiration et la compassion appartiennent à ce que vous pensez du monde à un moment donné, interprété à travers vos expériences passées et dans votre futur imaginé. Ces émotions, tout comme vos pensées, se développent au fil de votre apprentissage de la vie, de votre maturité et de votre expérience.

Émotion et prise de décision.

Une autre propriété essentielle des émotions pour votre vie et votre bien-être est leur pouvoir dans la prise de décision. Des études comportementales et recherches neurobiologiques ont développé l’argument de base suivant sur la manière dont vous prenez des décisions : les actions basées sur vos décisions qui seraient optimales d’un point de vue mathématique sont, en général, impossibles à réaliser. Le besoin de calcul de votre cerveau nécessaire pour y parvenir est plus difficile à satisfaire que n’importe quelle situation réaliste. C’est pourquoi, pour prendre des décisions, votre cerveau utilise ce que l’on appelle des approches heuristiques. Votre cerveau utilise ces approches pour vos défis personnels, mais aussi pour les décisions environnementales, sociales et culturelles récurrentes. Du point de vue de ces décisions computationnelles et heuristiques, les émotions sont souvent considérées comme des algorithmes de survie. Ce cadre conceptuel propose qu’il existe différentes catégories d’émotions conçues pour faire face à des défis spécifiques (peur, dégoût, colère, etc.). Les approches heuristiques sont une sorte de règle que vous suivez inconsciemment pour recadrer un défi ou un problème complexe en un problème plus simple qui peut être résolu facilement et presque automatiquement. Il s’agit d’une sorte d’astuce mentale qui guide votre prise de décision vers des chemins de pensée plus faciles. L’équipe d’Edward Saunders fournit un exemple classique de décisions heuristiques. Lorsque vous devez voter, vous êtes censé réfléchir profondément à diverses questions (environnement, politique d’égalité des sexes, économie, propositions anti-corruption, etc.) et les réponses possibles sont limitées : s’abstenir, voter blanc, invalider son vote ou voter pour un candidat. Cependant, choisir pour qui voter en fonction des différents critères et paramètres qui apparaissent dans les programmes électoraux est une tâche très difficile. Je dirais même si difficile que personne ne le fait. Pour cela, il est possible qu’une décision heuristique consiste à se demander, presque sans s’en rendre compte : quel est le parti composé du plus grand nombre d’homme politique que j’aime le plus ? Ici, « je les aime le plus » est lié à une ou plusieurs émotions. Le problème complexe de savoir pour qui voter est simplifié à une échelle d’évaluation qui peut être exprimée de 0 (je n’aime personne) à 10 (j’aime tout le monde) et dont la réponse ne reposera que sur des impressions subjectives. Ce processus heuristique de prise de décision vous permet de répondre rapidement et confortablement à une question complexe. Votre cerveau abandonne ainsi la prétention de consacrer du temps et des ressources à la recherche de la réponse la plus exacte. Ces raccourcis sont une sorte de moindre mal que vous utilisez face à l’impossibilité de traiter chaque problème qui doit être abordé, théoriquement, par votre mode de pensée rationnel. Il est évident que les conséquences d’être guidé par ces processus heuristiques ne sont pas toujours positives. Pour les neurosciences, la prise de décision et la résolution de problèmes par des approches heuristiques adaptatives font appel à différents mécanismes. Des réponses basées sur l’habitude – quand c’est l’heure de déjeuner, je mange sans me demander si j’ai faim – aux réponses orientées vers un but qui nécessitent d’autres mécanismes plus complexes. Par exemple, les gens en général ont des biais importants lorsqu’ils prennent des décisions impliquant un certain risque, et ces biais sont fortement influencés par leur humeur. Certaines personnes sont plus optimistes et d’autres plus pessimistes, ce qui biaise leurs attentes quant aux résultats de leurs décisions.

Vous ne vous en rendez peut-être pas compte, mais pour savoir ce que vous savez et ressentez, vous utilisez des concepts et des catégories. Vous mettez des mots sur les choses, mais aussi sur les émotions.

Concept, catégorie, émotion.

Les émotions ne sont pas des choses qui vous arrivent mais plutôt quelque chose que votre cerveau construit et conçoit. Tous les cerveaux évoluent dans le but de réguler les systèmes et les organes du corps. Mais chaque cerveau doit décider comment et où il investit ses ressources. Votre cerveau passe son temps à réguler et à prédire le type de sensations que vous éprouverez en provenance de votre corps et la quantité d’énergie que ces sensations vous feront dépenser. Lorsque vos sensations sont intenses, c’est parce que vous utilisez des concepts avec des noms d’émotions pour donner un sens à toutes ces informations internes. Vous seriez en quelque sorte le bâtisseur de vos émotions à l’aide de concepts. Les concepts que vous construisez sur la base de vos émotions avec des noms d’émotions sont ce que vous savez de l’émotion. Ce n’est pas nécessairement ce que vous pouvez décrire, mais ce que votre cerveau sait et les sensations qui découlent de cette connaissance. Par exemple, lorsque vous cuisinez, votre cerveau sait comment faire beaucoup de choses automatiquement, mais vous n’avez pas besoin de les formuler, ni même d’être conscient que vous cuisinez bien. Lorsque vous connaissez le concept lié à une émotion, vous pouvez ressentir cette émotion. Par exemple, vous pouvez ressentir et dire que vous êtes triste. Vous apprenez ces concepts dès votre plus jeune âge, probablement grâce à vos parents. Ils ne vous ont pas appris à ressentir des émotions. Quand vous étiez bébé, vous ressentiez de la nervosité, du plaisir ou du calme avec votre système intéroceptif. Mais les émotions dérivées de concepts – comme la colère lorsque quelque chose de grave se produit – ne vous ont pas toujours été enseignées de manière explicite. Et cela ne s’est pas arrêté à l’enfance. Votre cerveau a la capacité de combiner des expériences passées de manière inédite pour créer de nouvelles représentations, pour faire l’expérience de quelque chose de nouveau que vous n’avez jamais vu, entendu ou ressenti auparavant. Par exemple, vous pouvez apprendre à faire la distinction entre l’inconfort et la détresse. En apprenant comment vous construisez vos émotions, vous améliorez votre capacité à les gérer. C’est étonnant, mais votre cerveau utilise votre passé pour construire votre présent et vous pouvez investir de l’énergie pour cultiver de nouvelles expériences dans le présent qui deviendront avec la pratique, automatisées, de sorte que votre cerveau pourra, presque sans effort, construire votre avenir.

Des concepts d’émotions sont principalement intériorisées dans votre enfance, par exemple en entendant votre mère dire « je suis en colère » à maintes reprises dans les situations les plus diverses. En réalité, le mot « colère » contient une population de moments divers regroupés en un seul concept : « en colère ». Le mot vous invite à chercher en vous, à votre insu, les caractéristiques que ces moments ont en commun, même si ces similitudes n’existent que dans votre tête. Une fois le concept établi dans votre système conceptuel, vous pouvez construire ou concevoir des moments de « colère » en présence d’informations sensorielles très variables. Si l’attention est centrée sur vous-même lors de cette catégorisation, vous construisez un moment de colère. Si l’attention se porte sur une autre personne, vous construisez une perception de la colère.

Mais qu’est-ce qu’un système conceptuel ? Il s’agit d’un ensemble organisé de définitions, de symboles et d’autres instruments de votre pensée. Par exemple, les mathématiques, la façon dont la musique est écrite, la logique formelle. Le terme « système » fait référence à des éléments qui sont liés et interagissent les uns avec les autres. Et le concept est ce qui est utilisé pour définir un ensemble d’objets réels dotés d’une organisation. En d’autres termes, nous pouvons étudier les émotions comme un système conceptuel. Vos gènes vous ont donné un cerveau capable de se connecter à son environnement social et physique. Les personnes qui vous entourent, dans votre culture, maintiennent cet environnement avec leurs concepts et vous aident à vivre dans cet environnement en transmettant ces concepts de leur cerveau au vôtre. Plus tard, vous transmettrez ces mêmes concepts à la génération suivante. Par exemple, dans la nature, l’arc-en-ciel n’est pas constitué de bandes de couleur mais d’un spectre continu de lumière allant de 400 à 750 nanomètres. Cependant, vous et moi voyons des bandes de couleur parce que nous avons des concepts mentaux tels que le rouge, le bleu, le violet. Votre cerveau utilise automatiquement ces concepts pour regrouper les longueurs d’onde dans certaines plages du spectre et les classer dans la même couleur. Le cerveau réduit les variations dans chaque catégorie de couleur et amplifie les différences entre les catégories, ce qui fait que l’on voit des bandes de couleurs. Nous pouvons donc définir la conceptualisation comme le processus par lequel vous donnez un sens aux sensations dans votre corps et dans le monde extérieur en utilisant des représentations. Et vous le faites en fonction de vos expériences antérieures et dans un contexte donné. Dans cette perspective, les termes que vous utilisez pour décrire vos émotions sont le groupe de mots qui établit les catégories abstraites de ce que vous vivez et de la manière dont vous le communiquez. Ces mots sont l’essence d’un marqueur de position qui vous aide à avoir une cohérence entre les émotions, les comportements et, la plupart du temps, la corrélation avec vos expressions faciales. En ce sens, le contexte est crucial, car 50 % des mots que vous entendez ne peuvent pas être compris hors contexte, c’est-à-dire présentés de manière isolée. Cependant, grâce à vos concepts, votre cerveau apprend à catégoriser en construisant des phonèmes – les sons de la voix en quelques millisecondes entre toutes les variables possibles d’informations bruyantes – et vous permet de communiquer avec les autres. Tout ce que vous percevez autour de vous est représenté par des concepts dans votre cerveau. Sans concepts, vous feriez l’expérience d’un monde de bruits fluctuants permanents. Vous seriez aveugle et incapable de tirer des leçons de vos expériences. En réalité, votre cerveau fait des prédictions avant que l’information n’arrive afin de combler les détails manquants et de rechercher des régularités dans la mesure du possible. Ce n’est qu’ainsi que vous pouvez faire l’expérience d’un monde d’objets, de personnes, de musique et d’événements, et non de la confusion bruyante qui règne en réalité. Pour ce faire, votre cerveau utilise des concepts qui vous permettent de donner un sens à tous ces signaux, en créant une explication de leur origine, de leur relation avec le monde et de la manière d’agir en conséquence. Vos perceptions sont si vives et immédiates qu’elles vous font croire que vous vivez le monde tel qu’il est, alors qu’en fait vous le vivez selon vos propres constructions. En d’autres termes, une grande partie de ce que vous considérez comme le monde extérieur commence dans votre tête. C’est ce qui se produit lorsque vous établissez des catégories à l’aide de concepts. Ce faisant, vous allez au-delà des informations disponibles.

Les philosophes et les scientifiques définissent une catégorie comme un ensemble d’objets, d’événements ou d’actions qui sont regroupés comme équivalents ou similaires dans un certain but. Les concepts sont les représentations mentales de ces catégories. Traditionnellement, les catégories sont supposées exister dans le monde, tandis que les concepts n’existent que dans votre esprit. Les concepts sont représentés dans votre cerveau comme le meilleur exemple de leur catégorie. C’est ce qu’on appelle les prototypes. Par exemple, le prototype de l’oiseau a des plumes et des ailes et peut voler. Cependant, tous les oiseaux ne possèdent pas ces caractéristiques, comme l’autruche. Il est normal qu’il y ait des variantes du prototype, mais elles ne sont pas nombreuses. La guêpe n’est pas un oiseau, mais elle a des ailes et vole. De ce point de vue, lorsque vous apprenez des catégories, votre cerveau est censé représenter le concept à l’aide d’un seul prototype. Dans le monde de vos émotions, vous semblez n’avoir aucune difficulté à décrire les caractéristiques prototypiques d’une émotion donnée. Si vous demandez à la plupart des Occidentaux quelles sont les caractéristiques prototypiques de la tristesse, ils vous répondront probablement : « froncement de sourcils, posture affaissée, pleurs, abattement, ton de voix monotone, sensation de fatigue ou de mollesse ». Bien que tous les moments de tristesse ne présentent pas chacune de ces caractéristiques, ils correspondent à la description typique. Cela montre que les prototypes pourraient être un bon modèle pour les concepts d’émotion. Tout le monde semble connaître le prototype, mais ce n’est pas nécessairement le cas dans la vie réelle. On peut donc dire que le cerveau a plusieurs moments de chiens, de voitures, d’émotions, ou de tout autre chose et qu’il impose des similitudes entre eux, à un moment donné, en fonction de leur but dans une situation spécifique. Qu’il s’agisse d’une voiture, d’un avion ou d’un tapis volant. Ces concepts basés sur vos objectifs sont très flexibles et s’adaptent à toutes les situations. Dans ces conditions, les concepts ne sont pas fixes, mais très malléables et dépendent du contexte, car vos objectifs peuvent changer dans différentes situations. Lorsque vous catégorisez à l’aide de votre cerveau, vous ne cherchez pas des similitudes dans le monde, mais vous les créez. Lorsque votre cerveau a besoin d’un concept, il le construit dans l’instant, en le mélangeant et en l’associant à une population de moments issus de vos expériences passées pour trouver ce qui correspond le mieux à votre objectif dans une situation donnée. Selon cette approche, les concepts que vous utilisez pour décrire vos émotions sont donc basés sur vos objectifs. Par exemple, les moments de bonheur sont très variables : vous pouvez sourire, sangloter, applaudir, sauter de haut en bas ou même rester immobile de joie.  Vos yeux peuvent être grands ouverts ou rétrécis, votre respiration peut s’accélérer ou se ralentir. Votre cœur peut sembler bondir de votre poitrine ou être totalement détendu. En d’autres termes, cet assortiment d’expériences et de perceptions implique diverses actions et changements internes dans votre corps qui vous font ressentir des sensations différentes, ainsi que des sons, des odeurs et ce que vous voyez. Pour vous, à ce moment précis, tous ces changements physiques sont orientés vers un type d’objectif. Il peut s’agir d’être accepté, de ressentir du plaisir, de trouver un sens à sa vie, de réaliser une ambition ou une aspiration. Votre concept « d’être heureux » à ce moment-là est axé sur cet objectif, et toutes vos expériences passées y contribuent.

En bref, votre cerveau construit un système conceptuel au fur et à mesure qu’il est câblé au cours de la première année de vie. Ce système est responsable des concepts que vous utilisez aujourd’hui pour décrire vos expériences et percevoir vos émotions. Le nouveau-né ne naît pas avec des émotions, mais avec la capacité de comprendre et d’apprendre des modèles, un processus connu sous le nom d’apprentissage statistique. Lorsque vous naissez, vous êtes confronté à un grand nombre de bruits et de signaux provenant du monde extérieur et intérieur. Cette source d’informations sensorielles n’est pas aléatoire, elle présente certaines structures, certaines régularités. Votre cerveau commence à calculer les probabilités que les sons, les odeurs, les touchers, les goûts et les sensations aillent ensemble ou non. À une vitesse incroyable, votre cerveau apprend à classer cette mer de sensations en schémas. Une fois le système conceptuel établi, il n’est plus nécessaire d’appeler une émotion par un mot pour construire un moment d’émotion. Vous pouvez la ressentir et la percevoir même sans avoir de mot pour l’exprimer.  En d’autres termes, vous n’avez pas besoin d’un mot, mais d’un concept. Pour ce faire, le système conceptuel de votre cerveau effectue ce que l’on appelle un mélange conceptuel. Il combine des concepts existants pour créer un nouveau concept d’émotion. Le mélange conceptuel est un outil très puissant de votre cerveau, mais il est moins efficace que l’utilisation d’un mot. En d’autres termes, il est plus efficace de vous dire que j’ai mangé des raviolis hier soir que de vous parler de pâtes farcies au fromage blanc.

En résumé, vous n’avez pas besoin d’un mot pour décrire une émotion afin de la ressentir et de créer un moment d’émotion, mais c’est plus facile quand vous avez un mot. Cependant, les scientifiques débattent encore des mécanismes à l’origine de la combinaison conceptuelle, qui est si incroyable qu’elle permet de créer un nombre potentiellement illimité de nouveaux concepts à partir de concepts existants. Nous pourrions dire que la combinaison conceptuelle et les mots sont le pouvoir dont vous disposez pour créer la réalité.  Selon le Dr Feldman Barret, le fait d’avoir des centaines ou des milliers de concepts pour décrire les émotions nous donne ce qu’elle appelle une granularité émotionnelle élevée, ceux qui ont quelques dizaines de concepts ont une granularité émotionnelle modérée, et ceux qui ont une granularité émotionnelle faible n’ont que quelques concepts sur les émotions. C’est comme si nous distinguions les personnes qui ont une grande, une moyenne ou une petite boîte à outils dans leur cerveau. Cela laisse entendre que nous pouvons apprendre à construire et à intégrer diverses émotions que nous souhaitons ressentir plus souvent dans notre vie quotidienne, telles que, par exemple, la gratitude, la confiance, l’autonomisation, l’estime de soi et la confiance en soi. Que faire pour y parvenir ? Tout d’abord, vous devez visualiser certains événements ou situations, ou générer une série de pensées que vous considérez comme positives. Ensuite, vous devez vous identifier à ces événements, situations ou pensées. S’identifier, c’est comme ressentir ce que l’on veut ressentir. Enfin, répétez les pensées auxquelles vous vous identifiez. De cette façon, votre cerveau aura plus facilement accès à ces sentiments. Par exemple, pour ressentir plus de gratitude, vous pouvez vous exercer en multipliant les moments de gratitude au cours de la journée. Chaque matin, visualisez et pensez aux raisons pour lesquelles vous vous sentez reconnaissant. Plus vous vous entraînerez, plus il vous sera facile de voir le côté positif des choses. Vous pouvez aussi remercier les personnes que vous rencontrez tous les jours de votre vie. Même les personnes que vous n’aimez pas beaucoup. Imaginez leur visage, n’essayez pas de contrôler vos pensées et libérez-vous du ressentiment que vous avez pu éprouver à l’égard de ces personnes. Une autre technique consiste à se concentrer sur un objet de votre maison ou de votre travail qui vous est cher et à imaginer le nombre de personnes et de processus qu’il a fallu pour le construire, le peindre, le sculpter, le livrer, l’expédier, etc. Pensez ensuite aux avantages personnels que vous avez et ressentez grâce à cet objet.

Un exercice pour renforcer, par exemple, votre estime de soi, proposé par le Dr Martin Ross de Chicago, consiste à demander à un nombre de personnes de votre entourage – que vous connaissez et en qui vous avez confiance – de décrire brièvement la valeur ajoutée que vous apportez à leur vie. Pourquoi vous apprécient-elles ? Vous pouvez ensuite construire une histoire résumant ce qu’elles vous ont dit, qui représenterait une sorte de portrait de vous. Ainsi, le fait d’avoir un mot pour désigner une émotion permet de la ressentir plus fortement. Ce n’est pas seulement votre culture, votre contexte, ce que votre cerveau perçoit de ce qui se passe dans votre corps – votre perception – qui crée vos émotions, mais aussi vos pensées, vos mots et les concepts que vous avez appris tout au long de votre vie – votre granularité émotionnelle. Ces derniers ont un impact sur ce que vous ressentez chaque jour, chaque nuit. De plus, selon plusieurs études d’Oxford, les mots ont un goût, et le simple fait de parler peut déclencher des sensations dans la bouche et dans les tripes. Les tons plus aigus donnent une impression de douceur ou d’aigreur, et les tons plus graves une impression de salinité. Cela montre que la communication est un processus multisensoriel.   

Lire la suite Mieux vivre émotionnellementQu’est-ce qu’une émotion ?


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